Si Nikola Karabatic a réintégré l'équipe de Montpellier et a rejoint les Bleus après la levée de son contrôle judiciaire, Libération pointe dans son édition du jour le rôle central qu'aurait joué sa compagne, Géraldine Pillet.
Le quotidien, qui s'est procuré les PV d'audition, révèle ainsi comment la jeune femme, cadre à l'hôtel Méridien de Paris et précédemment mise en cause, serait au coeur de l'histoire des paris suspects sur fond de match truqué qui touche le club de handball de Montpellier. Mais si la jeune femme n'a rien dit devant les enquêteurs, gardant le silence, Jeny Priez, compagne de Luka Karabatic, frère de, aurait pour sa part été beaucoup plus loquace avant, finalement, de se taire sur les conseils de son avocat.
Jeny Priez cernée
Jeny Priez, animatrice sur NRJ 12 et suspendue depuis, est soupçonnée d'avoir parié, le 12 mai dernier, 4 500 euros sur la défaite à la mi-temps de Montpellier face à Cesson-Sévigné, à la demande de Luka Karabatic. "Je sais que je suis là pour un pari bête et stupide", aurait-elle ainsi avoué aux policiers en garde à vue. "[Luka] n'était pas avec moi quand j'ai parié, mais il n'était pas loin", poursuit-elle, d'après Libération. Son homme, blessé, ne participait pas au match et l'avait pour l'occasion rejointe à Paris où il lui "a demandé de parier sur le match qui était selon lui perdu d'avance". Pour ce faire, il lui remet 4 500 euros en cash à son domicile.
Lorsqu'on lui demande pourquoi Luka Karabatic n'a pas pris le pari en son nom, Jeny Priez explique : "J'imagine que c'est parce qu'il fait partie de l'équipe, je ne sais pas moi. [...] Il ne voulait pas que quelqu'un le juge en le voyant faire quelque chose comme ça." Devant la pression des policiers, l'animatrice aurait fini toutefois par reconnaître : "Je ne suis pas bête, s'il me demande d'aller parier pour lui, je me doute que c'est parce qu'il ne peut pas le faire lui-même." Mais Jeny Priez se trompe. Luka Karabatic va miser 3 900 euros au Tabac des Pyrénées, situés quelques rues plus loin. Et là encore, la jeune femme croit avoir une explication. "Le bureau de tabac dans lequel il a joué est tenu par des Asiatiques qui ne parlent pas bien le français, donc il pensait avoir moins de risques et savait sans doute que plus tôt on joue, mieux c'est, parce que la cote baisse", aurait-elle ajouté avant de nier l'existence d'un système mis en place de concert avec les autres personnes mises en cause.
Une fois de plus, Jeny Priez va se retrouver confrontée à ses propres contradictions. Grâce aux écoutes téléphoniques, dont RTL s'était procuré une partie, les enquêteurs la mettent face à ses responsabilités, citant un coup de fil passé à sa mère : "Vous affirmez que si les femmes des joueurs avaient joué, c'est simplement pour 'niquer le système' et qu'il n'y a 'pas mort d'homme'. Vous ajoutez même qu'il ne faut pas avoir de remords, car ce n'est que la FDJ, et ce n'est pas grave. Convenez-vous qu'il s'agit d'aveux à demi-mots ?" Ce à quoi Jeny Priez répond : "Ça avait pris une telle ampleur que j'ai dit qu'il n'y avait pas mort d'homme."
La compagne de Nikola Karabatic instigatrice des paris ?
Autre personnalité mise en cause par les PV d'audition que s'est procurés Libération : Géraldine Pillet. Si la jeune femme a gardé le silence après sa garde à vue du 30 septembre, elle a accepté de répondre au juge lors de sa mise en examen pour complicité d'escroquerie. Et là encore, elle innocente totalement Nikola Karabatic. "J'ai parié de mon propre chef avec mon argent, 400 euros, le reste (environ 1000 euros, NDLR), c'était mes économies. Je l'ai fait parce que sept joueurs cadres étaient blessés. [...] Je connais bien le handball."
Pourtant, les enquêteurs semblent posséder un certains nombres d'indices accablants contre Nikola Karabatic et sa compagne. Exemples. Géraldine Pillet a misé 1 500 euros sur la défaite de Montpellier à la mi-temps. Trois jours plus tôt, le 9 mai, Nikola Karabatic retire la même somme de son compte en banque. Autre fait troublant, les portables du couple activent le même relais au même moment. Un relais qui se situe à quelques rues des bureaux de tabac où Géraldine Pillet a parié. Et les enquêteurs pensent que c'est bien elle le cerveau de l'opération, comme ils le lui indiquent lors de sa garde à vue : "Vous semblez être le noyau central, la tour de contrôle du dispositif, qui donne le top départ des prises de paris et à qui l'on rend compte par la suite. Qu'avez-vous à dire à ce sujet ?" Rien. Géraldine Pillet garde le silence.
Des portables bavards
Les écoutes téléphoniques semblent indiquer qu'elle serait effectivement au coeur du système, ce 12 mai au matin. Ainsi, les relevés téléphoniques indiquent qu'elle a contacté quatre parieurs, deux joueurs et deux de leurs proches. Elle appelle trois fois Jeny Priez, mais également Mladen Bojinovic, autre joueur mis en examen qui a reconnu avoir donné 4 000 euros à un proche pour parier. Et Libération de citer les 16 appels passés au gardien Mickaël Robin, ou encore les 5 coups de fil à Enzo Di Guardo, ami des frères Karabatic qui a misé 3 600 euros dans la matinée du 12 mai, l'équivalent de six mois de salaire... "La gérante d'un de ces établissements s'est souvenue que celui-ci (Enzo, NDLR) lui avait dit 'qu'[il] faisait partie d'un groupe d'une douzaine de personnes s'étant réunies pour faire ce type de paris et que la concrétisation de ce pari était conditionnée à un appel téléphonique qu'[il] attendait. L'examen de la téléphonie détermine que son unique interlocuteur, le 12 mai 2012 aux alentours de 10h, c'était vous", rappelle un policier à Géraldine Pillet, qui continue de garder le silence...
Tous les protagonistes de cette affaire sont présumés innocents jusqu'a une éventuelle condamnation définitive à la fin du procès.
Un dossier complet et fouillé à retrouver dans Libération du 2 novembre