Alors que le silence était de mise du côté des joueurs de Montpellier, soupçonnés d'avoir truqué un match dans une histoire de paris suspects, la grande machine médiatique a encore marché à plein régime mardi 16 octobre. Au coeur de de cette affaire, Nikola Karabatic, star du hand tricolore et du club de Montpellier.
Le ras-le-bol de Nikola Karabatic
Ce mardi, on apprenait ainsi que les contrats des joueurs du MAHB mis en examen avaient été suspendus "à la seconde où le juge d'instruction a décidé des mesures du contrôle judiciaire", expliquait Rémy Lévy, le boss du club, précisant que ce contrôle judiciaire "entraîne la suspension immédiate" des salaires versés. Dans le même temps, les cinq joueurs soumis à un strict contrôle judiciaire faisaient appel de la décision qui les empêche aujourd'hui de pratiquer leur métier, et donc jouer au handball. Une décision mise en délibérée au jeudi 25 octobre prochain. Un appel qui était l'occasion d'entendre les premières déclarations publiques des joueurs. Enfin, celles de Nikola Karabatic. Car depuis le début de l'affaire, c'est le nom Karabatic qui revient incessamment. Véritable star de son sport, figure emblématique et médiatique, Nikola Karabatic est probablement LE joueur incontournable du hand. Pas étonnant alors que les noms des autres joueurs, peu connus du grand public, ne soient pas mis en avant.
Une différence de traitement médiatique qui gêne les intéressés. "On nous a pas mal craché dessus, mon petit frère et moi. C'est ma tête que l'on voit aux JT, à la une des journaux. C'est moi que l'on voit rentrer dans la voiture des policiers. C'est incroyable, car j'ai passé toute une vie à me battre pour mon sport et l'on me met plus bas que terre" déclarait ainsi Nikola Karabatic. Entouré par les médias à l'issue de l'audience auprès de la chambre d'instruction auprès de laquelle il a fait appel, Nikola Karabatic n'a pas mâché ses mots : "J'en ai marre de toute cette connerie. Tout ce qui arrive est juste incroyable, c'est un vrai cauchemar. J'ai hâte que cette histoire soit finie, hâte de pouvoir faire ce que je fais de mieux, c'est-à-dire joueur au handball."
Marathon médiatique
Loin derrière, Luka Karabatic, son frère, et ses coéquipiers Primoz Prost, Dragan Gajic et Issam Tej eux aussi mis en examen pour "escroquerie par manoeuvre frauduleuse" sont apparus "décontenancés et profondément agacés par le traitement dont ils sont l'objet" pour reprendre les termes du quotidien L'Équipe. Tout au long de la journée, c'est en effet Nikola Karabatic, et lui seul, qui a fait le tour des médias, presse écrite, radio et télé, choisissant avec soin ses interlocuteurs. Direct avec le JT de TF1, différé avec le Grand Journal de Canal ou le JT de France 2, principales radios et quelques journaux de la presse écrite. Et à chaque fois, la même rengaine. Ses partenaires et lui n'ont jamais triché lors du match Cesson-Sévigné - Montpellier : "On veut à tout prix prouver que ce match a été truqué, alors qu'il ne l'a pas été." Il met ainsi en avant le fait que blessé, il était absent le jour du match, que la situation était la même au match précédent, déjà perdu face à Nîmes, équipe encore plus mal classée que Cesson, alors que deux joueurs majeurs de plus étaient pourtant présents.
Sur les paris illicites, Nikola Karabatic a démenti avoir parié, expliquant ne pas avoir été au courant et ne pas avoir joué "les maîtres d'école" avec ses coéquipiers qui avaient eux misé : "Ma copine m'a mis au courant après avoir parié. Que des joueurs aient parié, c'est de leur fait, moi je n'ai rien à voir avec ça. Chacun fait ce qu'il veut. Je ne suis pas un maître d'école." Comment explique-t-il alors les sommes surprenantes engagées ce jour-là, dont 1 500 euros par sa compagne et 7 000 euros par son frère Luka ? Sur Canal+, Nikola Karabatic n'hésite pas à pointer du doigt la Française des Jeux. Il s'interroge ainsi sur la cote que la FDJ avait mise sur Cesson vainqueur à la mi-temps, de 3 contre 1, une cote surprenante compte tenu du fait du palmarès de Montpellier et du classement de Cesson.
Déclarations publiques
Une omniprésence médiatique qui intrigue, alors que seul Paris Match avait décroché un entretien avec le clan Karbatic jusque-là. "Parce qu'on nous a pas mal craché dessus, la presse qui a diffusé de fausses informations, qui m'a accusé, ma famille, mon petit frère, d'avoir truqué un match", se justifie-t-il ainsi, mettant en exergue son omniprésence dans les médias pour illustrer les moindres informations concernant l'affaire explique-t-il dans L'Équipe : "Le mardi, déjà, lorsque l'information sort, ma tête et celle de mon petit frère sont déjà partout. Ce sont nos têtes, alors que l'on parle d'un match truqué. Au journal télévisé, c'est ma tête. Dans les journaux, c'est ma tête. C'est moi que l'on voit rentrer dans la voiture des policiers. Encore lundi, les avocats de Bojinovic parlent d'un vice de forme, et c'est ma tête qui illustre le propos. C'est incroyable. Tu as l'impression que l'on veut nous descendre. Des gens jaloux veulent nous descendre."
S'il confirme ne pas comprendre les décisions du club de Montpellier à son égard, il déplore également "un manque de soutien" de ce dernier, et une situation décrite comme "un divorce" par l'un de ses avocats, Me Phung : "C'est comme si le mari et la femme, après une dispute, une tromperie, repartaient main dans la main au soleil couchant. C'est lui qui verra, mais des paroles ont été prononcées."
En attendant, c'est le 25 octobre prochain que les joueurs de Montpellier sauront s'ils peuvent ou non rejouer au handball. Nikola Karabatic risque donc de faire encore quelques fois la une des médias.