Cités dans l'affaire des paris suspects et du match supposé truqué qui touche une partie des joueurs du Montpellier Agglomération Handball, Nikola et Luka Karabatic sont au coeur de la polémique. Mis en examen pour "escroquerie par l'emploi de manoeuvres frauduleuses", en version française mis en examen pour avoir truqué le match face à Cesson-Sévigné du 12 mai dernier pour favoriser les gains aux jeux, les frangins Karabatic vivent reclus dans leur maison de Castelnau-le-Lez, où les a rejoints leur maman Lala.
Mais malgré le mutisme voulu des deux joueurs, Paris Match a réussi à les faire parler. Et ce sont deux colosses -ils dépassent tous les deux les 195 cm - littéralement KO qu'a rencontrés la journaliste du magazine. "On est sonné, on ne comprend pas l'acharnement dont on est l'objet. C'est un vrai cauchemar !", confie Nikola Karabatic, champion olympique cet été avec les Experts, blotti contre sa compagne Géraldine Pillet, elle aussi mise en examen, tout comme Jeny Priez, l'animatrice de NRJ 12 aujourd'hui suspendue d'antenne et qui a reconnu avoir misé à la demande de son homme, Luka.
Pourtant, les deux frangins ne sont pas abattus. On sent une certaine incompréhension et une colère sourde. Notamment quant aux conditions de leur interpellation. Ils pensaient ainsi qu'ils seraient entendus du côté de Montpellier et non à Paris, à l'issue du match (perdu) face au PSG Handball. La police avait pourtant débarqué au Stade Pierre de Coubertin le dimanche 30 septembre, fermant les portes des vestiaires pour empêcher tout départ. A peine le temps de prendre une douche que les joueurs incriminés étaient placés dans un vestiaire annexe avant d'être emmenés à Nanterre sous le crépitement des flashs des "centaines de journalistes" présents. "C'est comme si on allait au bûcher. Tous les regards étaient tournés vers nous, les Karabatic, comme si nous étions les hommes à abattre", explique le cadet Luka.
En garde à vue, les frangins décident de garder le silence et de réserver leurs explications au juge d'instruction, sur les conseils de leurs avocats. Les policiers ont beau faire pression et user de différentes techniques d'intimidation, ce qui portera d'ailleurs les avocats des joueurs à porter plainte contre la police, les handballeurs ne cèdent pas. Devant le juge, les frères Karabatic parlent. Et Luka raconte tout : "J'ai dit la vérité devant le juge. J'assume tout ce que j'ai fait. Et je suis prêt à payer pour ce que j'ai commis (...) C'est une connerie. Mais je ne mérite pas d'arrêter ma carrière, de ne plus pratiquer mon sport."
Accusés d'être des tricheurs, des traîtres, la réponse ne se fait pas attendre. "C'est blessant ! C'est humiliant ! C'est pire que tout. Je n'ai pas de mots pour expliquer la douleur que je ressens. Tricher n'est pas concevable pour nous. Ce ne sont pas les valeurs qui nous ont été inculquées. Ce n'est pas notre conception du handball", répond l'aîné, devenu le véritable chef de famille depuis la mort du patriarche Branko le 11 mai 2011. "C'est injuste, ajoute Luka. Et ça me révolte !"
En effet, comment influer sur le score d'un match auquel on ne participe pas, plaident les Karabatic ? "Le match n'a jamais été truqué, même si certains s'acharnent à vouloir prouver le contraire", précise Nikola Karabatic, qui comme son frère n'est pas sorti de la maison familiale depuis la révélation de l'affaire, par peur de se faire "cracher dessus". Une seule sortie cependant, simplement pour aller voir leur avocat. "En réalité, des fans nous ont demandé de prendre une photo avec leurs enfants. Un homme à scooter s'est arrêté pour nous encourager à tenir bon. Ça fait du bien", poursuit-il.
Tous les deux ne souhaitent qu'une chose : retrouver les parquets, eux qui sont privés de tout contact avec leurs coéquipiers et membres de l'encadrement. Heureusement, la fratrie peut compter sur le soutien et la philosophie de Lala : "Dans toute chose, j'essaie de voir le bon côté. Mais maintenant, on va se battre. nous sommes soudés dans la joie comme dans la peine."
Une interview à retrouver dans Paris Match en kiosques le jeudi 12 octobre