Hackeuse tourmentée et bisexuelle dans Millénium : Les hommes qui n'aimaient pas les femmes (2009), femme battue et mère meurtrie dans Babycall (2011), descendante de Sigourney Weaver dans Prometheus (2012) de Ridley Scott, crypto-prequel du culte Alien (1979).
En trois ans et un rôle explosif, Noomi Rapace, 32 ans, est sortie du no man's land cinématographique qu'est la Suède pour arpenter les couloirs des studios américains. Poussée par la belle popularité des romans de Stieg Larson, la série Millénium a récolté près de 200 millions de dollars à travers le monde et a révélé sa mine blanchâtre .
Explosion noire
Étiquettée phénomène en puissance, Noomi Rapace est courtisée par Hollywood. Elle est écartée de Hansel et Gretel, Target ou encore Mission Impossible : Protocole Fantôme. Dans ce dernier, c'est d'ailleurs Michael Nyqvist de Millénium qui interprète l'ennemi de Tom Cruise.
Dans le lot, Noomi Rapace décroche un rôle dans la superproduction Sherlock Holmes : Jeu d'ombres avec Robert Downey Jr. et Jude Law. Parallèlement, elle est récompensée par un prix d'interprétation au festival de Rome pour Babycall, un saisissant thriller où elle est proprement hallucinante. Puis elle est choisie parmi une somme de candidates pour incarner l'héroïne de Prometheus, le mystérieux film qui explore les racines des célèbres xénomorphes. Révélée par un rôle violemment féministe, Noomi Rapace succède ainsi à Sigourney Weaver, l'une des premières femmes à avoir marqué l'histoire du cinéma à une époque où les hommes étaient les héros. Entre temps, Noomi est remplacée par Rooney dans le remake américain de Millénium réalisé par David Fincher.
Parcours d'une combattante
Curieusement, cette cohérence est aux antipodes de son parcours. Née dans la glace suédoise et élevée en Islande, elle brise le cocon familial à 14 ans. Habitée par la révolte, la punk squatte les ruelles de Coppenhague et Stockholm, tombe amoureuse du cinéma et se réinvente. Noomi Norén devient Rapace. À L'Express Styles, elle déclare : "Au pire de mes moments, le cinéma m'a toujours sauvé. (...) La violence que je mets dans mes personnages ne vient pas seulement de mon adolescence. C'est une colère qui bout en moi depuis toujours. Elle peut être destructrice ou constructive. La comédie me permet en tout cas de canaliser."
Propulsée vers les horizons hollywoodiens, elle est promise à devenir une star bankable dans les prochaines années, le temps que le monde s'habitue à son visage inquiétant et son nom étrange. Les médias sautent sur sa success story. Noomi Rapace jubile, mais décline. "Je suis extrêmement reconnaissante, chanceuse et fière qu'un aussi grand cinéaste m'ait choisie pour tenir le rôle principal de [Prometheus]. Pour autant, être une 'star' reste ennuyeux à mes yeux. Je suis là pour jouer et encore jouer, prendre des risques, raser ma tête et faire semblant de me faire sodomiser comme dans Millénium."
Courant alternatif
Menée par l'instinct, elle vient de boucler avec Rachel McAdams le tournage de Passion, le remake du Crime d'amour (2009) d'Alain Corneau réalisé Brian de Palma. Réalisateur-star des années 80 à Hollywood, il est désormais produit par l'Europe et a posé sa caméra à Berlin pour filmer la relation tordue entre deux femmes dans le milieu de la finance. Repartie vers le territoire américain, Noomi Rapace a depuis retrouvé Niels Arden Oplev, le réalisateur de Millénium, pour le thriller Dead Man Down. L'occasion de donner la réplique à Isabelle Huppert, l'un de ses modèles. De quoi imaginer une carrière alléchante.
Babycall, actuellement en salles.
Prometheus, en salles le 30 mai.
Retrouvez l'interview de Noomi Rapace dans L'Express Styles, 2 mai 2012.
Geoffrey Crété