Bien à l'abri des panneaux haineux des anti-Thatcher, du stress des forces de l'ordre qui se préparent à déployer leur dispositif de sécurité, et de l'effervescence médiatique entourant les obsèques cérémonielles - nationales, c'eut été too much - dont la défunte Dame de fer aura l'honneur mercredi 17 avril 2013, la dépouille de Margaret Thatcher repose depuis mardi après-midi dans la chapelle du palais de Westminster, coeur de la vie politique britannique.
Gardé dans un lieu naturellement tenu secret depuis son départ du Ritz, où l'ancienne Premier ministre emblématique de la Grande-Bretagne avait trouvé la mort le 8 avril à l'âge de 87 ans, le cercueil de la défunte, recouvert de l'Union Jack et orné d'une couronne de fleurs blanches, passera la nuit dans la chapelle cryptique St Mary Undercroft, construite à la fin du XIIIe siècle sous Edouard Ier, et seul vestige de ce que fut la chapelle St Stephen, ravagée par le fameux incendie de 1834. Un office privé était organisé à partir de 16 heures (heure française), auquel les proches de Margaret Thatcher ainsi que quelques députés et Lords - une centaine de personnes au total - ont assisté.
Lundi, au domicile de Margaret Thatcher sur Chester Square, son fils Sir Mark Thatcher, rentré de la Barbade pour s'occuper des funérailles avec sa soeur jumelle Carol (elle-même venue de Suisse), avait posé pour les photographes en famille avec son épouse Sarah et leurs enfants Michael et Amanda. L'adolescente aura pour mission de lire un extrait des Evangiles lors de la cérémonie que conduira mercredi en la capitale Saint Paul le nouvel archevêque de Cantorbéry, Justin Welby.
Après ce bref moment de recueillement en la chapelle St Mary Undercroft, tous les membres du Parlement étaient invités à lui rendre hommage dans le sanctuaire de style gothique. Cette nuit, c'est l'aumônier de la chambre basse du parlement, le révérend Rose Hudsin-Wilkin, qui aura pour mission de veiller sur le cercueil, tandis que dehors, la désapprobation gronde quant à de telles obsèques, entre détracteurs acharnés de la Dame de fer et contribuables peu enclins à lui offrir ce dernier hommage estimé à plus de 11 millions d'euros au minimum.
700 militaires seront impliqués dans le déroulement des funérailles, dont la procession a été confiée aux soins experts du major Andrew Chatburn, lequel avait orchestré en avril 2011 la parade pour le mariage du prince William et de Kate Middleton, et en juin 2012, celle du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II. Cette dernière, qui n'avait plus assisté à l'enterrement d'un de ses Premiers ministres depuis Winston Churchill en 1965 (qui, lui, avait eu droit aux obsèques nationales), sera présente, avec son époux le duc d'Edimbourg. Lundi matin, aux premières heures du jour, les forces armées avaient accompli une répétition générale de la parade funèbre, transportant le cercueil de Saint Clement Danes, chapelle de l'Armée de l'air, à la cathédrale Saint Paul. C'est ce trajet que doit effectuer mercredi la dépouille de Margaret Thatcher, d'abord transférée de Westminster à Saint Clement Danes en corbillard, puis acheminée par le cortège - un trajet d'1,9 km en 19 minutes - jusqu'à la cathédrale, sur un affût de canon et tirée par six chevaux noirs de l'artillerie royale.
Dix-neuf coups de canon seront tirés depuis la Tour de Londres mais il n'y aura pas de parade aérienne, selon les dernières volontés de la Dame de fer, qui avait souhaité avoir les honneurs militaires et être célébrée à Saint Paul, où son corps ne sera pas exposé, toujours conformément à ses souhaits. Son arrivée à la cathédrale, aux alentours de 11 heures, sera marquée par la sonnerie d'une seule cloche, et celles de Big Ben resteront muettes durant la cérémonie, ce que Sir Mark et Carole Thatcher ont perçu comme un "immense honneur". Des militaires qui ont participé à la guerre des Malouines contre l'Argentine ouvriront la marche jusque dans l'enceinte religieuse, où près de 2000 personnalités politiques et célébrités sont attendues à partir de 9 heures.
G.J.