Certains l'ont peut-être oublié, mais avant de s'occuper de la carrière de sa soeur Dalida, le célèbre producteur Orlando a lui aussi connu les feux de la rampe. Après avoir commencé sa carrière au Caire et écrit la chanson Ya Mustapha, devenue un succès mondial grâce à la reprise de Bob Azzam, Orlando débarque en France le 30 juin 1960. Grâce à la notoriété grandissante de sa soeur, les portes s'ouvrent et le jeune homme est signé chez Bel Air, un label d'Eddie Barclay. Mais cette carrière ne durera pas et Orlando se consacrera à celle de Dalida. À l'occasion de la sortie de son premier best of, celui qui a découvert Hélène Ségara se confie longuement au magazine Gala. Il est touchant quand il évoque le talent et la perte de sa soeur.
Pourquoi un best of ? Orlando le dit tout net, c'est pour éviter que son catalogue, d'une cinquantaine de chansons, ne tombe dans le domaine public et que d'autres en profitent. Sur les bons conseils de son ami Pascal Nègre, PDG d'Universal Music France, Orlando s'est donc replongé dans son éphémère carrière de chanteur pour sélectionner les 27 chansons, remasterisées pour l'occasion, qui composent ce best of, comme Elle a des yeux d'ange, Petit démon, Derniers baisers, Si tu m'aimes autant que ça et bien sûr Ya Mustapha. Orlando se souvient aujourd'hui d'une période "extraordinaire" où l'on vivait une "véritable révolution culturelle avec l'arrivée du rock et du twist", mais il n'a aucun regret : "Je suis quelqu'un de lucide, confie-t-il à Gala. Je m'étais donné cinq ans pour réussir. Malgré le succès, malgré les tournées, au bout de ces cinq années à Paris, je n'étais toujours pas en haut de l'affiche. Fin 1965, j'ai donc stoppé net."
Lui qui a fait ses armes avec Eddie Barclay commence alors à s'occuper alors de sa soeur. "Le hasard a voulu que je cesse de chanter au moment où Dalida avait le plus besoin de moi. (...) Elle savait que j'avais du flair", raconte Orlando. Mais le petit frère dévoué qu'il était ne se fait pas d'illusion et s'estime heureux d'avoir pu travailler au côté d'un tel joyau : "Comme je le répète toujours, Eddie Barclay et Lucien Morisse [qui fut le mari et le premier pygmalion de la star, NDLR] ont fait d'elle une idole. Dalida, après son divorce, est devenue une vedette. Moi, j'ai contribué à en faire une star. (...) Elle était tellement complète qu'en réalité, professionnellement, elle n'avait besoin de personne. Il fallait juste la rassurer et lui faciliter le quotidien." Personnalité fragile que la vie n'a pas épargnée, Dalida met fin à ses jours dans la nuit du 2 au 3 mai 1987. "Je n'ai pas pu, malheureusement, lui apporter la paix dans sa vie intime", confie avec pudeur Orlando, qui, après la disparition de Dalida, dont le vrai prénom est Yolanda, continuera de veiller sur sa carrière. Mais comment faire le deuil d'une soeur ? "Parfois, j'en veux même à Yolanda de nous avoir privés de Dalida si tôt..." Vingt-sept ans après la disparition de la chanteuse, Orlando chérit toujours son souvenir et espère pouvoir lui dédier un jour un musée à Paris.
L'intégralité de cette interview d'Orlando est à découvrir dans Gala, en kiosques le 5 novembre 2014.