Oscar Pistorius, la suite... Le défilé des témoins ne semble pas connaître de fin devant le tribunal de Pretoria, où Oscar Pistorius doit répondre du meurtre de sa compagne Reeva Steenkamp. Ce 18 mars, le procès a connu une journée contrastée, entre un témoin humilié et un autre qui une fois de plus a fait pleurer Oscar Pistorius.
Le premier témoin du jour n'était autre que le photographe de la police criminelle, venu sur les lieux du crime le 14 février 2013, la nuit où Reeva Steenkamp a été abattue de quatre balles à travers la porte des toilettes, alors que l'athlète handicapé pensait avoir à faire à un cambrioleur.
Barend van Staden, le photographe en question, a vu son travail remis en cause par l'avocat de la défense, Barry Roux, qui depuis le début du procès ne cesse de s'interroger sur le sérieux de l'enquête criminelle. Il a ainsi pris à partie le témoin, notamment sur la batte de cricket qui a servi à défoncer la porte des toilettes derrière laquelle se trouvait Reeva Steenkamp, mortellement blessée. Sur les clichés diffusés au tribunal, on voit la batte maculée de sang, posée sur le carrelage des WC, puis une autre photo la montre retournée, avec des autographes de joueurs vedettes. "Qu'est-ce que vous appelez le devant et le derrière de la batte ?", a alors demandé Barry Roux, suggérant que Barend van Staden ne connaissait rien au cricket, d'où son idée de retourner la batte, une pièce élémentaire sur la scène du crime. "Avez vous déjà jouez au cricket ? Regardé du cricket ? Avez-vous déjà vu quelqu'un frapper avec le dos de la batte, le côté qui n'est pas plat ?", a-t-il poursuivi, sans laisser au témoin le temps de répondre.
Face à lui, Barend van Staden est resté de marbre, expliquant que "non", il ne jouait pas au cricket, mais que "oui", il avait déjà assisté à des matches. Avant de conclure par "non, madame le juge", on ne frappe pas la balle avec la partie anguleuse. Il a par la suite décrit comment il avait photographié le devant de la batte, maculé de sang, sans bouger ladite batte, avant de la retourner pour prendre le dos.
Mais le procureur Gerrie Nel a promptement réagi à cet interrogatoire, estimant que Barry Roux avait "ridiculisé" le témoin "en lui expliquant comment on utilise une batte, après avoir expliqué ce qu'il perçoit lui-même comme l'avant et l'arrière". Une objection retenue par la juge Thokozile Masipa, qui a alors prévenu l'avocat, lequel n'en était pas à sa première fois : "Vous ne pouvez pas chercher querelle au témoin."
L'après-midi a vu un expert en balistique, le capitaine Mangena, prendre la place du photographe malmené. C'est lui qui avait repris les expertises lorsque le tribunal avait ordonné le 7 mars 2013 que l'enquête soit reprise à zéro.
Comme l'avait raconté Oscar Pistorius lors de sa déposition, quatre balles ont été tirées à travers la porte des toilettes. L'expert, ayant identifié les impacts avec précision, a indiqué à quelle hauteur elles l'avaient traversée. Puis il a indiqué les impacts dans la salle de bain, ajoutant que trois balles n'avaient pas été retrouvées et "suggérant qu'elles avaient touché la cible ou quelqu'un dans les wc". Alors que l'un des projectiles a perforé le corps de Reeva Steenkamp avant de ricocher sur le mur, permettant des mesures précises pour déterminer les angles de tir.
Outre ses relevés sur la porte et le carrelage des toilettes, l'expert s'est également appuyé sur les blessures de Reeva Steenkamp, sans pour autant en montrer les photos. Il a simplement décrit celles à la hanche, au bras droit transpercé, aux doigts de la main gauche ainsi que la trajectoire entrante et sortante de la balle qui a traversé le crâne de la jeune femme. Des blessures faites avec des balles expansives, conçues pour s'ouvrir comme une fleur au moment de l'impact et provoquer ainsi des blessures encore plus graves.
Devant tous ces détails, Oscar Pistorius, resté impassible et plongé dans ses lectures depuis le matin, n'a cette fois pu retenir ses larmes, s'écroulant comme un enfant. Une réaction qui n'a pas empêché l'expert en balistique de prendre plusieurs mesures directement sur lui, avec ou sans ses prothèses, afin de déterminer avec précision où il se trouvait au moment des coups de feu...