Le procès le plus médiatisé d'Afrique du Sud se poursuit du côté de Pretoria, où Oscar Pistorius doit répondre du meurtre de sa compagne Reeva Steenkamp le 14 février 2013. Une grosse centaine de témoins doivent se succéder à la barre, et le tribunal à d'ores et déjà annoncé que le procès irait au-delà des trois semaines initialement prévues. En attendant, Oscar Pistorius a bien du mal à trouver des témoins qui abondent dans son sens...
Des armes en abondance
La thèse de l'accident a bien du mal à trouver ses soutiens, malgré les efforts de l'avocat de l'athlète handicapé Barry Roux, qui cherche à déstabiliser témoins et experts. Ce lundi 17 mars, troisième semaine du procès, c'est un nouveau témoin qui a donné un aperçu de la personnalité d'Oscar Pistorius, déjà mise à mal par le témoignage de son ex.
Le procureur Gerrie Nel avait appelé à la barre Sean Rens, manager d'un centre de tir à Johannesburg, vendeur d'armes et qui facilite, légalement, l'obtention de permis de port d'armes pour ses clients. Oscar Pistorius était l'un d'eux depuis mai 2012. Devant le tribunal, il a indiqué que l'athlète avait reçu le jour de la mort de Reeva Steenkamp une facture pour plusieurs armes à feu qu'il avait commandées, dont trois fusils à pompe, deux revolvers et un fusil d'assaut. "La transaction a été annulée un mois après les événements", a reconnu Sean Rens.
"Mode de combat"
Selon lui, Oscar Pistorius avait "un grand amour et un enthousiasme" certain pour les armes à feu. Il a également rappelé que la loi sud-africaine interdisait à toute personne non collectionneuse d'en posséder plus de quatre, ce qui conduit Oscar Pistorius à répondre d'accusation de port d'armes prohibé dans une autre affaire. Il a expliqué à la cour comment son illustre client lui avait raconté qu'un jour, il avait dégainé son arme chez lui après avoir entendu un bruit, qui n'était autre que celui de la machine à laver le linge. "Il passait dans ce que nous appelons 'code rouge', ou mode de combat, a expliqué Sean Rens. En d'autres termes, sortir son arme pour faire le ménage dans sa demeure", abondant un peu plus dans le sens de la description d'un Oscar Pistorius paranoïaque.
Pistorius n'aurait pas dû tirer
Pourtant, l'accusé connaissait parfaitement les lois concernant le port d'armes, a poursuivi le responsable du stand de tir, lisant les réponses données par Oscar Pistorius au questionnaire obligatoire avant l'achat d'une arme à feu : "Un cambrioleur entre dans votre maison et commence à voler votre hi-fi. Pouvez l'abattre ?" Oscar Pistorius avait répondu : "Non, si ma vie n'est pas en danger." À la question "les voleurs sont armés et s'approchent de vous. Pouvez-vous les abattre ?", il avait répondu "oui" à condition de bien identifier les cibles et d'avoir déterminé les origines de l'attaque.
Or, ne pouvant voir derrière la porte des toilettes si son "agresseur" était armé, il n'aurait pas dû tirer. Ce qui aurait permis d'éviter la mort de sa compagne Reeva Steenkamp... Si tant est que sa thèse, selon laquelle il l'a prise pour un cambrioleur, soit véridique.