Au deuxième jour du procès d'Oscar Pistorius qui doit répondre du meurtre de sa compagne Reeva Steenkamp, son avocat a tenté de déstabiliser et de décrédibiliser le témoin à charge qui s'était déjà exprimé la veille. Une tentative restée vaine avant qu'une voisine de l'accusé ne vienne à son tour apporter son témoignage.
La défense à l'attaque
Le 3 mars s'ouvrait le procès pour meurtre d'Oscar Pistorius, accusé d'avoir assassiné sa compagne Reeva Steenkamp. Le premier jour de ce procès ultramédiatisé a été marqué par le témoignage à charge d'une voisine, Michelle Burger, maître de conférence à l'université de Pretoria, qui assure avoir entendu "des cris à glacer le sang " avant, pendant et après les quatre coups de feu.
L'avocat d'Oscar Pistorius, Barry Roux, avait tenté dans un premier temps de déstabiliser Michelle Burger, en vain. Il a repris son entreprise mardi matin, mais le témoin est resté sur ses positions. "Je n'ai que ma version à offrir", a-t-elle assené. Malgré un ton hautain et parfois intimidant, Barry Roux n'a jamais réussi à mettre en difficulté le témoin. Pas même lorsqu'il lui a demandé comment elle avait pu entendre les cris d'une femme enfermée dans des toilettes donnant dans une salle de bain dont la fenêtre était fermée. "C'est un fait, vous pouvez crier aussi fort que possible, faites 177 mètres et dites-nous si vous pouvez entendre ce cri", lui a-t-il notamment balancé, avant d'ajouter : "Nous attendons les résultats." Il a également suggéré que Reeva Steenkamp n'avait pu crier après les coups de feu, ces derniers ayant fatalement endommagé son cerveau, comme les experts le démontreront plus tard, provoquant les pleurs d'un Oscar Pistorius prostré sur le banc des accusés.
Plus tard, et alors même que le procès est retranscrit en direct, Barry Roux, très agressif, a lâché le numéro de téléphone de l'époux de Michelle Burger. Devant ses attaques répétées et ses remarques sarcastiques, la juge Thokozile Masipa l'a forcé à s'excuser auprès du témoin. Ce qui n'a pas empêché l'avocat de lui reprocher de ne mettre en avant que les éléments à charge, occultant "des évidences" allant dans le sens de la défense.
Suspension d'audience, un témoin en pleurs
C'est le moment qu'a choisi le procureur pour interrompre le procès, en apprenant que la chaîne de télé eNCA avait diffusé une photo de Michelle Burger trouvée sur le site de son université, alors que la juge avait indiqué que les témoins qui le demandaient ne seraient pas filmés et qu'aucune photo ne pourrait illustrer leur témoignage.
Une suspension d'audience a été décidée par la juge Thokozile Masipa qui a dit prendre l'affaire "très au sérieux". "C'est tout à fait dérangeant, a-t-elle indiqué. Les médias sont prévenus. S'ils ne se tiennent pas correctement, nous ne les traiterons pas avec des gants de velours." L'incident ne restera pas sans conséquences a-t-elle encore indiqué alors que le procès est retransmis en direct à la télé sous certaines conditions, et dans son intégralité à la radio.
Lorsque le procès a pu reprendre, Barry Roux a poursuivi ses attaques, soulignant que lorsque Oscar Pistorius est "très angoissé, il crie d'une voix de femme". Mais l'universitaire a campé sur ses positions. "Le témoin semble solide comme un roc. C'est important de la mettre en tort, mais je ne crois pas qu'il y parvienne", a même commenté Dave Smith, avocat et ami de Barry Roux. Michelle Burger a conclu son témoignage, en larmes, après les questions du procureur Gerrie Nel : "Quand je suis sous la douche, je revis ses cris !"
Une dispute puis des "bang, bang"
Puis ce fut au tour d'un deuxième témoin d'être auditionné, alors que tout le monde s'attendait à voir le mari de Michelle Burger passer à la barre. Estelle van der Merwe, une voisine d'Oscar Pistorius qu'elle n'a jamais rencontrée, s'est présentée accompagnée d'une traductrice puisqu'elle s'exprime en afrikaans devant le tribunal. Elle a expliqué avoir été réveillée vers 1h56 par ce qui ressemblait à une dispute, sans comprendre ce qui se disait et sans pouvoir déterminer quelle langue était utilisée. Miss van der Merwe a également indiqué au tribunal qu'elle avait tenté de se couvrir les oreilles avec un oreiller pour s'endormir, sans résultat, qu'elle était alors sortie pour tenter de voir quelque chose, mais qu'elle était finalement retournée se coucher avant d'entendre quatre bruits sourds, sans pouvoir indiquer s'il s'agissait de coups de feu. "Vous voulez que je vous décrive les sons ? Bang, bang. C'est le mieux que je puisse faire", a-t-elle indiqué.
Son mari lui aurait dit qu'il s'agissait de coups de feu. Il a alors appelé la sécurité après avoir tenté d'apercevoir quelque chose par la fenêtre. Puis le couple a entendu quelqu'un hurler...
La première partie de cette seconde journée s'achève sur ce témoignage, avant de reprendre dans l'après-midi. Comme à son habitude, Oscar Pistorius est resté impassible, lui qui était entré dans le tribunal en évitant les photographes, contrairement à la veille...