Ce lundi 3 mars, l'Afrique du Sud entière était regroupée devant ses postes de télévision pour suivre en direct le début du procès de son idole déchue, Oscar Pistorius, jugé pour avoir tué sa compagne Reeva Steenkamp le 14 février 2013. Un procès sans témoins, dans lequel l'athlète handicapé tentera de convaincre qu'il s'agit d'un malheureux accident, quand l'accusation défendra la thèse de l'assassinat.
"Non coupable"
Oscar Pistorius est arrivé vers 9h50 heure locale au tribunal de Pretoria, costume sombre et cravate noire sur chemise blanche. Tête baissée, nerveux, il s'est engouffré dans la salle d'audience où il comparaissait libre. Débuté avec une heure trente de retard, le procès s'est ouvert sous les yeux de la famille de Reeva Steenkamp ainsi que de Carl et Aimée, le frère et la soeur d'Oscar Pistorius. Les deux clans ont pris soin de s'éviter, sans échanger le moindre regard.
En ouverture de son procès, Oscar Pistorius a déclaré qu'il plaidait "non coupable" de l'assassinat de sa petite amie Reeva Steenkamp. Il a fait de même lorsque le juge Thokozile Masipa lui a demandé comment il comptait plaider pour les autres charges retenues contre lui, et notamment le port et l'usage d'armes prohibées. Le procès s'est ouvert avec la lecture de la déposition d'Oscar Pistorius, lue par son avocat Barry Roux, qui a pointé le manque de sérieux de l'enquête. "La supposition selon laquelle je voulais tirer sur Reeva (ou la tuer) ne peut pas être plus éloignée de la vérité", déclare Oscar Pistorius par la voix de son avocat, tout en reconnaissant avoir tiré les coups de feu qui ont tué sa compagne, indiquant qu'ils étaient à ce moment de leur vie dans "une relation amoureuse". Le procureur Gerrie Nel estime que l'accusé a "tué illégalement et intentionnellement" sa compagne Reeva Steenkamp.
En l'absence de témoins directs, les expertises scientifiques joueront un rôle décisif. Mais des témoins indirects pourraient donner des indications précieuses sur le drame qui s'est déroulé dans la villa d'Oscar Pistorius vers 3h du matin cette nuit-là.
"Des cris terribles"
Le premier témoin appelé à la barre est Michelle Burger, une jeune femme d'une vingtaine d'années vivant à Silver Stream Estates, le domaine sécurisé voisin de celui d'Oscar Pistorius, Silver Woods Estates. À la barre, la jeune femme raconte ce qu'elle a entendu cette nuit-là : "Juste après 3h du matin, j'ai été réveillé par les cris terribles d'une femme. Elle criait beaucoup et appelait au secours. (...) Ensuite j'ai entendu un homme appeler à l'aide. Il a crié, trois fois. Mon mari s'est saisi du téléphone et a expliqué que des gens dans le domaine voisin étaient attaqués chez eux et que quelqu'un devait aller vérifier. Mon mari est allé sur le balcon, moi je suis restée au lit. J'ai encore entendu des cris. C'était pire qu'avant. Elle avait peur. C'était l'apogée, on savait que quelques chose de terrible était en train de se produire."
Michelle Burger déclare avoir entendu quatre coups de feu, indiquant qu'il y avait eu une pause plus longue entre le premier et le deuxième coup de feu qu'entre le deuxième et le troisième et entre le troisième et le quatrième. Sur le coup, elle pense à un cambriolage, loin de s'imaginer le drame qui se noue à huis clos. "C'était quelque chose que vous ne pouvez expliquer, combien ces cris pouvaient être anxiogènes", conclut-elle après avoir montré sur une carte où sa maison se trouvait par rapport à celle d'Oscar Pistorius, tout en indiquant que ce n'est que le lendemain qu'elle a fait le rapprochement entre les événements de la nuit et la mort de Reeva Steenkamp.
Oscar Pistorius, qui soutient la thèse de l'accident, et qui a même demandé une reconstitution en 3D des faits de cette nuit du 14 février, a écouté ce témoignage en prenant des notes, pendant que la mère de Reeva Steenkamp le fixait avec une grande intensité. L'audience a été suspendue et reprendra avec la suite des témoignages, jugés prépondérants, puisque c'est sur ceux-là que s'est basée la police pour établir les faits.