Attendu, ou plutôt espéré, dans les nominations aux Oscars 2014, La Vie d'Adèle est reparti bredouille. Un zéro pointé qui symbolise, selon quelques avis hâtifs, une certaine impuissance du cinéma français, lequel avait toutefois fini par nous habituer à sa présence avec The Artist en 2012 et Amour en 2013. Mais ce serait oublier que cette 86e cérémonie des Oscars verra pourtant concourir quelques Français, disséminés ici et là dans les nominations et souvent attachés à une production internationale.
Ernest & Célestine – Meilleur film d'animation
Bravo à Benjamin Renner, Stéphane Aubier et Vincent Patar, le trio de réalisateurs à qui l'on doit l'excellent Ernest & Célestine. Pour le public français, la sortie de ce film d'animation remonte à décembre 2012. Il racontait la belle histoire d'amitié non conventionnelle entre un ours et une souris, l'un étant marginal, l'autre, une rebelle orpheline. Doté d'une belle animation à la mano, Ernest & Célestine avait remporté sans discussion le César du meilleur film d'animation en février 2013, après s'être distingué à Cannes et à Sarlat l'année précédente. L'aventure continue pour ce film scénarisé par Daniel Pennac et doublé par Lambert Wilson et Pauline Brunner.
Ses adversaires aux Oscars : Moi, moche et méchant 2, Les Croods, La Reine des Neiges, Le Vent se lève.
Mr. Hublot – Meilleur court métrage d'animation
Encore et toujours l'animation, avec une nomination française à l'Oscar du meilleur court d'animation. C'est le Nordiste Laurent Witz qui a fait équipe avec le Perpignanais Alexandre Espigares pour ce film qui suit Mr Hublot, un vieil homme qui déteste sortir de chez lui. L'arrivée du chien Robot Pet va alors chambouler ses habitudes.
Ses adversaires aux Oscars : Feral, Get A Horse !, Possessions et Room on the Broom.
Avant que de tout perdre – Meilleur court métrage
À défaut de figurer dans la prestigieuse catégorie des longs métrages, la France place un autre court. Et pas n'importe lequel, puisqu'il s'agit de la réalisation de Xavier Legrand produit par le fils de Constantin Costa-Gavras, Alexandre Gavras. Le court métrage de 30 minutes suit deux adolescents (un garçon qui sèche l'école et une fille en larmes) et une jeune femme entrant dans un magasin. L'intrigue paraît déroutante, mais le film l'est tout autant. Léa Drucker est la vedette de ce court.
Ses adversaires aux Oscars : Aquel No Ere Yo, Helium, Do I Have to Take Care of Everything, The Voorman Problem.
Julie Delpy – Scénariste de Before Midnight
Ses nombreuses citations pour sa prestation dans Before Midnight feraient presque oublier que Julie Delpy a également coscénarisé le film avec Richard Linklater (le réalisateur) et Ethan Hawke (son partenaire dans le film). Elle figure ainsi dans la catégorie du meilleur scénario original.
Ses adversaires aux Oscars : Billy Ray (Capitaine Phillips), Steve Coogan et Jeff Pope (Philomena), John Ridley (12 Years a Slave), Terence Winter (Le Loup de Wall Street).
Pierre Coffin - Réalisateur de Moi, moche et méchant 2
S'il y a bien une personne à qui l'on doit l'existence de nos adorable Minions, c'est bien ce réalisateur et animateur français qui a coréalisé avec Chris Renaud le premier Moi, moche et méchant ainsi que sa suite aujourd'hui nommée aux Oscars. Pour ce deuxième volet, ce sont 935 millions de dollars qui ont été amassés. Coffin illustre aujourd'hui la réussite de l'animation à la française à l'étranger.
Ses adversaires aux Oscars : Les Croods, La Reine des Neiges, Le Vent se lève, Ernest & Célestine.
Philippe Le Sourd – Directeur de la photographie de Grandmasters
Parmi les nombreux techniciens du septième art que l'étranger nous envie, Philippe Le Sourd. Proche de Ridley Scott avec qui il s'est révélé, c'est Wong Kar-wai qui a fait appel à son savoir-faire pour le très esthétique Grandmasters.
Ses adversaires aux Oscars : Roger Deakins (Prisoners), Bruno Delbonnel (Inside Llewin Davis), Emmanuel Lubezki (Gravity) et Phedon Papamichael (Nebraska).
Bruno Delbonnel - Directeur de la photographie d'Inside Llewin Davis
Après avoir éclairé les deux plus grands films français de Jean-Pierre Jeunet (Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain et Un long dimanche de fiançailles), Bruno Delbonnel est courtisé par Hollywood, notamment par la Warner qui le débauche pour Le Prince de sang-mêlé, sixième volet de la saga Harry Potter. Trois films pour lesquels Delbonnel est nommé aux Oscars, mais ne gagne rien. Il nous revient en 2014 avec les frères Coen et ce très beau Inside Llewyn Davis.
Ses adversaires aux Oscars : Roger Deakins (Prisoners), Philippe Le Sourd (Grandmasters), Emmanuel Lubezki (Gravity) et Phedon Papamichael (Nebraska).
Alexandre Desplat – Compositeur pour Philomena
Immanquable Alexandre Desplat. Désormais régulièrement cité aux côtés des plus grands maîtres en la matière (John Williams, Hans Zimmer), le compositeur français n'a encore jamais remporté la précieuse statuette, malgré déjà cinq citations, dont une l'an passé pour Argo. Tout le monde se l'arrache, et c'est sans surprise qu'on le retrouve en 2014 avec Philomena, le dernier long métrage de Stephen Frears.
Ses adversaires aux Oscars : John Williams (La Voleuse de Livres), Steven Price (Gravity), William Butler et Owen Pallett (Her) et Thomas Newman (Dans l'ombre de Mary).