Retenez bien ce nom car son film va créer l'événement : à 50 ans, Paola Cortellesi débarque en France avec un film marquant. Racontant le patriarcat et notamment les violences conjugales dans les années 40 à Rome, dans une histoire inspirée notamment de sa mère et de sa grand-mère, la jeune femme signe avec Il reste encore demain l'un des films les plus réussis de ce début d'année.
Un film qui a déjà un grand succès en Italie : avec plus de 5 millions d'entrées, il a créé un événement et lancé un débat sur les violences conjugales et les féminicides dans le pays. Pour le plus grand bonheur de sa réalisatrice, qui savoure son succès. Il faut dire qu'en vingt-cinq ans de carrière, elle a bien plus souvent été saluée pour des comédies légères et populaires que pour des drames.
Née à Rome en 1973, la toute jeune quinquagénaire se fait notamment connaître en faisant des sketchs sur la RAI (la télévision publique italienne) au début des années 2000. Avec ses perruques, elle imite Céline Dion et Britney Spears, avant de débuter sa carrière au cinéma dans des films toujours plutôt humoristiques. Une expérience dont elle garde un souvenir mitigé. "Quand j'écrivais des sketchs pour la RAI, je ne travaillais qu'avec des hommes. Parfois, je proposais une idée et ils se regardaient entre eux pour décider", s'est elle notamment souvenue pour nos consoeurs de Libération.
Aujourd'hui plus libre d'écrire ce qu'elle veut, la pétillante italienne, qui a obtenu l'équivalent d'un César de la meilleure actrice en 2011, continue de s'entourer de personnes qui comptent pour elle. A ses côtés depuis trente ans, l'acteur Valerio Mastandrea, qui fut son compagnon, joue le mari tyrannique de son premier film. "J'admire sa capacité à trouver le public. C'est une machine, elle est hyper méthodique. Et on rigole tout le temps", raconte-t-il quant à lui. Son mari actuel, Riccardo Milani, également réalisateur et scénariste, écrit à ses côtés.
Une "machine" que "tout le monde aime", selon son entourage. La preuve, si elle se définit "orientée à gauche", il a suffi qu'elle appelle la Première ministre d'extrême-droite, Giorgia Meloni, à réagir à son film pour que celle-ci salue publiquement "un film courageux" et renforce les sanctions contre les harceleurs.
Un appel qu'elle revendique complètement, malgré les positions parfois ouvertement sexistes de Giorgia Meloni. "Ce n'est pas le moment de penser aux divergences politiques. Pour la premier fois, une femme est à la tête de l'Etat et nous avons ce dénominateur en commun : être des femmes", argumente-t-elle. Un féminisme plus important que tout, surtout dans un contexte de lutte contre les violences faites aux femmes, qu'elle inculque aussi à sa fille, Laura, 11 ans. "Je n'utilise pas le mot féminisme avec elle. Mais je lui inculque la liberté, le respect de soi-même et des autres", explique-t-elle. Et on espère qu'en Italie, comme en France, les choses vont enfin pouvoir changer...