Patrick de Carolis est dans de beaux draps. Alors que le volet politique de l'affaire Bygmalion flambe depuis les confessions de l'avocat de cette agence de communication, LePoint.fr fait de nouvelles révélations sur son volet médias, dans lequel Patrick de Carolis est déjà mis en examen pour "favoritisme" en tant qu'ancien PDG de France Télévisions. Selon nos confrères, Patrick de Carolis a reçu 120 000 euros de Bygmalion et s'interroge : s'agit-il de rétrocommissions ?
LePoint.fr a eu accès à des documents comptables "édifiants" : "En 2011, l'ex-patron du Service public a touché de Bygmalion 47 800 euros via sa société Patrick de Carolis Consulting et Participations. Puis encore 71 700 euros en 2012. Soit un total de 10% du montant des contrats signés en cinq ans par France Télévisions avec Bygmalion."
Copain comme Copé
Petit rappel. Bygmalion a été fondée en 2008 par Bastien Millot et Guy Alvès, deux proches de Jean-François Copé. À la création de cette agence de communication, Bastien Millot est encore salarié de France Télévisions, dont il était le numéro 3 recruté par Patrick de Carolis. Il prend un congé sabbatique pour créer son entreprise qui signe très vite d'importants contrats avec France TV. "La société de Bastien Millot va recevoir 1,2 million d'euros d'argent public pour des prestations à l'intitulé on ne peut plus flou : 'accompagnement stratégique', 'préparation d'éléments de langage' ou encore 'courrier des lecteurs'", écrivent nos confrères du Point.
Le 11 avril dernier, Bastien Millot est mis en examen pour "recel de favoritisme" pour ces fameuses "missions de communication" alors qu'il était encore le directeur délégué auprès du président Patrick de Carolis. Le présentateur de Des racines et des ailes est lui aussi poursuivi pour "favoritisme" par le juge Renaud Van Ruymbeke.
Dans son audition, Patrick de Carolis affirmait que ce n'était pas "au président de France Télévisions de négocier les contrats en-deçà de 2 millions". Il ajoute n'avoir "pas donné d'accord à M. Millot" et se défausse sur le secrétaire général de France TV. "Dans les comptes de Bygmalion, écrit LePoint.fr, c'est pourtant sa société qui apparaît comme bénéficiaire de plusieurs chèques." Patrick de Carolis n'a pas souhaité s'exprimer sur l'article du Point.
Bastien Millot "réfute catégoriquement ces accusations", déclarait-il alors à l'AFP. "Toutes les prestations que j'ai effectuées pour France Télévisions l'ont été dans le strict respect du droit. Et le délit de favoritisme n'a pas d'application au sein de l'entreprise France Télévisions." Son associé Guy Alvès n'a lui été qu'entendu par le juge.
L'UMP au plus mal
Mais le volet le plus spectaculaire de l'affaire Bygmalion est politique. Le 5 mars, le parquet de Paris ouvrait une enquête préliminaire sur les accusations de surfacturations à l'UMP par Event et Cie, la filiale événementielle de Bygmalion. Le 15 mai, Libération affirmait par exemple que l'UMP avait réglé pendant la campagne de Nicolas Sarkozy près de 20 millions d'euros à Event et Cie pour des événements parfois fictifs. Le député UMP Pierre Lellouche "conteste formellement" avoir participé à une conférence de mai 2012 facturée 299 000 euros à l'UMP par Event et Cie où son nom apparaît pourtant comme principal intervenant.
Jean-François Copé, le chef de l'UMP, doit rendre des comptes. Tout s'accélère lundi 26 mai : l'avocat de Bygmalion, Me Patrick Maisonneuve, donne une conférence de presse et reconnaît des "fausses factures" et de "vraies fausses factures" pour "plus de 10 millions d'euros". Il dénonce une "affaire des comptes de campagne" de Nicolas Sarkozy et un système mis en place "à la demande de l'UMP" pour dissimuler les dépenses liées aux meetings de Nicolas Sarkozy en 2012.
Second coup de tonnerre quand sur BFMTV, l'ex-directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy, Jérôme Lavrilleux, reconnaît en larmes que des prestations fournies par la société Bygmalion avaient été indûment facturées à l'UMP au lieu d'être imputées aux comptes de campagne du candidat. Il assure enfin que ni Nicolas Sarkozy ("très mécontent" d'être cité dans cette affaire selon son ami Brice Hortefeux) ni Jean-François Copé ne savaient. Une tête vient de tomber... Mais cela sera-t-il suffisant ?
Ce mardi matin, Jean-François Copé, qui devrait porter plainte contre X dans cette affaire, a annoncé qu'il démissionnait de la présidence du parti. Une démission effective à partir du 15 juin. Il prendra la parole ce soir au JT de TF1. L'intérim à la tête de l'UMP sera assuré par trois anciens Premiers ministres, Jean-Pierre Raffarin, Alain Juppé et François Fillon. Le congrès anticipé et les nouvelles élections à la tête du parti se tiendront à la mi-octobre. Copé pourra-t-il être candidat ?