Pete Townshend terminait fin février les dates nord-américaines de Quadrophenia, la tournée du groupe culte The Who dont il est le guitariste et le songwriter. Avant de reprendre cet été en Europe, un an après sa participation à la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Londres, le guitariste revient dans Le Figaro sur son autobiographie, intitulée Who I Am (Albin Michel), sur laquelle il a travaillé près de 20 ans. Dans cette interview, il porte un regard très lucide sur "l'industrie du rock'n'roll".
"En 1995, quand j'ai écrit le premier tiers du livre et que je l'ai présenté à un éditeur, on m'a répondu 'on veut un livre de rock'n'roll, on se fout du reste', raconte Pete Townshend. Je comprenais ce point de vue sur un plan commercial. Mais pour raconter ces histoires rock'n'roll et expliquer notre succès, il fallait que j'explique d'où je venais, et ce dans les plus moindres détails." Le guitariste confie avoir adoré écrire sa biographie, mais il ajoute que vers la fin, c'était devenu un cauchemar à force de relectures. Aujourd'hui publié en France, Who I Am est le témoignage définitif de l'artiste : "Ce livre est le truc le plus vrai que j'ai fait de ma vie ; j'ai voulu retranscrire toute la vérité. Quand je serai mort, les gens auront au moins ça sur quoi s'appuyer. J'aurai 70 ans dans deux ans, et je ne me vois pas continuer à jouer sur scène à cet âge-là."
Dans Who I Am, Pete Towsnhend consacre de longs passages à ses contemporains comme Eric Clapton, David Bowie (en plein come-back après dix ans de silence), Mick Jagger et reconnaît que leur sex-appeal est intimement lié à l'histoire du rock : "Quand j'ai intégré l'école d'art, à 16 ans, je n'avais jamais embrassé de fille. [...] Encore aujourd'hui, je ne comprends pas pourquoi certaines femmes me trouvent attirant quand d'autres me considèrent comme un vieux chauve avec un grand nez. Je ne sais toujours pas comment fonctionnent les femmes. Je sais qu'une grande partie de cette industrie est concernée par l'attraction sexuelle, et cela ne m'intéresse absolument pas. Peut-être parce que j'ai la chance d'avoir Roger Daltrey [le charismatique chanteur des Who, NDLR] qui est parfait dans ce rôle-là, auprès de moi sur scène."
Pete Townshend révèle également qu'il déteste voyager et regrette que les tournées incessantes aient un impact assez redoutable sur la créativité : "Je suis bon sur scène, mais je n'aime pas beaucoup ça. Et je déteste voyager. J'aimerais écrire en permanence. Mais les deux aspects du boulot sont importants. Il faut connaître son public afin de pouvoir composer pour lui. Une fois qu'on aura eu fini cette tournée Quadrophenia, à Paris [le 3 juillet prochain à Bercy, NDLR] et à Amsterdam, les fans allemands, danois, italiens, japonais et australiens nous réclameront. On pourrait passer notre temps à faire le tour du monde à ressasser les mêmes choses, mais ça ne m'intéresse pas."
Sur la quatrième de couverture de son livre, le guitariste écrit : "Durant des années, j'ai écrit des chansons pour mon groupe. Ce livre pourrait bien être mon premier album solo." Who I Am, de Pete Townshend est attendu le 4 avril chez Albin Michel.