Les trois hommes soupçonnés d'avoir agressé lundi 15 mai 2023 le petit-neveu de Brigitte Macron, Jean-Baptiste Trogneux, en marge d'une manifestation non déclarée contre la réforme des retraites, ont été placés mercredi 17 mai en détention provisoire jusqu'à leur procès, renvoyé au 5 juin, indique l'AFP. Brigitte Macron s'était indignée de "la lâcheté" des auteurs de l'agression de son petit-neveu. Selon BFMTV, la victime a refusé une protection policière.
Âgés de 20, 22 et 34 ans, ces prévenus aux profils de marginaux devaient initialement être jugés à Amiens en comparution immédiate, notamment pour violences en réunion, mais leurs avocats ont demandé plus de temps pour assurer leur défense. Le président du tribunal a prononcé un mandat de dépôt à leur encontre en raison "du risque de réitération des faits". Cette décision est conforme à la demande du procureur, Jean-Philippe Vicentini. "Dans la démocratie, on doit parler, on ne peut pas cogner", avait-il argué. "Il ne faut pas qu'on attende d'avoir un mort dans ce pays pour que la raison s'impose à nouveau." Une adolescente de 16 ans, également poursuivie, doit elle être jugée par un juge des enfants "d'ici quelques mois" selon son avocat, Me Marc Blondet.
On peut parler de cas sociaux
Parmi les prévenus, déjà condamnés pour des violences et des agressions, le plus jeune, Florian C., est un travailleur handicapé en raison de son illettrisme. Le plus âgé, Yoan L., est sous curatelle. "En 15 secondes, on se rend compte qu'il faut une expertise psychiatrique", a déclaré à l'audience l'avocat de ce dernier, Me Ibrahima Ndiaye. Mais il a refusé une expertise psychiatrique demandée par le tribunal mercredi. "Ce sont des jeunes qui ont un parcours chaotique, des difficultés notamment d'ordre psychologique", a développé Me Marc Blondet, l'avocat du troisième prévenu, Adrien F., qui peine selon lui à lire et à écrire. "On peut parler de cas sociaux."
Huit personnes avaient été interpellées dans ce dossier, dont quatre relâchées mardi soir après leur garde à vue. Dès la révélation des faits, des voix à gauche comme à droite se sont alarmées de la violence du débat politique, Emmanuel Macron dénonçant "des actes insupportables et inqualifiables".
Patron de la célèbre chocolaterie fondée par l'arrière grand-père de Brigitte Macron, la victime, Jean-Baptiste Trogneux, 30 ans, souffre notamment "d'une ou deux côtes cassées" et de "doigts foulés", selon son père Jean-Alexandre. De source policière, il a reçu quatre jours d'incapacité totale de travail (ITT). Le petit-neveu de la première dame rentrait lundi à son domicile, situé au-dessus de la chocolaterie, quand il a été "reconnu", pris à partie, puis molesté par plusieurs personnes qui participaient à une manifestation non déclarée, a décrit son père. Les faits ont eu lieu peu après une interview d'Emmanuel Macron au 20H00 de TF1.
Selon Jimmy Lelièvre, l'un des gardés à vue relâché sans poursuites et rencontré devant le tribunal, le petit groupe s'est retrouvé à 20H00 puis est parti "en manif sauvage", avant de s'arrêter devant la chocolaterie. "Un de mes collègues a pris deux grosses poubelles, il les a mis devant pour faire un barrage", a raconté à l'AFP cet homme de 29 ans en recherche d'emploi, portant une casquette à l'envers et un haut de survêtement. Puis "Jean-Baptiste Trogneux est intervenu, il a plaqué au sol mon collègue. Autant vous dire que mon collègue ne s'est pas laissé faire". "C'est de la légitime défense", a-t-il plaidé.
Jean-Baptiste Trogneux "conteste formellement" cette version, selon son avocat Franck Delahousse. "Il a voulu défendre la vitrine de son magasin, déjà visée à plusieurs reprises." "Il doit une partie de son salut à un voisin courageux, qui a clairement témoigné" qu'il n'était pas "à l'origine de cette agression", a insisté l'avocat. La chocolaterie Trogneux faisait l'objet d'une surveillance policière à chaque manifestation, et d'une vidéosurveillance, selon l'adjoint à la sécurité de la ville, Hubert de Jeanlis.
Depuis la promulgation mi-avril de la réforme des retraites, des concerts de casseroles sont organisés quasiment à chaque déplacement d'Emmanuel Macron ou d'un membre du gouvernement, mais aussi pendant les allocutions télévisées du chef de l'Etat.