Carton jaune pour France Télévisions. Critiquée comme rarement après les commentaires jugés sexistes de Nelson Monfort et Philippe Candeloro durant les Jeux olympiques d'hiver de Sotchi en février, la chaîne du Service public vient d'être épinglée par le CSA. Hier, lundi 17 mars, les Sages ont en effet décidé de lui adresser une "mise en garde ferme" après les propos de leurs commentateurs vedettes.
Des propos au caractère "graveleux"
"On a été harcelés par les téléspectateurs." Christine Kelly, gendarme de l'audiovisuel, avait prévenu, il y a quelques jours, que le CSA allait "examiner" le dossier après la réception d'une multitude de plaintes. Et le Conseil a finalement décidé de ne pas sanctionner France Télé mais de lui adresser un sérieux avertissement, reconnaissant le caractère sexiste de certains propos. "Le Conseil a estimé que les propos tenus par ces commentateurs, par leur teneur et leur caractère graveleux portant en particulier sur l'aspect physique de sportives, étaient extrêmement déplacés et que certains d'entre eux étaient même de nature à refléter des préjugés sexistes", expliquent ainsi les Sages.
Le CSA en a profité pour rappeler à France Télévisions sa mission de Service public et égratigner, sans le nommer, le patron des sports, Daniel Bilalian, qui a publiquement soutenu Philippe Candeloro et Nelson Monfort. "Face aux réactions suscitées par ces propos, le Conseil a relevé, en le regrettant vivement, que la direction responsable des sports s'en était tenue à une attitude de dénégation", ont-ils ajouté, considérant par ailleurs que "le Service public se [devait] d'être exemplaire en matière de promotion de l'image et de la place de la femme." Les Sages ont également souligné que ce n'était pas leur premier rappel à l'ordre, puisqu'ils ont déjà "attiré l'attention de France Télévisions sur la contradiction entre, d'une part, les actions menées au niveau du groupe en la matière et, d'autre part, la teneur des propos tenus au sein de certains de ses programmes." Un véritable désaveu pour France Télé...
France Télévisions défend un "excès d'enthousiasme"
Connu pour son humour souvent grivois, Philippe Candeloro avait cette fois choqué certains téléspectateurs après des remarques jugées sexistes durant les épreuves de patinage à Sotchi. "Je connais un anaconda qui serait bien allé embêter cette Cléopâtre canadienne", avait-il notamment déclaré à l'antenne, comparant également la poitrine d'une patineuse à celle de Monica Bellucci. L'intéressé avait toutefois nié tout sexisme. "Si les gens sont coincés de la fesse, j'y peux rien ! Mais je n'ai pas eu le sentiment d'avoir été trop loin : je ne fais jamais du trash ni du graveleux", s'était défendue l'ex-star de la glace. Dans C à vous sur France 5, Nelson Monfort avait quant à lui parlé d'attaques "profondément injustes", rappelant qu'il était "marié et père de deux filles".
Pour leur patron, Daniel Bilalian, ces propos ne posaient également aucun problème, et d'évoquer un simple "excès d'enthousiasme" de la part des deux commentateurs. "Il n'y a rien de sexiste à dire que les gens sont beaux, c'est normal, (...) Philippe, c'est un titi parisien, un personnage des Tontons flingueurs", avait-il notamment assuré sur Europe 1, ajoutant au passage ne pas "s'inquiéter de l'interrogation du CSA sur le fait que les commentateurs puissent exprimer leur enthousiasme à l'antenne tout en le faisant partager à des millions de téléspectateurs", à la lettre spécialisée Média+. L'ex-présentateur du JT de France 2 devrait toutefois se méfier de cet "enthousiasme" sous peine de voir son équipe, qui s'est une nouvelle illustrée lors des JO paralympiques, recevoir un carton rouge...