Elle est celle qui a brisé la malédiction. Adelina Sotnikova est devenue à 17 ans la première championne olympique russe de patinage artistique. Une revanche et une bataille qu'elle mène pour sa soeur, malade.
Des années que la Russie courait après un titre olympique chez les femmes. Mais à chaque fois, les jeunes filles échouaient à glaner l'or dans une discipline que le pays de Vladimir Poutine a fait sienne. Quelques jours après avoir offert sa première médaille en or des JO lors de l'épreuve de patinage artistique par équipe, la prodige russe Yulia Lipnitskaya ne confirmait pas en individuel, victime d'une chute, laissant la place libre à la jeune Adelina Sotnikova.
Au-delà d'une première place qui souligne une nouvelle fois le scandale des notes dans le patinage artistique, l'élève de la légende Elena Bouïanova a réalisé un programme technique parfait, même si sa prestation artistique était bien loin de celles des deux favorites – la tenante du titre et médaillée d'argent Kim Yu-na et l'Italienne Carolina Kostner –, déclenchant un tonnerre d'applaudissements chez les 12 000 spectateurs présents dans l'enceinte glacée.
Un premier sacre international pour la jeune fille, championne de Russie à 11 ans et jamais battue depuis, championne du monde junior en 2011. Un trophée qu'elle dédie à sa soeur, comme elle l'a expliqué après coup, loin des polémiques autour des notes et de la présence d'une Russe, Alla Shekhovtsova, la femme du directeur de la Fédération russe, parmi les juges.
"Tout ça, c'est pour ma soeur", lâchait-elle simplement après sa performance. Sa soeur qui souffre du syndrome de Treacher Collins, une maladie génétique qui entraîne de graves déformations du visage et dont les opérations sont uniquement réalisées grâce aux gains d'Adelina, qui développe son art depuis l'âge de 4 ans. Une histoire de famille ? Pas seulement. Adelina Sotnikova a encore en tête sa non-sélection pour l'épreuve par équipe, où elle avait dû céder sa place à l'adolescente Yulia Lipnitskaya sur décision du ministre des Sports, Vitali Moutko, séduit par le titre européen qu'elle avait décroché trois semaines avant les JO. "C'était une insulte, parce que je savais que nous décrocherions une médaille. Mais j'ai utilisé cet affront pour gagner ce soir", affirma-t-elle avec aplomb, avant de conclure : "Finalement, j'ai su profiter de tout ça."
Et la Russie aussi.