"Plus que deux semaines, Pierrot", l'encourageait lundi son complice Hervé Mathoux : après de longs mois d'un calvaire médical qui a commencé en plein Euro 2016, Pierre Ménès, 53 ans, voit enfin le bout du tunnel. Sauvé par une double greffe inespérée du foie et du rein, le spécialiste du ballon rond fera son retour dans le Canal Football Club le 2 avril et tout le monde, de ses copains de plateau aux téléspectateurs qui se languissent de son expertise acérée, a hâte. Lui aussi, même si l'émotion risque d'être très difficile à contenir...
"Professionnellement, je n'ai aucune appréhension. En revanche, sur le plan émotionnel, je l'appréhende beaucoup, prévient Pierre Ménès dans une interview accordée au site lephocéen.fr. J'aurai certainement du mal à retenir mes larmes. J'ai reçu tellement de messages d'amour et de soutien de la part de mes collègues de l'antenne, mais aussi du milieu du foot et des anonymes sur les réseaux sociaux." Y compris de Marseillais, comme il le souligne au cours de son entretien téléphonique avec le média provençal dédié à l'actualité de l'Olympique de Marseille : "Les supporters de l'OM pensent toujours que je suis anti-OM, pareil pour les Stéphanois et les autres... En revanche, j'ai reçu beaucoup de témoignages très sympas de la part de Marseillais. Je ne mets pas tout le monde dans le même panier. De toute façon, les commentateurs se font toujours allumer, c'est la règle. On ne se rend pas compte de la difficulté de l'exercice."
À ce sujet, Pierrot, réputé pour ses tacles bien sentis lorsqu'il décortique les performances des footballeurs, tombe le masque et avoue être touché par les attaques qui le visent : "Tu retiens toujours les 10 ou 15 commentaires haineux parmi les centaines que tu reçois. On s'habitue très bien aux compliments, mais pas aux attaques, en tout cas pour ma part. Je pensais que cela passerait avec ma maladie, mais je ne change pas. Je n'aime pas que l'on déforme mes propos. Je pensais que je serais un peu plus philosophe, mais non. Dans un sens, ça me rassure." Et nous aussi, puisqu'on devrait donc le retrouver avec son franc-parler intact. Une vraie "renaissance", puisque c'est le hashtag ("#rebirth") qu'il utilise en accompagnement de ses tweets _ dernièrement, une photo rendant compte de la visite amicale de son "Estelle Denis chérie".
S'il a rendu hommage de manière très émouvante, dans de récents propos recueillis par Télé Loisirs, à sa compagne Mélissa et à ses enfants Anne (28 ans) et Axel (25 ans), Pierre Ménès dispose aussi de soutiens précieux du côté de la Canebière : les attaquants Florian Thauvin, néo-sélectionné en équipe de France, et Bafétimbi Gomis ainsi que Rudi Garcia, l'entraîneur de l'OM, ne l'ont pas lâché durant cette période si difficile. "Flo, je l'aime beaucoup. Il fait partie de ceux qui m'ont beaucoup soutenu dans ma maladie, avec évidemment Bafé qui a été comme un frère en m'appelant toute les semaines, comme Rudi Garcia", mentionne-t-il.
Il aura à n'en pas douter à commenter dans les prochaines semaines et les prochains mois l'actualité de l'Olympique de Marseille et de cet OM Champions Project enclenché avec l'arrivée du propriétaire américain Frank McCourt, une nouvelle ère qui commence à prendre forme : "Je trouve que ce qui est fait depuis son arrivée est très bien. Le mercato est une réussite, avec Sanson et Payet qui occuperont une place centrale la saison prochaine, alors que je suis moins convaincu par le recrutement d'Evra. Il y a une volonté de bien faire, de faire progresser le club y compris au niveau des infrastructures", remarque-t-il déjà, distribuant au passage quelques bons points au président Jacques-Henri Eyraud, dernier invité du CFC en date, à ses yeux "intelligent", "sérieux" et qui "communique bien".
Parallèlement à son retour à l'antenne, Pierre Ménès s'est donné une autre mission, celle de sensibiliser l'opinion au don d'organes : "Pour le moment, rappelle-t-il au Phocéen, 40% des familles de défunts refusent le don, ce qui peut se comprendre compte tenu du malheur qu'elles traversent. Si on réussissait à faire baisser ce taux à 20%, il n'y aurait plus de problèmes de greffon en France. Sans donneur, je serais mort aujourd'hui, alors, je veux faire passer le message." Un message que son livre Deuxième mi-temps, aux éditions Kero, doit l'aider à porter.