Le succès n'est parfois pas suffisant. Plébiscitée par 2,8 millions de spectateurs pour La Rafle (2009), la réalisatrice Rose Bosch avait fermement attaqué quiconque n'avait pas pleuré devant son film, allant jusqu'à oser attaquer le site Overblog pour faire retirer une critique négative enflammée. Chose que la justice vient de lui refuser.
Lors de la sortie du film, Rose Bosch avait libéré le monstre pendant une interview mémorable avec Les Années Laser. Expliquant que le spectateur qui n'avait pas pleuré devant La Rafle était inquiétant, elle déclarait : "Il lui manque un gène : celui de la compassion. (...) On pleure pendant La Rafle parce que... on ne peut que pleurer. Sauf si on est un enfant gâté de l'époque, sauf si on se délecte du cynisme au cinéma, sauf si on considère que les émotions humaines sont une abomination ou une faiblesse. C'est du reste ce que pensait Hitler : que les émotions sont de la sensiblerie. Il est intéressant de voir que ces pisse-froid rejoignent Hitler en esprit, non ?"
Internet contre-attaque
Une pensée accueillie avec effroi par les médias, qui s'étaient empressés de lui répondre que le cinéma et l'Histoire étaient deux choses sans commune mesure. Particulièrement choquée, une internaute avait vivement attaqué la cinéaste sur son blog Selenie.fr dans un article sobrement intitulé Rose Bosch devrait fermer sa g... : "Outre le fait notable de dire une des plus grosses conneries de ces dernières années, (...) ce qui me choque le plus est l'incroyable narcissisme dont elle fait preuve. Car comparer ceux qui n'ont pas pleuré lors de son film à Hitler est une bêtise. (...) Car le plus frappant dans tous ça, c'est que Rose Bosch doute 'des gènes' de nombreux spectateurs et critiques mais ne doute pas un seul instant de la qualité intrinsèque de son second film. Jamais elle ne se dit que si l'émotion n'est pas si bien passée que ça, c'est peut-être (et sans doute) à cause d'elle, elle qui n'aurait pas su la faire passer correctement ?! Jamais cette remise en question lui frôle l'esprit (le gène ?!) !!!"
Vraisemblablement sensible aux critiques, Rose Bosch avait décidé en avril 2012 de mettre en demeure l'hébergeur Overblog. Citant des propos "injurieux et illicites" à son encontre, elle demandait que l'article soit supprimé et l'identité de l'auteur, révélée. Face au refus d'Overblog, elle portait plainte et réclamait 1000 euros par jour jusqu'à ce que le papier soit retiré.
Finalement, le bon sens l'a emporté puisque le tribunal de grande instance de Paris a donné raison à l'hébergeur : "Même s'ils sont exprimés en termes plus vulgaires, vifs et désagréables, les passages dont se plaint la demanderesse ne caractérisent pas une injure visant sa personne ; ils ne constituent pas davantage un dénigrement de son film, ni de son oeuvre passée ou future, mais seulement une appréciation très critique et un jugement de valeur portés par l'auteur du blog sur les déclarations de Rose Bosch."
Trois ans après sa sortie, cette production sur la Rafle du Vel d'hiv à 20 millions d'euros, portée par Mélanie Laurent, Gad Elmaleh et Jean Reno, continue tristement d'alimenter la controverse.