Tout juste a-t-on eu le temps de vous dévoiler le nouveau son de Pony Pony Run Run, Just a song, annonciateur d'un second album (très) attendu pour le 27 février 2012 et déjà assorti d'une salve de dates de concert, que le trio atlantique balance aujourd'hui le clip qui l'accompagne. Une composition riche et déstabilisante, à clés et à énigmes...
Après les images simili-amateur du trip lointain de Hey You, la romance fantasmée à coups de décors en carton-pâte et montée à rebours de Walking on a line, et les figurants dandinants effectivement hors de contrôle de Out of Control, c'est un saisissant et esthétisant patchwork de sang, de sensualité, de symboles et de mysticisme que PPRR livre pour illustration de Just a song, morceau qui réinstalle l'ambition "french synthpop" du groupe, doté d'une ligne de basse groovy et d'un refrain élégiaque et entêtant soutenu par une guitare liquide.
Le clip s'ouvre sur un plongeon dans le vide. Et de fait, pour le spectateur, c'est une plongée dans l'inconnu, qui s'avérera vertigineuse à mesure que les images et les feelings s'accumuleront. Construit comme une collection d'instantanés chargés d'affect et de sensorialité piochés dans la mémoire d'un adolescent, le clip de Just a song compile avec une force visuelle hypnotique des moments de vie riches en puissance émotionnelle, imprimés de manière indélébile dans la chair et l'esprit, constitutifs de l'homme qu'on fut, est et sera. En fait, le saut de l'ange du début n'a rien d'un suicide ; il s'agit a contrario d'une jouvence, d'un abandon rétro- et introspectif aux rêves de jeunesse et à la sensibilité adulescente, qui vient étayer le leitmotiv de la chanson : "Precious time is missing/Everybody's looking for feelings (...) Precious life we're missing/Seems so hard to enjoy your dream."
Autour de la trajectoire d'un jeune garçon happé par le cosmos et qui rêve d'espace s'amalgame une foule de sensations, de la haine au désir : l'excitation, les fantasmes et les premiers émois charnels sont notamment omniprésents à travers la nudité des femmes, lascives, une ambiance douce-amère et ambigue pas sans évoquer Virgin Suicides, et des tableaux confinant au fétichisme. Un bric-à-brac sensoriel et mémoriel passé au crible avec un regard acéré. Fascinant.
G.J.