Deux mois après ses confessions intimes inédites au Daily Telegraph sur le "chaos total" qu'il a vécu suite à la mort de sa mère Lady Diana en 1997, et à deux mois de la commémoration du vingtième anniversaire de la disparition accidentelle de la princesse de Galles, le prince Harry livre un nouveau témoignage saisissant sur l'impact qu'a eu cette épreuve et le travail qu'il a effectué tardivement pour reprendre sa vie en main.
Dans une interview-portrait publiée dans la revue Newsweek et réalisée par la journaliste Angela Levin, le prince anglais aujourd'hui âgé de 32 ans y revient notamment sur le traumatisme des funérailles, célébrées publiquement à Londres le 6 septembre 1997. "On ne devrait pas demander à un enfant de faire cela", fustige-t-il en se rappelant comment il a dû, alors âgé de 12 ans et en pleine détresse, marcher longuement derrière le cercueil tandis que le monde entier regardait.
Avec une touchante sincérité et sans filtre, Harry mesure le temps qu'il lui a fallu pour accepter de faire son deuil. Après de longues années aux allures de fuite en avant - au sein de l'armée, mais aussi dans la fête, l'alcool et les scandales - qui lui ont valu son surnom tenace de Dirty Harry, le jeune homme a fini par solliciter une aide psychologique à 28 ans, sur les conseils de son frère William, et a réussi à se remettre sur les rails, même si cette quête n'est pas encore achevée. "Au bout d'un moment, j'ai sorti la tête du sable, j'ai commencé à écouter les gens autour de moi, et j'ai décidé d'utiliser mon statut pour faire des choses bien", résume-t-il, transformé et épanoui dans ses missions caritatives, en particulier auprès des blessés de guerre.
Totalement perdu, il a même voulu quitter la famille royale pour mener une existence "normale", il l'avoue. Mais la loyauté envers sa grand-mère Elizabeth II et le rôle qu'il s'est finalement construit, notamment son dévouement aux blessés de guerre, une fois digérée la frustration de l'arrêt de sa carrière militaire en 2015, ont changé la donne. Désormais concerné par l'avenir de la monarchie, impliqué dans sa nécessaire modernisation et déterminé à entretenir son "aura positive" dans un monde plein de choses négatives, le prince Harry, qui confesse l'impatience comme son principal défaut, semble même vouloir mettre les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu. Ainsi confie-t-il à Angela Levine être dans l'urgence de "faire quelque chose de [s]a vie", avec une raison particulière à cela : "J'ai l'impression qu'il n'y a qu'une fenêtre de temps assez petite où les gens s'intéressent à moi avant que les enfants de William prennent l'ascendant et je dois l'utiliser au mieux", observe-t-il.
Rétrogradé au cinquième rang de l'ordre de succession au trône britannique du fait de la venue au monde du prince George et de la princesse Charlotte de Cambridge, Harry ne souffre évidemment pas de cette "concurrence" à venir de la part des enfants de Kate et William, coqueluches du public : "Jamais je ne pourrais souhaiter qu'ils ne soient pas là ! Ils sont ce qu'il y a de plus fabuleux au monde", déclare le tonton plein d'amour.
Sans doute leur souhaite-t-il de pouvoir vivre une vie aussi ordinaire que possible, comme il le souhaite pour lui-même et ses éventuels futurs enfants : "Ma mère accordait beaucoup d'importance à me montrer une vie ordinaire, y compris en nous emmenant, mon frère et moi, à la rencontre des sans-abri. Merci, mon Dieu, je ne suis pas totalement coupé de la réalité. Les gens seraient surpris de la vie ordinaire que William et moi menons. Je fais moi-même mes courses. Parfois, lorsque je repars du rayon boucherie de mon supermarché, j'ai peur que quelqu'un me prenne en photo avec son téléphone. Mais je suis déterminé à vivre une vie relativement normale et, si je dois avoir la chance d'en avoir, à ce que mes enfants aussi. Même si j'étais roi, je ferais moi-même mes courses."