Contre toute attente, le prince William et le prince Harry n'ont jamais été aussi bavards qu'en cette année 2017 qui marque le 20e anniversaire de la mort tragique de leur mère, Lady Di. Le cadet des deux, tout particulièrement, semble avoir réussi à surmonter son aversion farouche pour les médias et, galvanisé autant par le travail psychologique qu'il a révélé avoir mené ces dernières années que par son bonheur amoureux avec l'actrice Meghan Markle, multiplie les interviews.
Après avoir fait des révélations très intimes au Daily Telegraph, le prince Harry, 32 ans, s'est épanché auprès de la journaliste freelance Angela Levin, qui a signé pour la revue Newsweek un passionnant et copieux entretien-portrait, après l'avoir rencontré à deux reprises chez lui au palais de Kensington et l'avoir suivi lors de ses engagements publics pendant plusieurs mois. Le jeune homme y est notamment revenu en des termes très francs sur le traumatisme des funérailles publiques de sa mère, se remémorant ces interminables minutes à marcher derrière le cercueil sous le regard de millions de gens, et sur les années de chaos total qui s'ensuivirent, une fuite en avant dans les excès, la fête, l'alcool et au bord de la dépression.
Totalement perdu, Harry a en fait même désiré quitter la famille royale, son carcan. Si ses années au sein de l'armée, où il n'était pas un prince mais seulement Harry, lui ont procuré une autre famille et une certaine stabilité ("la meilleure échappatoire de ma vie, j'avais le sentiment de vraiment accomplir quelque chose", dit-il), elles n'ont pas pour autant réglé ses problèmes. Ainsi, lorsqu'il mit un terme à sa carrière de militaire en juin 2015, il se retrouva face à ses démons. "J'ai passé des années à m'éclater et je ne voulais pas grandir", reconnaît-il a posteriori. Il lui fallait alors trouver sa place, son rôle... Et ce n'est pas forcément au sein de "la Firme", surnom donné à la famille royale britannique, qu'il souhaitait s'investir : "Il y a eu une période où je voulais en sortir, puis j'ai décidé d'y rester et de m'y créer un rôle", révèle-t-il avec une incroyable candeur, évoquant aussi son indéfectible loyauté envers sa grand-mère la reine Elizabeth II, qu'il se plaît à appeler "la boss".
Bien aidé par son grand frère le prince William, qui l'a poussé à se faire aider psychologiquement à partir de ses 28 ans et l'a conseillé, le prince Harry a fini par trouver sa voie en tant que membre de la famille royale : le rouquin le plus célèbre du royaume est ainsi devenu le plus formidable soutien des blessés de guerre, en plus de ses autres engagements - en faveur de la santé mentale, des enfants malades, des orphelins du Lesotho... "Nous ne voulons pas être une bande de célébrités, nous voulons jouer un rôle réellement utile, revendique-t-il. William et moi sommes incroyablement passionnés par les causes que nous soutenons, et elles ont été choisies parce qu'elles se trouvent sur le chemin que nous a montré notre mère."
Lui qui envisageait de se retirer de la famille royale et glissait à Angela Levin que personne en son sein n'aspire à monter sur le trône ("je ne crois pas qu'il y ait quelqu'un qui veuille être roi ou reine, mais nous ferons notre devoir le moment venu") se montre désormais concerné par l'avenir de la monarchie : "Nous croyons que les Britanniques et le monde ont besoin de telles institutions. Nous voulons nous assurer qu'elle perdure et sommes passionnés par ce qu'elle représente. Mais cela ne pourra pas continuer comme cela a été avec la reine. Il y aura des changements, et de la pression pour les réaliser. Les choses évoluent si rapidement, surtout avec les médias sociaux, alors nous nous impliquons dans la modernisation de la monarchie. On ne le fait pas pour nous, mais pour le bien du peuple et de la monarchie que nous représentons. Il y a tellement de choses négatives dans le monde ; nous essayons, en tant que famille, d'apporter quelque chose de positif", analyse Harry, qui se montre aussi lucide sur ses défauts - en particulier, un côté "bad boy" qu'il assume et une passion dans sa manière d'être qui tend à le rendre impatient et un peu trop direct.
Et de faire une dernière confidence étonnante : il a regardé l'intégralité de la première saison de la série Netflix The Crown consacrée au règne d'Elizabeth II et pas spécialement approuvée par la couronne. "C'est super, commente-t-il, mais j'aurais préféré qu'ils s'arrêtent à la fin de la première saison. Ils ne doivent surtout pas avancer jusqu'à la jeune génération."
Pour le supplément dominical du Daily Mail, Angela Levin a écrit quelques impressions sur son année à entrer dans l'intimité du prince Harry, et conclut son billet d'une jolie façon : "Il a encore du chemin à faire, mais en aidant [les blessés de guerre], ce guerrier blessé s'aide lui-même. Et de la meilleure manière qui soit."
GJ