Vingt ans après la mort tragique de Lady Di, le 31 août 1997 à Paris, ses enfants s'épanchent comme jamais sur le drame de leur vie en cette année particulière. Avocats hypermédiatiques – avec la duchesse Catherine de Cambridge – de la cause de la santé mentale, les princes William et Harry se sont confiés de manière inédite sur la leur après que, adolescents, ils ont eu la douleur de perdre leur mère.
S'ils perpétuent son souvenir par leurs actes, comme le prince William l'a mis en évidence cette semaine avec un formidable geste de réconfort envers des victimes de l'incendie meurtrier survenu à Londres, les deux frères ne craignent plus de mettre des mots sur l'épreuve qu'ils ont eu à affronter sous le regard du public. Quelques semaines après avoir parlé au quotidien The Telegraph de son très difficile travail de deuil, "deux années de chaos total", le prince Harry fait de nouvelles confidences amères dans une interview accordée à la revue Newsweek rendue publique mercredi 21 juin.
Un enfant ne devrait pas avoir à faire ça...
Séquence poignante de cet entretien, le prince aujourd'hui âgé de 32 ans revient notamment avec acrimonie sur les conditions particulières dans lesquelles il a dû dire adieu à Diana, suivant, à quelques jours de son 13e anniversaire, sa dépouille lors de funérailles royales à Londres : "Ma mère venait juste de mourir et j'ai dû marcher un long moment derrière son cercueil, entouré par des milliers de gens qui me regardaient, pendant que des millions [en fait, plus de 2 milliards à travers le monde, NDLR] faisaient de même à la télévision, fustige-t-il. Je ne crois pas qu'on devrait demander à un enfant de faire ça, quelles que soient les circonstances. Je ne crois pas que la même chose pourrait se produire aujourd'hui."
Les images d'archives rendent encore bien compte de la cruauté de ces moments au matin du 6 septembre 1997, William, 15 ans, et son petit frère de 12 ans, les poings serrés, marchant côte à côte, tête baissée et visage accablé, en tête de cortège derrière le cercueil. Avec leur grand-père le duc d'Edimbourg, leur père le prince Charles et leur oncle maternel Charles Spencer, ils avaient intégré la pénible procession, partie du palais de Kensington, au moment de son passage devant le palais St James. Il restait une demi-heure, dans un silence de mort, jusqu'à l'abbaye de Westminster...
Les années qui suivirent furent chaotiques, du propre aveu d'Harry, émaillées d'excès et d'épisodes scandaleux (le déguisement nazi, le strip-billard à Las Vegas). Il lui a fallu du temps, beaucoup de temps, pour se reprendre et entreprendre, avec l'aide de spécialistes, une transformation que Newsweek juge spectaculaire, après l'avoir accompagné en engagements officiels pendant des mois et à la suite de leur rencontre chez lui, dans son cottage au palais de Kensington : "Ma quête a commencé au milieu de la vingtaine, il fallait que je répare les erreurs que je faisais", dit-il.
Puis, à 28 ans, sur les conseils de son frère William, il sollicite une aide psychologique : "Ma mère est morte alors que j'étais encore très jeune. Je ne voulais pas être dans la situation dans laquelle j'étais, mais, au bout d'un moment, j'ai sorti la tête du sable, j'ai commencé à écouter les gens autour de moi, et j'ai décidé d'utiliser mon statut pour faire des choses bien, retrace-t-il non sans fierté. J'ai maintenant la flamme, l'énergie et l'amour des choses caritatives, rencontrer les gens et les faire rire. Parfois, j'ai encore l'impression de vivre dans un bocal, mais désormais j'arrive mieux à le gérer. Cela étant, j'ai toujours un côté vilain garçon, que j'aime bien et qui est ce que j'ai en commun avec ces personnes qui se sont elles-mêmes mises dans le pétrin."