La première édition des Invictus Games, du 10 au 14 septembre à Londres, a été totale, et le prince Harry pouvait légitimement être fier du travail accompli pour mettre en lumière, à l'occasion de ces véritables Jeux paralympiques militaires impliquant treize nations, le courage des soldats blessés dans l'exercice de leurs fonctions.
En première ligne durant des semaines en amont, au front pendant les quatre jours de compétition, entouré de William, Charles et Camilla lors de l'ouverture, puis de son ex Cressida Bonas, sa cousine Eugenie d'York, sa grande copine Ellie Goulding ou encore Dave Grohl des Foo Fighters lors de la clôture, sportivement secondé par sa cousine Zara Phillips lors d'une démo de rugby en fauteuil roulant, Harry n'avait pas encore refermé cette édition inaugurale qu'il pensait déjà aux suivantes. "Les États-Unis ont montré un intérêt pour 2016, le Canada pour 2017. Mais quid de l'an prochain ? Personnellement, j'adorerais les conserver au Royaume-Uni, peut-être en allant au nord, que ce soit Glasgow, Sheffield, Manchester", confiait-il à l'issue des Jeux. Mais exporter ce concept que lui-même a importé des Etats-Unis (les Warrior Games) pourrait ne pas être aussi simple...
Sebastian Shakespeare, expert ès gotha, a indiqué dans l'une de ses chroniques pour le Daily Mail que le prince Harry avait entrepris dès le mois de mars dernier les démarches pour déposer le nom des Invictus Games au niveau européen auprès du Bureau de la propriété intellectuelle, par le biais de la Invictus Games Community Interest Company, l'entité créée pour l'organisation de la manifestation. De manière à pouvoir jouir de la marque Invictus pour l'exploitation de lignes de vêtements (comme les polos officiels qu'il a portés), galas de charité, programmes pédagogiques, activités sportives, etc.
C'est là que le bât blesse : en voulant faire d'Invictus une marque, le prince anglais s'est heurté à la contestation des dirigeants d'une société italienne vieille de plus d'un siècle baptisée... Invicta. L'entreprise basée à Turin, spécialisée dans les sacs à dos et équipements d'extérieur divers, a fait objection, arguant de la "probabilité d'une confusion", auprès de l'Office de l'harmonisation dans le marché intérieur (OHMI), l'instance en charge de gérer depuis son siège d'Alicante (Espagne) les systèmes d'enregistrement des marques et des dessins ou modèles dans tous les États-membres.
À juste titre, Sebastian Shakespeare constate que le prince Harry pourrait faire face à d'autres objecteurs : si Invictus ("invincible", "imbattable" en latin) était une belle idée comme désignation de ces olympiades des blessés de guerre, il existe pas moins de six enregistrements différents du terme en Europe (dont deux pour Paco Rabanne). A l'échelle mondiale, ça se corse encore, selon le chroniqueur anglais : le fabricant d'armes et de munitions transalpin Caesar Guerini a fait une demande pour partir à l'assaut du marché américain...