Installée de longue date sur l'île de Majorque, ce qui ne l'empêche pas de revenir en Scandinavie pour les événements importants de la vie du clan royal, la princesse Birgitta de Suède n'est pas morte, contrairement à ce qu'a annoncé par mégarde un journal espagnol au mois de novembre dernier suite à la révélation du suicide de la princesse Birgitta... de Prusse (veuve du prince Michael de Prusse, arrière-petit-fils de l'empereur Guillaume II, disparu en 2014).
Non, bien au contraire, la soeur du roi Carl XVI Gustaf de Suède est en pleine forme – elle s'en culpabiliserait presque en pensant à leur soeur la princesse Christina, atteinte d'une leucémie – et se prépare à fêter son 80e anniversaire, jeudi 19 janvier 2017, au palais à Stockholm. À l'approche de ce cap, la revue suédoise Svensk Damtidning est allée peu avant Noël la rencontrer chez elle, dans les Baléares, pour un entretien riche en confidences parfois douloureuses. Sa rencontre et son mariage avec le prince Johann Georg de Hohenzollern, dit Hansi, décédé en mars dernier, la maladie de sa soeur cadette ou encore la perte de son petit-fils tout juste né – un drame dont l'évocation la bouleverse encore : c'est une conversation en toute intimité que la princesse Birgitta a eue avec la journaliste Anna von Koch.
Deuxième (après la princesse Margaretha) des cinq enfants du prince Gustaf Adolf de Suède, décédé dans un accident d'avion alors qu'elle avait 10 ans, et de la princesse Sibylla, descendante de la reine Victoria disparue en 1972 à 64 ans, la princesse Birgitta s'est notamment remémoré pour son interlocutrice son coup de foudre pour le prince Johann Georg. C'était en 1959 lors d'un cocktail à Münich, où la jeune femme de 22 ans se trouvait en séjour linguistique chez son amie d'enfance Cathy Hägglöf. "Un coup de foudre ! Au bout de trois semaines, je savais que j'allais l'épouser !", se souvient-elle, racontant ce moment où, de retour à Stockholm, elle l'a affirmé à ses soeurs médusées en leur montrant une photo d'Hansi, lequel n'avait bien entendu encore rien demandé. D'ailleurs, l'histoire aurait pu s'arrêter là, Birgitta révélant avoir eu une folle aventure de trois jours avec "un charmant Italien" lors des Jeux olympiques de Rome en 1960. "L'homme de ses rêves". Le charmeur lui offrit même une bague en gage de son amour. Quand, quelque temps après, le prince Johann Georg revit sa dulcinée et remarqua le bijou, il le lui arracha du doigt et le jeta – c'en fut terminé du bel Italien, qui, selon Birgitta, a fini bien plus tard assassiné.
Nous étions tellement différents...
Le couple se marie en mai et juillet 1961, entre le palais royal de Stockholm et celui des Hohenzollern à Sigmaringen. De cette union naîtront trois enfants – le prince Carl Christian, 54 ans, la princesse Désirée, 53 ans, et le prince Hubertus, 50 ans – et cinq petits-enfants, mais la vie conjugale comportera aussi son lot de déceptions, sur lesquelles Birgitta revient sans ambages : "Le moment où j'ai été le plus heureuse, c'était sans doute juste après le mariage et à la naissance de mon premier enfant. Là, c'était le bonheur", résume-t-elle. Un bonheur de courte durée, donc, notamment en raison des absences répétées d'Hansi, historien de l'art et expert très demandé, qui se consacrait à sa passion en la laissant seule avec les enfants à Münich. Sa passion à elle, pour le sport, il la dédaignait : "Il disait souvent : 'Toi et ton stupide sport', c'était triste d'entendre cela, car le sport est bon pour les jeunes", se souvient-elle avec une pointe d'amertume.
En fait, Birgitta et Hansi se sont mariés trop vite, comme elle le constate en disant : "Nous étions vraiment totalement différents, mais ça, vous ne le savez pas quand vous tombez amoureux." Pourtant, le couple a choisi de ne pas se séparer ni divorcer : "Il n'en était même pas question. Parce que c'était plus pratique comme ça et que tout le monde se sentait bien ; les enfants se sentaient bien." Même dans les dernières années, où lui vivait toujours en Bavière et elle à Majorque... En 2011, un an après s'être trouvés réunis au mariage de la princesse héritière Victoria de Suède, ils fêtaient même leurs noces d'or ! La princesse était d'ailleurs auprès de Johann Georg lorsqu'il s'est éteint à 83 ans des suites d'une brève maladie en mars 2016 et, en décembre, c'est pour la première fois loin de Münich et sans lui que se déroulait le Noël en famille...
Le pire que j'aie vécu
Quelques mois après la disparition de son époux, la maladie frappe à nouveau dans l'entourage de Birgitta : rescapée d'un cancer du sein, la princesse Christina se voit attaquée par une leucémie. Les nouvelles sont rares concernant l'état actuel de la soeur du roi de Suède : "C'est triste. Je parle souvent avec elle et elle se sent plutôt bien, en fait, dit-elle. Elle est forte. Je lui montre que je suis là. (...) On ne peut rien faire de plus. J'ai parfois honte de me sentir si bien. Quand je l'ai dit à Titti, elle m'a répondu : 'Non, tu ne dois pas.' Mais c'est ce que je ressens, la vie est si injuste."
Ce sentiment que la vie est injuste, elle l'a déjà suffisamment éprouvé après s'être fait arracher un papa et avoir pleuré un petit-fils... En 2001, le prince Lennart, premier enfant de son fils cadet le prince Hubertus et de sa femme Uta Maria König, meurt moins de quatre jours après sa naissance : "La pire chose que j'aie vécue, excepté la mort de mon père. Il n'avait que 3 jours. Tout allait mal chez lui et nous avons tout juste eu le temps de le baptiser. Rester là à regarder ses enfants souffrir, c'est le pire que j'aie connu. Mon fils..." La voix de la princesse Birgitta se brise et les larmes l'assaillent, l'empêchant de continuer, encore anéantie par le souvenir du drame, quinze ans après. Hubertus et Uta Maria ont réussi à surmonter leur chagrin, avec le temps et avec l'arrivée d'une petite fille qu'ils ont adoptée en 2009, Vivianne. "Cela n'a pas été facile pour eux, mais ils sont courageux et je les admire", loue cette maman et mamie poule – qui, au moment de Noël, se faisait du souci pour sa fille la princesse Désirée, partie faire de la plongée à Bora-Bora.
À 80 ans, Birgitta de Suède est prête pour de nouveaux chapitres, joyeux autant que possible.