Vu de loin, on aurait presque pu croire que la princesse Victoria de Suède se déplaçait à ski ou en raquettes en plein Stockholm. Mais en fait de bâtons, c'étaient ses béquilles que l'héritière du trône, chaudement vêtue comme si elle était encore sur les pistes, maniait sur le sol gelé et enneigé de la place Raoul Wallenberg.
Toujours affublée de son attelle aux allures de chaussure de ski, souvenir de sa mauvaise chute aux sports d'hiver début janvier et de l'entorse qui en a résulté, la princesse Victoria ne fait pas pour autant l'impasse sur ses engagements officiels. Et, après avoir surpris tout le monde en sautant à cloche-pied dans les escaliers lors de la récente remise du prix Tobias à l'Académie royale des sciences, la fille aînée du roi Carl XVI Gustaf de Suède prenait part lundi 27 janvier 2014 aux cérémonies commémoratives de l'Holocauste dans la capitale, tandis que Steven Spielberg en faisait autant de l'autre côté de l'Atlantique.
Avec son mari le prince Daniel, Victoria de Suède, 36 ans, a effectué son devoir de mémoire en ce jour anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, instauré depuis 1999 comme date de commémoration en Suède et depuis 2005 comme Journée internationale du souvenir à l'initiative des Nations unies. La cérémonie, après le message de bienvenue du directeur du Forum d'histoire vivante, a été marquée notamment par les interventions de la ministre de la Démocratie Birgitta Ohlsson et par Romani Rose, chef du Centre de documentation culturel des Sinti et Roms d'Allemagne.
La place Raoul-Wallenberg accueillait cette commémoration annuelle alors même que la famille du fameux diplomate suédois, héros national responsable du sauvetage de milliers de Juifs hongrois lors de la Seconde Guerre mondiale, a cherché cette semaine à interpeller Vladimir Poutine pour éclaircir les circonstances de sa mort, opaques depuis son arrestation en Hongrie le 17 janvier 1945 par les forces soviétiques. Louise von Dardel, nièce de Raoul Wallenberg, a porté lundi à Bruxelles une lettre adressée au président russe, attendu pour un sommet entre la Russie et l'UE, pour demander l'accès à des documents cruciaux que détiendraient les archives russes. "La fin de ce long calvaire ne dépend que de vous", écrit à Vladimir Poutine la famille, dans une énième tentative pour découvrir la vérité et trouver la paix. La version officielle soviétique, toujours en vigueur en Russie, est que le disparu a succombé le 17 juillet 1947 à une crise cardiaque durant sa détention, à Moscou, mais la conviction de nombre d'historiens est qu'il a été exécuté. Les services russes ont fait savoir que Vladimir Poutine n'aurait "malheureusement pas le temps physiquement pour une rencontre de plus" lors de son séjour à Bruxelles. Mais le délégué du Kremlin chargé des droits de l'homme, Vladimir Loukine, a de son côté estimé qu'il était temps de publier les archives sur les circonstances de la mort du diplomate suédois, rapporte l'AFP.