A quelques jours d'investir la scène des Francos de La Rochelle avec Katel (à laquelle elle a prêté sa voix pour les choeurs de son nouvel album Decorum), Jeanne Cherhal dévoilait dernièrement le clip de Cinq ou six années, une des chansons clés de son dernier album : Charade.
Au coeur de ce concept-album au format ludique, à l'attitude expérimentale et à la féminité exacerbée, Cinq ou six années occupe une place particulière, matérialisant la prise de conscience de son auteure dans sa quête ardue de l'homme idéal en même temps que l'aveu de sa véritable obsession trentenaire pour l'homme : "C'est un disque où l'homme est à la première place, mais même en avançant dans l'écriture, je ne me rendais pas compte à quel point c'était obsessionnel (...) Pour moi, c'est le disque d'une femme de 32 ans. J'ai l'impression d'être dans ma vie d'adulte maintenant et je pense que je n'aurais pas pu écrire une chanson comme Cinq ou six années, qui parle de mon adolescence, il y a 3-4 ans", avoue-t-elle avec le recul.
Brillante et poétique expression de la difficile conquête de l'affirmation intime de soi et d'une volupté charnelle assumée, Cinq ou six années appartient d'ailleurs pleinement à la classe de ces objets musicaux éminemment féminins, vaporeux et vénéneux, évanescents et entêtants, entre Virgin Suicides et Charlotte Gainsbourg.
Le titre est illustré par un superbe clip, à découvrir ci-dessus, réalisé par Gaëtan Chataigner, un ancien des Three Rabbits vendéens qui officie désormais au sein de La Secte humaine (le groupe qui accompagne Katerine et Jeanne Cherhal) et s'est déjà signalé en captant des lives de Cali, Bernard Lavilliers, ou encore en signant les clips de Louxor (j'adore), A mort la poésie, Solitaire et l'excellent N.A.S.D.A.Q. pour Thomas Dutronc. Petit clin doeil final : on y voit Jeanne Cherhal jouer de tous les instruments - ce qu'elle a effectivement fait pour la première fois pour l'élaboration de Charade.
Grimpez sur la Ducati pour un voyage dans le temps chargé de mélancolie, vers "cinq ou six années de presque rien"...
G.J.