Entendue sur l'album victorieux La Superbe de Benjamin Biolay, avec lequel elle interprète la Brandt Rhapsodie, ainsi que sur la bande originale du biopic Gainsbourg, vie héroïque, le temps d'une savoureuse reprise du grand Serge (Qui est In ? Qui est Out ?, en duo avec Emily Loizeau, qu'elle retrouvait après avoir chanté avec elle La femme à barbe sur l'album Pays Sauvage), Jeanne Cherhal avait brouillé les pistes d'un retour en solo amuseur et recherché.
Le 8 mars dernier, la Révélation des Victoires 2005 (avec l'album Douze fois par an) publiait son quatrième album studio, Charade - qui, fort logiquement, en contient une, en quatre éléments. Quatre ans après L'Eau, réalisé par Albin de la Simone, Jeanne, 32 ans, y dévoile avec malice une véritable obsession trentenaire pour l'homme : "C'est un disque où l'homme est à la première place, mais même en avançant dans l'écriture, je ne me rendais pas compte à quel point c'était obsessionnel", admet-elle a posteriori.
Entre condition féminine et construction de soi d'une part, et volupté charnelle et don de soi d'autre part, la reprise qu'elle signe de ce sommet des rockeurs canadiens d'Arcade Fire qu'est la chanson My body is a cage (dont Peter Gabriel livrait tout récemment une version symphonique impressionnante dans son concept-album Scratch my back) cristallise les intentions de ce projet, qui a la vérité de la maturité et l'audace charmeuse d'une jeune fille en fleur. "Pour moi, c'est le disque d'une femme de 32 ans. J'ai l'impression d'être dans ma vie d'adulte maintenant et je pense que je n'aurais pas pu écrire une chanson comme Cinq ou six années, qui parle de mon adolescence, il y a 3-4 ans", confie-t-elle encore.
Ce bilan délicieusement impertinent s'est également construit musicalement, Jeanne, nourrie de sa récente collaboration avec Biolay, explorant et jouant de tous les instruments sur cet album élaboré uniquement ave l'ingénieur du son Yoann Arnaud : "Au départ, la maison de disques nous a donné dix jours en studio sans aucune obligation de résultat. On s'est senti en totale liberté et j'ai eu l'impression de pouvoir tout me permettre (...) Je me suis mise spontanément à la batterie, dont je n'avais jamais joué, comme une enfant qui découvre de nouveaux jouets !"
Charade est jalonné par quatre intermèdes ludiques, facilement identifiables (Mon premier, Mon second, Mon troisième, Mon tout) sur la quête ardue de l'homme idéal : "On ne savait même pas si ça allait figurer sur l'album. A chaque fois, on se faisait un petit film pour se marrer : la troisième charade se passe dans la nature, avec les oiseaux, la dernière c'est un générique de film érotique des années 1970..."
En attendant de retrouver Jeanne Cherhal au Printemps de Bourges (13-18 avril) au sein des Françoises, truculent groupe constitué des trentenaires Emily Loizeau, Camille, La Grande Sophie, Olivia Ruiz et Rosemary Standley (Moriarty), découvrez ci-dessus quatre petites charades en vidéo !