Au mois de janvier 2023, une enquête interne a été ouverte à BFMTV visant leur présentateur historique Rachid M'Barki, à l'antenne depuis 2005. Le journaliste est soupçonné d'avoir diffusé des informations "non validées" dans son journal du soir, sous l'influence d'un "réseau occulte qui mène des opérations de désinformation et de manipulation de l'opinion au profit d'États et clients étrangers". Les sujets mis en avant par Rachid M'Barki concernaient notamment les oligarques russes, le Qatar, le Soudan, le Cameroun, ou encore le Sahara occidental.
Durant les investigations, il a été suspendu de la chaîne et, le 8 décembre dernier, il était mis en examen pour "corruption passive" et "abus de confiance". D'après les informations du Parisien parues ce 19 janvier, Rachid M'Barki est passé aux aveux face aux enquêteurs et a reconnu avoir été "rétribué pour diffuser des sujets orientés dans ses journaux sur BFMTV". "Il m'est arrivé de recevoir des sommes d'argent. Oui, je reconnais les faits de corruption passive", a-t-il admis, estimant avoir perçu entre 6 000 et 8 000 euros en espèces. Des sommes jugées faibles pour les enquêteurs, au vu des risques encourus. De quoi les faire se demander s'il n'évaluerait pas à la baisse ses rémunérations...
On apprend également que l'enquête a recueilli plusieurs preuves compromettantes contre le journaliste, dont un audit interne à BFMTV qui identifiait "au moins 13 sujets problématiques diffusés dans son journal", lesquels n'avaient "rien à voir avec la ligne éditoriale" de la chaîne et défendaient les intérêts de pays étrangers. Plusieurs échanges avec le lobbyiste Jean-Pierre Duthion ont également été récupérés par la police, attestant de différents accords entre les deux hommes. "Tu as M'Barkisé le prompteur ?", lui a-t-on par exemple souvent demandé.
Rachid M'Barki est alors soupçonné d'avoir "contourné les processus de validation interne" pour aller dans le sens du lobbyiste. Un point qu'il a cette fois réfuté. "J'ai exercé mon libre arbitre de journaliste, je trouvais que l'information était intéressante, j'avais vérifié sa véracité, et je n'étais pas en infraction avec un quelconque process de validation puisqu'il n'en existait pas. Et je n'étais pas non plus en infraction avec la ligne éditoriale puisqu'elle n'avait jamais été explicitée", s'est-il défendu, précisant que ses textes étaient visibles par tous avant de prendre l'antenne.
Mais selon nos confrères, Rachid M'Barki, se serait "effondré en larmes" lors de son audition, comprenant alors l'ampleur des dégâts. "En fait, j'étais complètement manipulé", a-t-il regretté, se voyant comme "un maillon involontaire du système". À noter que Jean-Pierre Duthion et le spécialiste du Qatar Nabil Ennasri ont, eux aussi, été mis en examen en octobre 2023. Ce dernier est même toujours actuellement en détention provisoire. Pour l'heure, aucun des avocats en charge du dossier n'a souhaité commenter l'affaire.