Véritable miraculé, Raphaël Poirée s'apprête à sortir de l'hôpital de Bergen, en Norvège, où il a été pris en charge suite à sa très lourde opération des cervicales (une douzaine d'heures), rendue nécessaire par un terrible accident de quad qui aurait pu lui être fatal.
Fin décembre, à quelques mètres de sa demeure nordique d'Eikelandsosen, où il vit avec son épouse Liv Grete, également championne de biathlon à la retraite, et leurs trois filles Emma, Anna et Lena (respectivement âgées de 7, 3 et 1 an), le biathlète français avait perdu le contrôle de son quad lorsque celui-ci avait heurté une congère, se retournant sur son pilote et lui laissant seulement le temps de protéger sa petite Anna, qui l'accompagnait dans cette excursion.
Grièvement touché, Raphaël Poirée, de l'aveu de ses proches, avait, sitôt tiré d'affaires, déjà hâte de relever de nouveaux défis avec sa femme Liv. Une pugnacité et une volonté de fer qui n'excluent pas la conscience aiguë d'être passé à côté du pire. Dans sa première déclaration publique, fait en norvégien pour NRK, le champion raconte : "Le docteur me l'a dit sans ambages : tu as eu de la chance, à un centimètre près, tu aurais été paralysé. Il y a eu quatre jours très, très difficiles. Je n'arrivais pas à prendre mes médicaments, j'avais une pneumonie, je n'arrivais presque pas à respirer et mon corps allait mal. J'avais une tension élevée et je sentais mon corps et mon coeur fatigués".
"En fait, j'ai plusieurs fois envisagé (...) de tout arrêter", confesse-t-il, invoquant ses fillettes comme le motif qui l'a aidé à finalement se battre. "Quand je pense 15 ou 20 jours en arrière, c'était l'enfer. Depuis, tout est bonus. Quand je me réveille le matin, je sens que je vais de mieux en mieux".
Amaigri de 10 kilos et le cou ceint d'une gouttière, Poirée, qui se déplace péniblement mais sans béquilles, poursuit sa rééducation sous l'oeil attentif de son épouse Liv, qui témoigne à son tour : "Au début, il trouvait que même sa brosse à dents était trop lourde. C'était tragique. Mais maintenant, on se tourne bien sûr vers l'avenir".