La carrière de superstar de la NFL de Ray Rice va-t-elle survivre aux choquantes images des violences qu'il a infligées à sa compagne Janay Palmer, frappée et laissée KO à même le sol d'un hôtel d'Atlantic City en février 2014 ? Agé de 27 ans, l'ancien running back vedette des Ravens de Baltimore, licencié par la franchise après la révélation par le site TMZ.com d'une vidéo terrifiante des faits, a en tout cas la justice de son côté, désormais.
"Un abus de pouvoir"
Suspendu initialement - et plutôt discrètement - pour deux matchs suite à l'incident survenu le 15 février, Ray Rice avait écopé d'une sanction revue à la hausse par la NFL en septembre dernier, après la divulgation d'enregistrements de vidéosurveillance accablants : on y voyait l'athlète de 93 kilos pour 1m73, formé à New Rochelle, se disputer avec sa compagne Janay Palmer au terme d'une soirée arrosée avec deux couples d'amis au Revel Casino d'Atlantic City (New Jersey). Giflé, il répliquait par un crochet du gauche digne d'un boxeur professionnel qui envoyait la jeune femme directement au tapis, sa tête heurtant au passage une barre en métal, avant de la traîner au sol et de la laisser gisante, inanimée, à moitié dans l'ascenseur et à moitié sur le sol du hall de l'hôtel. Alors que les images se propageaient comme une onde de choc et provoquaient un vif émoi dans l'opinion publique, la Ligue nationale de football américain décidait alors de sévir plus sévèrement en suspendant le joueur jusqu'à nouvel ordre. Ce dont l'intéressé, sacré champion avec les Ravens à l'issue du Super Bowl XLVII (février 2013), a fait appel ; et il a eu gain de cause.
Vendredi 28 novembre 2014, l'ancienne juge fédérale Barbara S. Jones a statué en sa faveur, estimant que "la décision [de la NFL] de le suspendre une seconde fois pour les mêmes faits est arbitraire". Un coup critique à la Ligue en général et à son "commissioner" Roger Goodell, dont la ligne de défense vaseuse dans cette affaire et les explications fluctuantes concernant leur connaissance des faits ont sérieusement écorné l'image. La juge remue d'ailleurs le couteau dans la plaie en précisant, impitoyable : "La NFL avait estimé que le "commissioner" Goodell avait été induit en erreur lors de la première procédure disciplinaire. Après analyse attentive de tous les éléments mis à ma disposition, je ne suis pas persuadée que Rice a menti à la NFL lors de son audition en juin, c'est pourquoi je juge sa suspension jusqu'à nouvel ordre (prononcée en septembre, NDLR) comme un abus de pouvoir et elle doit être annulée. Qu'il lui ait fallu des images pour se rendre compte de la gravité de ce qui s'était passé, confirme son échec, reconnu depuis, à sanctionner par le passé de tels comportements."
Déjà suffisamment discréditée, la Ligue, qui s'est lancée cet été dans un grand chantier concernant les affaires de violences domestiques impliquant ses éléments, a pris acte de cette décision, qu'elle ne conteste pas : "Nous respectons la décision de la juge Jones de mettre fin à la suspension jusqu'à nouvel ordre de Ray Rice", a-t-elle fait savoir dans un court communiqué.
"J'ai toujours du mal à accepter d'être présentée comme une victime"
Neuf mois après cette nuit mouvementée, et à un mois de la fin de la saison régulière, Ray Rice est donc libre de reprendre le cours de sa carrière. A condition qu'une équipe veuille bien risquer sa réputation à embaucher un joueur certes talentueux, mais dont le dérapage scandaleux est encore dans tous les esprits (d'anonymes à Barack Obama, en passant par diverses célébrités, le public avait massivement réagi). "J'ai fait une erreur inexcusable et j'en assume toute la responsabilité (...) Je vais continuer à travailler dur pour devenir le meilleur mari, père et ami possible", a-t-il affirmé dans un court communiqué, tandis que la nouvelle de l'annulation de sa suspension avait des effets spectaculaires sur la Fantasy League (la Ligue virtuelle, sur Internet), où il devenait en un éclair le joueur le plus recruté ! A noter qu'en Grande-Bretagne, un club de football a été contraint de faire machine arrière après avoir tenté de recruter un de ses anciens joueurs, Ched Evans, à sa sortie de prison après une peine pour viol...
L'ancien coureur des Ravens peut toutefois compter sur le soutien plein et entier de Janay Palmer, devenue son épouse cinq semaines seulement après avoir été assommée. "Tout le monde mérite une seconde chance et nous sommes impatients de voir ce que l'avenir nous réserve", a-t-elle confié à la chaîne américaine ESPN, dans la droite ligne de ses précédentes déclarations des derniers mois. La jeune femme, qui n'avait pas hésité à s'afficher très tôt auprès de Ray Rice après l'altercation et à l'épouser, avait clamé sa colère suite à la diffusion de la séquence choc : "Personne ne sait la peine que les médias et l'avis non désiré du public ont causé a ma famille. Nous faire revivre ce moment de nos vies que nous regrettons chaque jour, c'est quelque chose d'horrible. Reprendre à l'homme quelque chose qu'il a bossé comme un taré toute sa vie pour l'avoir juste pour faire de l'audience est ignoble. C'EST NOTRE VIE ! Voilà ce que, vous tous, vous ne voulez pas comprendre. Si votre intention était de nous blesser, de nous embarrasser, de nous isoler, de nous priver de bonheur, vous avez réussi, à bien des égards. Sachez seulement que nous continuerons à grandir et à montrer au monde ce qu'est l'amour véritable !"
Elle vient d'enfoncer le clou en déclarant : "J'ai toujours du mal à accepter d'être présentée comme une "victime" (...) Je suis une femme forte, Ray sait que ce qu'il a fait est inacceptable, mais il a pris ses responsabilités, ce qui nous a permis de travailler sur nous-mêmes et d'être désormais un couple plus fort." Et d'insister : "Cette semaine, il y a quelque chose dont je suis très reconnaissante. Je suis reconnaissante du fait que mon mari va pouvoir revenir en NFL", a écrit Janay Rice sur son compte Twitter. Un compte Twitter peu alimenté, qui ne s'anime que lorsqu'elle se rebiffe contre les médias : récemment, elle prenait la défense d'Adrian Peterson, autre star de la NFL, qui a fait scandale pour avoir "discipliné" son jeune fils jusqu'au sang...