Ched Evans peut (re)ranger ses crampons. Victimes de violentes critiques après avoir accepté que leur ancien joueur, reconnu coupable de viol, revienne à l'entraînement, Sheffield United a finalement cédé. Hier, jeudi 20 novembre, le club de 3e division a annoncé qu'il retirait l'autorisation au joueur. Une décision qui devrait calmer la polémique après plusieurs démissions et même une pétition contre le retour de l'attaquant, libéré après deux et demi de prison...
En acceptant la demande de l'Association des footballeurs professionnels (PFA), Sheffield United s'était mis dans un sacré pétrin. Un pétrin dans lequel le club vient presque de se sortir en annulant cette décision. "Après délibération permanente et approfondie, le Sheffield United Football Club a décidé de retirer la possibilité pour son ancien joueur, Ched Evans, de reprendre l'entraînement avec l'équipe première, comme cela avait été prévu précédemment", explique le club anglais dans un communiqué où il assure toutefois regretter le traitement de l'affaire par les médias et rappelle que tous les footballeurs doivent être traités de façon équitable.
Cette décision avait provoqué un véritable tollé outre-Manche. En plus d'une pétition ayant récolté plus de 165 000 signatures contre le retour de Ched Evans, le club avait connu de nombreux remous en interne. Animatrice de Sky Sports mais membre de la fondation du club, Charlie Webster avait ainsi démissionné. "Ma décision est basée sur le fait que je ne croie pas qu'un homme reconnu coupable de viol comme Ched Evans doive revenir dans un club auquel j'appartiens", avait déclaré sur la BBC la jeune femme, elle-même victime d'un viol à l'adolescence. L'heptathlète championne olympique Jessica Ennis-Hill, maman cet été, avait également annoncé vouloir que son nom, donné à une tribune du stade, soit retiré si Ched Evan signait un nouveau contrat. Également membres de la fondation, la businesswoman Lindsay Graham et le chanteur Dave Berry ont à leur tour démissionné.
Libéré le mois dernier, Ched Evans (25 ans) a passé deux ans et demi en prison, soit la moitié de sa peine, après avoir été condamné pour le viol d'une jeune femme dans un hôtel en 2011. Un viol qu'il a toujours nié, expliquant que la victime, qui a depuis changé de nom après une campagne contre elle sur les réseaux sociaux, était consentante et qu'il a simplement été infidèle à sa compagne. Cette dernière a publiquement soutenu son amoureux qui a demandé une "seconde chance" dans un message vidéo, pour revenir notamment dans le football.
Une seconde chance que Sheffield United semblait prêt à donner à son ancien buteur prolifique. Dans un communiqué, le club condamnait ainsi tout "viol ou violence contre les femmes avec la plus grande fermeté" mais rejetait que la société puisse "imposer à quelqu'un" une nouvelle peine à sa sortie de prison, mettant en avant le droit à la réinsertion.