Janay Palmer a au moins raison sur un point : c'est SA vie. La femme de Ray Rice, star des Ravens de Baltimore virée par la franchise de football américain et suspendu jusqu'à nouvel ordre par la NFL pour l'avoir battue et mise KO en février dernier, est montée au créneau pour défendre avec émotion et virulence l'athlète de 27 ans après sa mise au ban... On n'en attendait pas moins de la part d'une jeune femme qui, cinq semaines après avoir pris la gauche de son homme en pleine face, a choisi de se marier avec lui, au lendemain même de son inculpation pour ces faits, graves.
Quitte à se faire clouer au pilori à son tour, Janay Palmer a bondi dans la mêlée, en plein milieu du lynchage médiatique de Ray Rice, conspué par les États-Unis tout entiers : des anonymes au président Barack Obama, en passant par les célébrités, la condamnation du running back vedette des Ravens est unanime (ou presque, certains osant trouver des circonstances atténuantes) après la publication par TMZ Sports de la vidéo choquante montrant comment il a boxé sa compagne. À noter qu'il a fallu ces images pour que l'opinion publique se soulève avec autant de véhémence, pour des faits connus depuis qu'ils ont eu lieu et "excusés" dès le lendemain par la principale intéressée...
L'incident s'est produit dans la nuit de la Saint Valentin, le 15 février dernier : le couple se dispute en regagnant sa chambre du Revel Casino à Atlantic City (New Jersey), et, dans l'ascenseur, Ray Rice frappe une première fois Janay Palmer. Le coup échauffe la jeune femme, qui tente de répliquer, matée aussitôt par un coup de poing éclair d'une extrême violence qui l'envoie au tapis, sa tête heurtant dans sa chute une barre de l'ascenseur. Tandis qu'elle est inconsciente, le vainqueur du Super Bowl XLVII (février 2013) traîne son corps inerte sans ménagement et la laisse à même le sol du hall du building, visiblement peu inquiet pour sa santé. Inculpé par un grand jury le 27 mars dernier d'agression aggravée au troisième degré (passible de trois à cinq ans d'emprisonnement), marié le lendemain, Ray Rice avait fait acte de repentance publique en mai et en juillet, soutenu par Janay, qualifiant ses actes d'inexcusables et admettant avoir fait "la plus grosse erreur de sa vie". Il ne croyait pas si bien dire : lundi, à peine la vidéo des faits rendue publique, son club des Ravens Baltimore, où il a effectué toute sa carrière pro depuis 2008 et avec lequel il avait signé en juillet 2012 un nouveau contrat sur cinq ans pour 35 millions de dollars, a décidé de le renvoyer. Dans la foulée, la NFL, qui a annoncé au mois d'août un dispositif de tolérance zéro et de sanctions lourdes (jusqu'à la suspension à vie) concernant les actes de violence commis par ses joueurs, lui signifiait sa radiation pour une durée indéterminée.
"C'EST NOTRE VIE !" : Le cauchemar de Janay Palmer n'est pas celui qu'on croit...
Lynché en place publique et privé du métier qu'il a consacré toute sa jeunesse à atteindre, Ray Rice a été défendu bec et ongles par sa femme Janay Palmer, qui a épanché sa colère sur Instagram : "Je me suis réveillée ce matin comme si je sortais d'un horrible cauchemar, comme si je pleurais la mort de mon meilleur ami. Mais je dois accepter le fait que c'est bien la réalité qui est elle-même un cauchemar. Personne ne sait la peine que les médias et l'avis non désiré du public ont causé a ma famille. Nous faire revivre ce moment de nos vies que nous regrettons chaque jour, c'est quelque chose d'horrible. Reprendre à l'homme quelque chose qu'il a bossé comme un taré toute sa vie pour l'avoir juste pour faire de l'audience est ignoble. C'EST NOTRE VIE ! Voilà ce que, vous tous, vous ne voulez pas comprendre. Si votre intention était de nous blesser, de nous embarrasser, de nous isoler, de nous priver de bonheur, vous avez réussi, à bien des égards. Sachez seulement que nous continuerons à grandir et à montrer au monde ce qu'est l'amour véritable !", écrit la jeune femme, qui n'a visiblement pas la même définition de l'amour que le commun des mortels - on voit déjà les partisans de la lutte contre les violences conjugales déplorer sa vision des choses (toutefois, elle a trouvé du soutien sur les réseaux sociaux, où de victimes de violences conjugales ont partagé leurs propres expériences avec le mot-clé #WhyIStayed - "pourquoi je suis restée"). Et de conclure, à l'intention des fans des Ravens : "Ravensnation, on vous aime !"
Ray Rice a également réagi, au micro du network sportif ESPN : "Je dois rester fort avec ma femme. Elle est si forte. On est dans un bon état d'esprit. Beaucoup de gens prient pour nous et nous continuons de nous soutenir mutuellement. Il faut que je tienne bon pour Janay et ma famille en ce moment, et que je travaille à traverser cette épreuve." Et son épouse de compléter : "J'aime mon mari. Je le soutiens. Je veux qu'on respecte notre intimité concernant cette affaire familiale."
"#NeLesCroyezPas"
Pendant ce temps-là, la NFL se débat avec un autre aspect du scandale. Rapporteur du nouvel amendement disciplinaire concernant les violences domestiques, Roger Goodell a affirmé que la ligue de foot US n'avait pas pu visionner la vidéo choc avant sa publication lundi 8 septembre. D'où la sanction très légère (deux matchs de suspension) qui avait été infligée au joueur immédiatement après les faits, clémence pour laquelle Goodell avait plaidé coupable par la suite. Mais TMZ Sports assure pourtant qu'il aurait sans problème pu obtenir l'enregistrement du système de vidéosurveillance en le demandant au Revel Casino, qui avait d'ailleurs fourni ce document à la police. Pour sa défense, le représentant de la ligue a expliqué à la chaîne CBS qu'il avait connaissance de l'existence de la vidéo et avait demandé aux enquêteurs à la visionner, recevant une réponse négative. Quant à se la procurer auprès de la source (des employées du casino ont affirmé qu'ils auraient fourni l'enregistrement... si on leur avait demandé), il s'est justifié en désignant la police comme seul référent fiable dans l'affaire : "Je ne sais pas d'où TMZ ou les autres sites tiennent leurs infos, mais nous faisons avant tout confiance aux forces de l'ordre, ce sont les plus fiables, les plus crédibles. Nous ne cherchons pas ce type d'information auprès d'autres sources qui ne sont pas crédibles." Une défense bien bancale... Et encore plus après la nouvelle semonce de TMZ, pour qui Goodell avait en fait peur de contacter directement l'établissement "dans le dos" de la police, laquelle ne lui a jamais dit que visionner la vidéo interférerait avec son enquête.
L'attitude de la ligue dans ce dossier, suspectée au mieux de légèreté, au pire d'avoir volontairement voulu fermer en partie les yeux, a d'ailleurs suscité la défiance de nombreux fans, y compris des fans célèbres, à l'instar de l'acteur David Boreanaz (Buffy, Angel, Bones), qui a tweeté : "Comment la @NFL pouvait-elle NE PAS SAVOIR qu'il y avait une vidéo #NeLesCroyezPas."