Pour avoir contribué aux réalisations de son illustre père en plus d'en être le fils, Pierre Souchon n'est pas indemne de l'âme acoustico-badineuse de celui-ci.
Entretenant une forme de filiation au point d'avoir embrassé des désirs musicaux en s'associant à Julien Voulzy au sein du groupe Les Cherche-Midi, donnant ainsi une "descendance" au couple mythique et potache formé par Alain Souchon et Laurent Voulzy, Pierre Souchon perpétue également l'art familial - sous son patronyme, tandis que son frère cadet, Charles, alias Ours, a fait sensation en 2007 avec son album Mi multi-primé bien promu par le single La fanfare des cafards, et a enregistré avec une certaine... Lily Allen (22).
Après Pareil jamais, un premier essai publié en 2004 qui enregistrait les contributions de son père (Le Château-fort), de son frère (L'Amour-diapositive), de M et de Bérénice Bejo, Pierre Souchon, également artisan au service de Sandrine Kiberlain ou Jane Birkin, a livré son deuxième album solo au mois de janvier 2010 : Piteur's friends.
C'est sur une note amère que s'ouvre cette réalisation, comme le revendique subtilement le premier single qui en extrait, bien installé en radio : LAOT - faux acronyme à lire... au pied de la lettre, pour obtenir "elle a ôté". Amer, le "Pauvre Piteur", puisqu'elle "a ôté le i du verbe aimer". Outre le sens de la pirouette lexicale, Pierre cultive la griffe Souchon : le ton de litanie douce-amère fonctionnant en ritournelle, la nostalgie proustienne ("la confiserie", "les fruits confits", "la crème au beurre") et le sens vivace de l'anecdote, le timbre de voix volant sur un air de défoule sentimentale, la ligne mélodique coulante mais aussi gourmande de saillies et de ruptures, la diction mâchée et la langue savourée, le regard malicieux et impénétrable et les sourcils comédiens, autant d'éléments d'une poésie moderne reconnaissable, à retrouver sur scène - le 16 février aux 3 Baudets, puis au cours d'une tournée déjà riche de 41 dates.
Un art bien servi, pour le coup, par un clip réalisé par le prometteur Valentin Potier, jeune réalisateur récompensé à de nombreuses reprises dans plus de 40 festivals à travers le monde, et dont le court métrage Tony Zoreil, avec Audrey Marnay et Adeline Moreau vous évoque peut-être quelque chose...
G.J.