Plus d'un an après la plainte déposée contre son père pour violences sexuelles, la fille aînée du comédien Richard Berry, Coline Berry-Rojtman, a été condamnée jeudi 14 avril 2022 par le tribunal d'Aurillac pour diffamation envers son ex-belle-mère Jeane Manson.
L'avocate de Coline Berry-Rojtman, Karine Shebabo, a immédiatement annoncé à l'AFP qu'elle interjetait appel de cette décision : "Ma cliente est consternée. Les parents, agresseurs et connus, ont de beaux jours devant eux."
Le 14 février 2021, dans un article publié par Le Monde, Coline Berry-Rojtman évoquait des violences sexuelles qu'elle aurait subies mineure en 1984 et 1985 au domicile de son père qui vivait alors avec Jeane Manson, accusée d'avoir participé avec lui à ces agressions.
L'ancienne chanteuse âgée de 71 ans avait décidé de poursuivre son ex-belle-fille pour diffamation devant le tribunal d'Aurillac, dans le Cantal, où elle vit une partie de l'année.
Le tribunal lui a donné raison et a condamné Coline Berry-Rojtman, 46 ans, à 2 000 euros d'amende pour diffamation à la suite de cet article et de l'émission télévisée Le Live BFM, dans laquelle elle affirmait que Jeane Manson faisait partie de la secte des enfants de Dieu.
La fille du comédien devra aussi verser 20 000 euros de dommages-intérêts à son ancienne belle-mère, ainsi que 5 000 euros au titre des frais de justice.
Au lendemain de cette décision de justice, Coline Berry-Rojtman a réagi sur Instagram, exprimant toute sa colère. "27 000 euros. Voilà la sanction pour avoir osé dénoncer ce que j'ai subi dans ma chair. Voilà la sanction du tribunal d'Aurillac, petit ville du Cantal avec laquelle ni mon père ni moi n'avons aucun lien, où se situe le cabinet de l'avocat de la plaignante, ancien conseil de Dieudonné", écrit dans un premier temps Coline Berry-Rojtman, sans nommer explicitement Jeane Manson. La fille de Richard Berry poursuit en dénonçant "les calomnies" de sa famille auxquelles elle a dû faire face pour la discréditer, ainsi que sa mère et sa famille.
Coline Berry-Rojtman fait ensuite mention d'un "guet apens" survenu "dans la soirée", durant lequel elle aurait été frappée, "pour être sûr de m'intimider encore et physiquement cette fois." "Le combat continue", conclut-elle sa série de messages (voir diaporama).
Les mots de Coline Berry-Rojtman interviennent quelques heures après que Jeane Manson s'est exprimée sur Facebook. "C'est avec un immense soulagement que je vous apprends la condamnation ce jour, de Coline Berry Rojtman pour ses propos diffamatoires et calomnieux à mon encontre. Le tribunal compétent d'Aurillac a jugé que je n'ai jamais fait les horreurs dont elle m'accusait et que toutes ces accusations n'étaient qu'un tissu de mensonges. Vous me connaissez, mes amis, je ne sais donner que de l'amour et de la bienveillance. Aujourd'hui, je suis fière de mon avocat Jacques Verdier, qui a brillamment plaidé la vérité au tribunal le 1er avril dernier et grâce à qui je peux enfin respirer, après des mois de souffrances et d'accusations mensongères. Je tiens à remercier très chaleureusement mes soutiens, ma famille, mes amis, et tous ceux qui ont toujours cru en moi, en la vérité et en l'amour", a écrit Jeane Manson, posant aux côtés de son avocat.
Née en 1976 de l'union entre Richard Berry et l'actrice Catherine Hiegel, Coline Berry-Rojtman a porté plainte le 25 janvier 2021 pour "viols et agressions sexuelles sur mineur", déclenchant le jour même l'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet de Paris. Richard Berry, 71 ans, nie en bloc, tout comme Jeane Manson.
"Tout est faux. C'est malheureusement des mensonges et elle a, je pense, terminé par y croire. C'est désespérant pour un père. Je n'ai aucune attirance pour les enfants. Je suis profondément, franchement, désespéré", avait dit l'acteur en témoignant à la barre le 1er avril. "Je n'ai pas voulu porter plainte parce que c'est ma fille. J'ai tenu à témoigner pour soutenir Jeane Manson", avait-il expliqué.
Les avocats de la défense avaient plaidé l'impossibilité de juger de la diffamation, alors que les faits font l'objet d'une enquête, mais le tribunal ne les avait pas suivis.
Lors du procès, la fille de Richard Berry avait répété ses déclarations au Monde au sujet des jeux sexuels qu'aurait menés son père, parfois en présence de Jeane Manson. Elle avait aussi évoqué des "baisers sur la bouche avec la langue", disant n'avoir "connu que ça". "Elle ment (...). Depuis qu'elle a dix ans, tout le monde l'appelle la mytho", avait répondu Jeane Manson en qualifiant l'article du Monde de "mensonge tellement ignoble, tellement laid".
L'audience, très longue, avait été marquée par un incident rare : la femme actuelle de Richard Berry, Pascale Louage, s'était levée et avait giflé Coline Berry-Rojtman, selon des témoignages recueillis par l'AFP. L'avocate de cette dernière a déposé plainte.