Il y a quelques semaines, Instagram a donné lieu à un surprenant échange de messages entre Richard Berry et sa petite soeur Marie... Cette discussion par réseau social interposée a été l'occasion de rappeler qu'un lien plus que fraternel les unit...
"C'était le 21/06/2005 ! Happy birthday de greffe ma soeur chérie", écrivait le comédien. Sa soeur, en écho, lui répondait : "19 ans de greffe aujourd'hui mon frère. Ensemble main dans la main, nous avons toujours résisté aux pires épreuves... Nous avons combattu la maladie, mais aussi les mensonges les plus ignobles et un déferlement de haine envers notre famille. Je t'aime, je ne lâcherai jamais ta main." Cette merveilleuse déclaration d'amour et l'anniversaire de cette date clef dans leur existence sont venus rappeler qu'il y a en effet dix-neuf ans ans, Richard Berry prenait l'une des plus importantes décisions de sa vie...
Nous sommes donc en juin 2005. Sa soeur Marie, 52 ans est dans une situation très grave. Elle souffre d'une insuffisance rénale terminale. Le dernier stade de cette maladie avant la mort. Il faut agir. Trente-cinq ans plus tôt, Stella, la maman de Richard et Marie avait une première fois sauvé la vie de son enfant atteinte d'une maladie génétique et orpheline, le syndrome d'Alport. Alors que l'adolescente de 18 ans était menacée à court terme d'empoisonnement en raison d'une déficience de son système rénal, elle lui avait fait don d'un rein.
"Je voulais prendre la place de ma mère. Mais elle a refusé", avait raconté Richard Berry à Paris Match. Sa mère voulait en effet laisser une deuxième possibilité à Marie d'avoir la vie sauve. Elle avait vu juste. Au bout de ces longues années, l'organe transplanté avait de plus en plus en plus de mal à remplir sa mission. La greffe ne prenait plus. "Un coup de tonnerre pour la famille", révélaient Richard et Marie en 2014 à Paris Match. Leur frère, Philippe, le père de Marilou Berry -mort en 2019- a six ans de moins que lui, mais il n'est pas compatible avec leur soeur. Cette fois, Richard va pouvoir faire ce don ultime. Donner un bout de soi pour sauver toute une vie.
Quelques semaines avant de partir en Haute-Savoie tourner le film Les Aiguilles Rouges, l'acteur a rendez-vous à l'hôpital Necker.
"L'équipe médicale vérifie tout : rein, coeur, poumons, cerveau, yeux, dents... Le paradoxe, explique Richard Berry a Paris Match, c'est qu'on vérifie que vous êtes en parfaite santé pour vous dire qu'on va vous opérer alors que vous n'avez mal nulle part". Auparavant, le donneur a aussi dû répondre à toute une batterie de questions protocolaires destinées à s'assurer qu'il n'a subi aucune pression et qu'il a été correctement informé des risques encourus. Il est même passé, comme il se doit, devant un juge ! "Il vous rappelle les risques que vous encourez, comme mourir à n'importe quel moment. Je suis sorti sonné de cet entretien", se remémorait Richard pour qui ce geste importait plus que tout. "En faisant ce don, soulignait-il, je me suis débarrassé d'une certaine culpabilité du bien-portant, celui qui a tous ses moyens physiques, auquel tout réussit, face à une soeur handicapée depuis la naissance. Je me sens moins coupable et libéré d'un poids."
Et sa soeur s'est sentie revivre, au point de vouloir dévorer une existence qu'elle n'avait plus. "J'en ai été privée pendant tant d'années à cause de cette maladie héréditaire qui a détruit mes reins que je vis dans l'urgence, avec plein de projets, comme pour rattraper le temps perdu. Je dors peu la nuit car j'ai le sentiment de perdre mon temps !", confiait-elle dans cette même édition de nos confrères de Paris Match.
Paradoxalement, elle expliquait aussi que la culpabilité dont son frère s'était senti libéré, c'est elle qui l'avait endossée. "Même si Richard a fait ce don par amour, je me suis rendu compte qu'il m'en voulait car il craignait l'intervention, expliquait-elle. Plus l'échéance approchait, plus il avait peur. À un tel point que, peu de temps avant la greffe, on ne pouvait plus communiquer ni se voir, on utilisait notre mère comme intermédiaire. Richard a une famille, des enfants, une vie et, même si le risque pour le donneur est infime, il est quand même présent."
Afin de faire face à cette culpabilité, Marie avait été aidée par des psychologues. D'autant qu'elle avait appris à peu près à ce moment-là qu'elle souffrait d'un cancer du sein. "Je me suis alors posé la question de la légitimité de mon existence, si je désirais continuer à vivre. Mais la vie a été la plus forte...( ...) Je ne lui rendrai jamais son rein, et si je lui dois quelque chose, c'est de lui montrer que je suis heureuse dans ma vie", concluait-elle auprès du magazine.
Heureuse... et toujours aussi proche de son frère, notamment dans l'épreuve judiciaire et familiale qu'il vient de traverser. Accusé de viol par sa fille Coline, -qui a été relaxée il y a quelques jours à la grande joie de sa cousine Marilou qui l'a toujours soutenue-, le comédien avait toujours pu compter sur le soutien de cette soeur qui a en elle un peu de lui.
Une fratrie d'autant plus unie qu'ils sont désormais les seuls survivants de la famille après le décès de leur frère Philippe et ceux de leurs parents, à trois mois d'intervalles, en 2017 et 2018.
De cette épreuve, Richard Berry a évidemment gardé des traces. Outre une cicatrice d'une dizaine de centimètres, l'acteur a dû se résoudre à son grand désespoir à ne plus faire ni de moto, ni de vélo en raison des risques qu'encourt son unique rein en cas de chute. Un petit sacrifice, pour cette soeur qu'il aime tant, une soeur qui n'en a malheureusement pas fini avec les problèmes ainsi que Richard Berry l'évoquait dans un message Instagram qu'il lui faisait parvenir l'an dernier : "Ma petite soeur chérie, tu vas subir une énième intervention demain matin. Ton courage et ta dignité face à toutes ces injustes souffrances sont exemplaires. Et comme toujours, je me tiens à tes côtés."