30 ans, l'âge de raison ?
Chez Roger Federer, cela semble être le cas. Le Suisse, plus grand joueur de l'ère moderne de la petite balle jaune, a en effet réclamé davantage de contrôles antidopages dans sa discipline. Une déclaration surprenante dans un monde où le mot dopage est tabou. Mais depuis l'immense scandale Lance Armstrong, les langues se délient et certains en viennent à se plaindre du faible nombre de contrôles effectués. Aussi, à la veille de débuter le Masters de Londres, Roger Federer confiait avoir le sentiment d'être moins suivi qu'auparavant.
"J'ai l'impression de subir moins de contrôles qu'il y a six, sept ou huit ans. Je ne connais pas les raisons exactes pour lesquelles nous avons moins de contrôles sanguins actuellement, mais je suis d'accord avec Andy ([Murray, NDLR], nous ne faisons pas beaucoup de contrôles sanguins pendant l'année. Il est capital et vital que ce sport reste propre. Nous avons un bon historique en la matière et nous devons nous assurer que ça continue comme ça", expliquait Roger Federer dans des propos repris par Le Figaro. Le septuple vainqueur de Wimbledon faisait ainsi écho aux propos d'Andy Murray, la star de l'été après ses victoires en finale des Jeux olympiques et de l'US Open sous les yeux de sa belle Kim Sears.
"Je crois que j'ai subi quatre ou cinq contrôles sanguins cette année, et beaucoup plus d'urine. Mais il semble que cela soit devenu totalement nécessaire lorsque l'on entend parler de Lance Armstrong", confiait alors l'Ecossais, qui a parfaitement réussi son entrée dans le Masters ce lundi 5 novembre face à Tomas Berdych sous les yeux de 17 000 spectateurs déchaînés (3-6, 6-0, 6-4). Visiblement, les révélations sur Lance Armstrong et la mise à jour d'un système de dopage élaboré ont fait réfléchir les joueurs. Ainsi, Andy Murray, qui par le passé les critiquait allègrement, semble avoir changé son fusil d'épaule et prône les contrôles inopinés hors tournois. "Cela pourrait-être mieux, explique-t-il. En décembre, au moment où les joueurs effectuent leur préparation foncière, ce serait bon d'en instaurer plus."
Une attitude étonnante mais qui devrait se généraliser du fait du scandale Armstrong, véritable tournant dans l'histoire de la lutte contre le dopage, tant le séisme est important. Selon Le Figaro, l'ITF, qui gère le programme de lutte contre le dopage, augmente chaque année le nombre de ses contrôles. En 2011, ce sont plus de 2 000 contrôles, dont plus de 200 hors compétitions, qui ont été réalisés. En 2002, il n'y en avait que 662...
Et les membres du Big Four sont tous sur la même longueur d'onde. Malgré les contraintes de localisation qu'impose le suivi des athlètes, qui doivent donner leur lieu de résidence au jour le jour, tous adhèrent. Même si Rafael Nadal s'est légèrement embrouillé après un contrôle subi à son domicile en février dernier. "Je suis content qu'il en soit ainsi", avait publié la star sur son compte Twitter. Avant de dire exactement le contraire quelques jours plus tard à la télévision espagnole : "Je pense qu'il n'y a pas de sportif de haut niveau dopé, parce que le règne de contrôle antidopage est inhumain. Je dois dire où je suis tous les jours de l'année. Je dois donner une heure par jour de mon temps aux équipes antidopage."
En attendant, et malgré les plaintes de Rafael Nadal, les contrôles devraient se multiplier à l'avenir. Le fait pour les joueurs de demander eux-mêmes la multiplication des contrôles constitue une première dans le monde du sport. Les mots de Roger Federer, 17 Grand Chelem et le record de semaines passées en tête du classement ATP à son actif, vont peser lourd pour l'avenir de la lutte antidopage. Un exemple à suivre dans les autres disciplines.