Daniel Balavoine : Ses deux enfants Joana et Jérémie, qui ont grandi sans lui, sont devenus des artistes underground... et l'un d'eux sort une oeuvre surprenante !
Publié le 14 janvier 2025 à 07:28
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Par Lucie Gosselin | Rédactrice
Journaliste passionnée, depuis plus de 10 ans, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages ou des interviews.
Le 14 janvier 1986, la France est sous le choc. Le chanteur Daniel Balavoine vient de trouver la mort dans un accident d'hélicoptère. C'était il y a 39 ans. 39 ans, c'est d'ailleurs l'âge de sa fille, Joana, qui ne l'a jamais connu. Quant à Jérémie, il n'avait que 2 ans quand son père a perdu la vie. Comment ces deux enfants se sont-ils construits ? Par quelles épreuves sont-ils passés ? Que font-ils aujourd'hui ? Purepeople lève le voile...
Daniel Balavoine : Ses deux enfants Joana et Jérémie, qui ont grandi sans lui, sont devenus des artistes underground... et l'un d'eux sort une oeuvre surprenante !
Daniel Balavoine est mort il y a 39 ans...

Portrait de Daniel Balavoine à Biarritz. Août 1984
© Jean-Jacques Descamps via Bestimage Le 14 janvier 1986, il perdait la vie dans un crash d'hélicoptère au Mali

Balavoine, 8ème édition du Paris Dakar Au moment de sa disparition, il est déjà le père d'un enfant, Jérémie, fruit de ses amours avec Corinne.

Daniel Balavoine et sa compagne Corinne a la premiere edition des Victoires De La Musique a Paris, France, le 23 novembre 1985.  Photo by Pascal Baril/ABACAPRESS.COM Mais la compagne de Daniel Balavoine porte un autre enfant : ce sera Joana.

Joana Balavoine Instagram Joana Balavoine va naître 5 mois après la mort de son père.

Joana Balavoine (fille de D. Balavoine) et Jean-Baptiste Maunier  -  Invités et People lors de l'enregistrement de l'émission "On se refait Palmade" au Théâtre de Paris, qui sera diffusée le 16 juin sur France 3,  le 22 mai 2017. -
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“Le Paris Dakar en deuil : Thierry Sabine, Daniel Balavoine et trois autres personnes sont mortes dans un accident d'hélicoptère”, ainsi Bernard Rapp lance-t-il le journal télévisé de 20h, sur France 2 le 15 janvier 1986. La veille, le fondateur du célèbre raid dans le désert et l’un des chanteurs les plus populaires de l’époque ont perdu la vie. Ce jour-là, ce n’est pas seulement le Paris Dakar qui est en deuil, mais toute la France qui pleure la disparition de Balavoine, cet artiste engagé, dont le franc parler était déjà aussi légendaire que ses morceaux comme Le chanteur, Mon fils ma bataille ou Tous les cris les SOS, qui résonnent encore à nos oreilles. S’il était d’ailleurs ce jour-là dans l’appareil, ce n’est pas tant par goût de la course : il participait à l’opération Paris du coeur destinée à livrer des pompes à eau aux habitants les plus démunis du désert.

Le 22 janvier 1986, une immense foule se presse dans Biarritz où sont célébrées ses obsèques. Ce jour-là, quelques mois avant qu’une tragédie n’emporte Coluche, les Français perdent un artiste dont la destinée s’annonçait brillante. Et deux enfants se retrouvent orphelins. Jérémie, l’aîné, n’a que deux ans, quant à Joana, la benjamine, elle naîtra cinq mois après le drame, mise au monde par leur maman, Corinne Barcessat. L’Aziza, fameuse chanson sortie en 1985, avait été écrite pour cette dernière. Coco, ainsi qu’on la surnomme, est une juive pied-noir née à Casablanca. “Ton étoile jaune, c’est ta peau”, chantait l’artiste à son propos. Ils s’étaient rencontrés en 1981 alors que Balavoine avait déjà connu plusieurs histoires sentimentales, dont un mariage éphémère avec Dominique au début des années 70.

En cette fin des années 80, Corinne, qui a depuis refait sa vie,  et ses deux enfants se retrouvent donc seuls face à leur tristesse. Comment se construit-on lorsque l’on grandit sans un père dont l’esprit tutélaire est si grand, lorsque l’on porte son nom ? La première à avoir répondu à la question, bien des années après sa naissance, c’est sa fille, à l’occasion de la sortie, en 2021, d’une bande dessinée intitulée Les Lions endormis, dans laquelle elle racontait son histoire et notamment son combat contre ses addictions à la drogue, qui lui ont valu bien des déboires : « Je m’appelle Joana Balavoine. Ce nom de famille qui représente beaucoup pour des millions de gens, il fut d’abord pour moi le symbole d’un grand vide et d’une grande absence. Le nom d’un personnage très connu, que moi je n’ai pas connu. Et qui fut pourtant mon père », écrivait-elle en préambule.

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Joana, la fille de Daniel Balavoine a dû se battre pour porter le nom de son père

 

Un nom pour lequel elle a dû se battre. À sa naissance, elle avait reçu le nom de famille de sa mère mais cette dernière a ferraillé pour que sa fille hérite du patronyme du célèbre chanteur : « Notre avocat, Sylvain Jaraud, a lancé une procédure judiciaire après ma naissance pour que je sois reconnue post mortem par mon père et puisse porter son nom », avait expliqué Joana à Paris Match en 2015. C’est en grande partie grâce à la médiatisation de l’époque qu’elle s’appelle aujourd’hui Balavoine. Avant sa mort, le chanteur avait en effet évoqué publiquement la grossesse de sa compagne.

Joana n’est pas écrivaine. Elle est chanteuse, comme son père. Plongée dès son plus jeune âge dans l’univers de la pop des années 80, elle s’associe à DJ Phantom pour signer la bande sonore électro du générique de l’émission Un jour, une heure, lancée sur France 2 en 2007. Quelques années plus tard, en 2011, elle partage la scène avec Marc Lavoine pour interpréter Sauver l’amour, un titre emblématique de son père. En 2015, elle lance un projet musical avec Alexandre Mazarguil sous le nom Gentle Republic. Le duo dévoile un premier EP, composé de cinq morceaux, et publie dans la foulée le clip du titre Better Run. Depuis ? Pas de musique connue, mais cette bande dessinée dont Joana a écrit le sombre scénario : celui de sa vie.

 

© Youtube
"Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi je n'avais pas le droit à un papa"


Lors de la promotion de son livre, invitée au micro de France Info, elle n’avait rien caché de ses souffrances, de ses failles, du manque de son géniteur et des conséquences dévastatrices qui en avaient découlé. “Ce n'était donc pas un hasard que vous tombiez dans la drogue ?, l’interrogent nos confrères. Non, pas du tout, avait répondu Joana. Ça commence avec les gens fragiles et je l'étais énormément. Sans père, sans cadre. (...) Quand j'ai goûté à 16 ans, la cocaïne et l'ecstasy qu'on m'a proposés, ça ne m'a pas fait peur. Ça ne m'a pas impressionnée. Je n'étais pas au courant des effets. Il y a peut-être même un manque d'information”. Dans les colonnes du Parisien, au moment de la sortie du livre, elle ajoutait : "Être un enfant posthume, c'est la première graine. Je suis construite sur ce traumatisme. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi je n'avais pas le droit d'avoir un papa. À cause de cette absence, je n'ai eu aucune limite… Et comme mon père était Daniel Balavoine, on m'a aussi passé beaucoup de choses. Les gens aiment papa, ils ont de la tendresse pour lui… C'était compliqué de vivre avec ce mythe, de l'ordre de la légende."

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Les lions endormis Fanny Montgermont (Dessin, Couleurs) | Sylvie Gaillard (Scénario) | Joana Balavoine (Scénario), édité chez Grand Angle

Quinze années durant, Joana luttera contre ses addictions, notamment à la cocaïne, alternant sevrages, rechutes et dépressions. Ce combat, décrit dans la BD, elle est ensuite allée le raconter dans les lycées et envisageait de passer un diplôme en addictologie. En mars 2023, invitée de l’émission Dans les Yeux d’Olivier, elle avait expliqué être allée refaire sa vie au Pays Basque, sur la terre où repose son père. «J’ai des projets musicaux, que je mène tranquillement, et je m’éclate en jouant dans un groupe avec des gens qui ont 70 piges. Je suis aux claviers, je fais des chœurs, je chante. Du plaisir, sans pression», résumait-elle.

 

Jérémie s'est lancé dans la poésie après la musique

 

Chanter, jouer de la musique, c’est aussi ce qu’a fait longtemps Jérémie, ce frère qui a longtemps servi de repère à Joana, mais dont l’existence est beaucoup plus discrète. Pas de photos, pas d’interviews, pas d’albums connus, de comptes Instagram ou de vidéos YouTube, le jeune homme semble avoir voulu se construire loin des lumières. “Et partout dans la rue J'veux qu'on parle de moi…” ? Très peu pour lui, qui s'était d'ailleurs, en 2013, opposé à la sortie du disque hommage Génération Balavoine.

Et pourtant, tout dernièrement, cet artiste de l’ombre semble avoir décidé d’en sortir. Le 30 septembre dernier, dans la confidentialité la plus totale, il a publié sous son célèbre nom un livre de poésie. Intitulé Schizoquelquechose, l’ouvrage recense une grande quantité d’œuvres écrites par le néo-quadragénaire. Sur le site de son éditeur, Cent mille milliards, il se montre enfin, apparaissant sur une photo en noir et blanc. Un beau brun, à la barbe naissante et aux cheveux en bataille. L’ouvrage révèle une écriture qui oscille entre sévère introspection et description d’un monde à la dérive. “Il ose aller chercher les mots et les formules pour dire la vie au plus près, là où elle nous attend et où on n’ose pas aller la goûter : tout au fond des sentiments et des émotions, derrière les pensées toutes faites”, écrit son éditeur, Guillaume Wallut, évoquant le livre, dont voici un extrait :

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Il y a dans les chambres de nos villes
Des corps cambrés sans piles
Sans esprit
Avachis
Tassés
Désossés
Comme des décombres
Devant leurs ordinateurs
Des têtes coincées dans l’ombre
Possédées par des aspirateurs
Leurs traces de pas déchaussés
De l’écume de rêves subtilisés
Sur des morceaux de verre alcoolisé

Joint par Purepeople, Guillaume Wallut se dit extrêmement fier d’avoir été choisi par le jeune homme pour éditer et “imprimer à la demande parce que les questions écologiques nous concernent et le concernent, précise M. Wallut, cet ouvrage aussi beau que singulier. Il ne nous en dira pas plus, laissant à Jérémie la possibilité de s’exprimer s’il le souhaite. Tout juste avons-nous appris qu’il vivait à Bruxelles.

Toutefois, sur le site de l’éditeur, l’auteur en dit un peu plus sur lui à la faveur d’une longue interview appuyant la sortie du livre.

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Recueil de poèmes de Jérémie Balavoine Schizoquelquechose
Editions Cent mille milliards
"Je l’ai fait en fumant de l’herbe ou d’autres substances", explique Jérémie à propos de son oeuvre



Longtemps, l’enjeu a été pour moi de trouver ma place dans la société grâce à mon propre travail de création”, explique Jérémie Balavoine. “C’est vrai qu’écrire est une activité qu’on peut pratiquer tous les jours partout alors que la musique exige beaucoup d’entraînement et un environnement plus propice.” La musique, justement, le fils de Daniel Balavoine, qui ne parle jamais de son père dans ce long entretien, l’évoque, et balaie le sujet d’un revers de la main… “Ah, les chansons… Je vais essayer d’abréger le sujet : ce n’est pas qu’il n’est pas intéressant d’en parler, j’ai déjà écrit des chansons, disons qu’il a toujours existé à ce propos un conflit qui m’a coupé l’envie d’y aller… J’ai joué de la musique dans des groupes, mais c’est comme s’il y avait un mur invisible qui m’empêchait d’aller plus loin dans cette direction. Alors que j’ai toujours écrit.” Toujours... et tous les jours, précise Jérémie qui ne cache pas être parfois allé chercher dans les paradis artificiels chers à Baudelaire ses sources d’inspiration : “Je l’ai fait en fumant de l’herbe ou d’autres substances parce que je pense qu’il est intéressant de rencontrer cette voix intérieure qui se fait alors beaucoup plus forte”, détaille-t-il, en racontant d’ailleurs cette anecdote sur le choix du titre de son livre. “J’avais deux ou trois titres qui n’étaient vraiment pas super, et une après-midi, j’étais sur ma terrasse à fumer de l’herbe et, je ne sais pas, le titre est simplement venu et, quand il est apparu, c’était ça et pas autre chose.” Un titre, qui juge-t-il bon d’expliquer, n’est en rien le reflet d’un mal dont il souffrirait.

Comment se fait-il que ce livre soit jusqu’ici passé inaperçu ? “Nous n’avons pas commencé vraiment à le promouvoir”, explique son éditeur. L’heure de s’afficher devant le grand public, à l’image de sa sœur qui avait attendu presque 30 ans, est-elle enfin arrivée pour le fils de Daniel Balavoine ? Les semaines qui viennent nous le diront…

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