Le témoignage est glaçant et a laissé Yann Barthès sous le choc. Invitée le jeudi 30 janvier 2020 sur le plateau de Quotidien (TMC), à l'occasion de la sortie de son livre Un si long silence aux éditions Plon, Sarah Abitbol a livré une nouvelle fois le récit glaçant de son histoire. Alors qu'elle n'avait que 15 ans, l'ancienne championne de patinage artistique a été violée pour la première fois par son entraîneur, Gilles Beyer. Les agressions sexuelles ont duré pendant deux ans. Dans son livre, jamais Sarah Abitbol ne l'appelle par son nom, elle le nomme "Monsieur O" ou "l'ordure".
Si l'ancienne patineuse choisit aujourd'hui de parler, bien que les faits qu'elle relate soient prescrits, c'est parce qu'elle a été touchée par les témoignages de Flavie Flament ou d'Adèle Haenel – qui ont révélé avoir été victimes dans leur jeunesse d'agressions sexuelles –, mais aussi parce qu'elle souhaite briser l'omerta qui règne dans le monde du patinage artistique. En ne faisant pas part de sa douloureuse expérience, Sarah Abitbol se sentait complice des agresseurs qui pouvaient continuer d'agir en toute impunité.
Bien que le silence soit à présent brisé, la multiple championne de France ressent toujours le poids du traumatisme. Elle a tenu à insister sur les conséquences à long terme de ses agressions sexuelles à répétition. "Je suis encore sous antidépresseurs", a-t-elle avoué à Yann Barthès, et ce malgré des années de thérapie avec des psychologues et psychiatres. "Je n'en suis pas sortie aujourd'hui", regrette-t-elle. "Aujourd'hui, quand mon mari me propose un beau voyage avec ma fille, je ne peux pas partir de chez moi parce que l'inconnu me fait peur, parce que je me suis fait agresser lorsque je suis partie de chez moi. Il y a encore des conséquences aujourd'hui", a-t-elle témoigné.
Sarah Abitbol regrette que les instances dirigeantes n'aient pas pris son dossier au sérieux et qu'elles aient même couvert les horribles actes de Gilles Beyer. Elle avait pourtant contacté Jean-François Lamour, alors ministre des Sports sous la présidence de Jacques Chirac, mais il lui avait demandé de fermer les yeux.
À la suite de ses accusations, la Fédération des sports de glace a réagi par le biais d'un communiqué, que Yann Barthès a lu à la patineuse de 44 ans : "La Fédération s'exprimera sur un nombre important d'allégations et d'inexactitudes figurant dans ces articles et le livre concernant notamment la prétendue passivité de la Fédération." "C'est un peu facile", s'est contentée de réagir Sarah Abitbol.
Depuis ces révélations, plusieurs anciennes patineuses françaises accusent à leur tour leurs entraîneurs.