Au terme d'un Grand Prix du Brésil qui aura connu autant de rebondissements que l'élection du président de l'UMP la semaine dernière, Sebastian Vettel a décroché son troisième titre de champion du monde de suite. Un exploit réalisé par les seuls Juan Manuel Fangio et Michael Schumacher avant lui.
Michael Schumacher qui disputait là sa dernière course, avant de tirer définitivement sa révérence des paddocks. L'émotion était donc au rendez-vous pour fêter le septuple champion du monde et les hommages se sont succédé tout au long du week-end. Certains pilotes affichaient un écusson sur lequel était inscrit "Merci Michael". Son écurie lui avait réservé un adieu tout particulier, les voitures Mercedes portant des inscriptions "Merci, Au Revoir Michael". Avant la course, le champion allemand avait eu le privilège d'effectuer un tour d'honneur sur la piste d'Interlagos, brandissant un drapeau Thank You, sous les applaudissements de la foule venue en masse. Peu bavard à l'issue de cette dernière course terminée dans l'anonymat d'une septième place, il confia simplement "savoure[r] chaque instant", avant de féliciter chaleureusement son compatriote Sebastian Vettel, champion du monde pour la troisième fois consécutive et désigné comme son successeur attitré : "Je suis fier de lui."
Pourtant, ce n'était pas gagné. Au coude à coude avec Fernando Alonso avant cette ultime manche du championnat, le pilote Red Bull ne pouvait se permettre de terminer au-delà d'une certaine place. Et tout aurait pu basculer dès le premier tour, Bruno Senna, neveu du mythique Ayrton, lui rentra dedans, envoyant sa voiture en tête-à-queue. A ce stade de la course, c'est bien le pilote Ferrari qui était sacré, au détriment d'un Sebastian Vettel malchanceux.
Mais il était dit que le championnat ne se jouerait pas de la sorte. Sebastian Vettel a pu repartir et entamer une belle remontée, quand Fernando Alonso, déchaîné, profitait du bon travail de son coéquipier Felipe Massa pour occuper la seconde place. Rythmée par l'apparition de la pluie, les passages au stand, les apparitions de la voiture de sécurité et les accrochages, l'étape brésilienne fut l'une des plus passionnantes de la saison, d'autant plus que l'issue du championnat du monde resta incertaine jusqu'au dernier tour... Mais malgré les efforts de Fernando Alonso, c'est bien Sebastian Vettel qui terminait en tête du classement des pilotes pour trois petits points, grâce à une sixième place chèrement acquise.
"C'est très dur de trouver les mots pour exprimer ce que je ressens. (...) Je dirais qu'il faut avoir la chance d'être au bon endroit au bon moment. Mais j'ai peut-être créé cette chance par mon travail", a ainsi confié le pilote Red Bull avant de confier sa fierté d'avoir réussi cette performance au Brésil, pays d'Ayrton Senna : "C'est important pour moi de vivre ce moment, ici à São Paulo, là où Ayrton Senna est né et où il est enterré. Venir ici, gagner un troisième titre dans le pays de Senna, c'est vraiment spécial." Privé de radio durant la course, Sebastian Vettel, plus jeune triple champion du monde à seulement 25 ans, a reconnu n'avoir eu connaissance de l'évolution du classement des pilotes que grâce à son équipe et son "panneautage".
Du côté de Fernando Alonso, la déception était forcément grande, même si c'est un sentiment de fierté qui régnait au sein de la Scuderia Ferrari et de son pilote qui trouvera forcément le réconfort auprès de sa douce Dasha : "Je suis fier de moi et fier de mon équipe. Nous pouvons être satisfaits du travail accompli. Évidemment, je perds le championnat pour trois points mais, au final, j'ai acquis le respect de nombreuses personnes, cette année, et j'ai gagné bien plus que de simples points. (...) Nous avons mis tout notre coeur dans cette bataille, jusqu'à la dernière course et nous devons en être fiers."
Une lutte qui aura presque fait oublier la victoire de l'ambassadeur Hugo Boss Jenson Button et la sortie de piste de l'amoureux transi Lewis Hamilton, pourtant bien parti pour s'imposer pour sa dernière course chez McLaren...