Shakin' Stevens : Cette nuit où sa bien-aimée lui a sauvé la vie

Il y a un an, il frôlait la mort ; aujourd'hui, tout va mieux et il peut honorer la tournée anniversaire de ses trente ans de carrière à travers le Royaume-Uni et l'Europe. L'idole britannique Michael Barratt, plus connue sous son nom de scène de Shakin' Stevens, a tremblé mais a survécu. Grâce à sa compagne, Sue Davies, qui livre un récit stressant de la nuit où l'artiste a failli partir.

En juillet 2010, l'ancien chanteur de The Sunsets, 16e meilleur vendeur de tous les temps et artiste le plus "charté" outre-Manche (pas moins de... 33 singles présents dans le Top 40 au cours de sa carrière), icône des années 1980 outre-Manche avec des tubes rock et rockabilly tels que Hot dog, This ole house, You drive me crazy, Green Door, Oh Julie, A love worth waiting for qu'on retrouvait dans la compilation The Epic Masters, faisait un arrêt cardiaque à son domicile de Windsor. Transporté en urgence à l'hôpital, il mettra deux mois à ce remettre de ce malaise causé par la fatigue liée au travail sur son nouvel album et par l'excès... de jardinage. Passé 60 ans, il ne faut pas présumer de ses forces...

Aujourd'hui âgéde 63 ans, le rockeur est en pleine forme. Et on apprend que c'est en réalité sa chérie qui lui a offert de rester en vie, dans un témoignage que Shakin' Stevens livre à la presse anglaise. "J'étais dans le jardin, à charrier des sacs de déchets végétaux. Ils étaient vraiment lourds, et mes jambes ont commencé à faiblir", se souvient-il. "Le lendemain, j'étais en studio et je ne me sentais pas bien - j'étais patraque, rien de précis. Et le lendemain ça allait mieux, mais je me suis mis à souffrir d'indigestion. J'ai pris un Gaviscon et me suis allongé pour me sentir mieux, puis j'ai décidé de me coucher. C'est la dernière chose dont je me souvienne."

La suite, ce fut un arrêt cardiaque, et il fallut toute la réactivité et l'aplomb de sa compagne Sue Davies (Shakin' Stevens s'était séparé en décembre 2009 de sa femme) pour le tirer de ce mauvais pas. Sue a appelé les secours, qui lui ont dicté par téléphone les gestes qui sauvent. Elle raconte : "J'étais en train de lire au lit, quand j'ai senti son corps se raidir et entendu un étrange borborygme sortir de sa gorge. Je me suis tournée vers lui, il avait les yeux révulsés. C'était totalement terrifiant. J'ai frappé sur sa poitrine avec ma main, il a respiré, puis s'est arrêté. Je ne connaissais pas les premiers secours. Je lui hurlais "reviens !". Je suis descendue au rez-de-chaussée, j'ai pris mon téléphone et appelé les secours. Le secouriste m'a dit "on va faire 600 compressions". S'il m'avait dit 60, j'aurais compté jusqu'à 60 et je serais devenue folle d'effroi, mais là je ne risquais pas d'arriver à compter, concentrée sur ses instructions et sur mes gestes. J'ai pu sentir des os ployer, mais il m'a dit que si j'entendais des côtes craquer, c'est que je m'y prenais bien." Voilà comment apprendre sur le tas la technique de la réanimation cardio-pulmonaire (compressions et bouche à bouche).

A leur arrivée, les secours ont pu utiliser un défibrillateur pour choquer et faire repartir le coeur, et Sue, dont le sang-froid a permis le sauvetage de son bien-aimé, est montée dans l'ambulance pour accompagner Shakin' Stevens à l'hôpital de High Wycombe, où il a été admis en soins intensifs et où les médecins ont abaissé sa température corporelle pour réduire les risques de dommages liés au défaut d'oxygénation. Après 24 heures d'incertitude, Sue Davies s'entendait dire : "Il va s'en sortir."

Au bout d'une semaine, Shakin' Stevens était transféré dans un autre établissement, pour y subir une opération visant à lui implanter un dispositif de défibrillateur automatique. Et deux mois plus tard, il rentrait chez lui, à Windsor. "C'était difficile de réapprendre à marcher - tout me semblait fatigant. Il a fallu que Sue m'assiste pour tout." Aujourd'hui, sa vie ressemble à ce qu'elle était avant, et Shakin' Stevens insiste pour que les manoeuvres de RCP (réanimation cardio-pulmonaire) soient inculquées à l'école, dans un pays où on dénombre 30 000 arrêts cardiaques annuels hors des structures médicales. Le genre d'épreuve qui vous renforce un couple.