Connue pour ses comportements extrêmes et ses déclarations coups de poing, si elle laisse souvent libre cours à sa verve piquante, Sinéad O'Connor n'en oublie pas ses premières amours, à savoir, la musique. Revenue l'année dernière avec un neuvième album, intitulé How About I Be Me (And You Be You), la chanteuse rebelle, et peu tendre avec son pays maternel (l'Irlande), écume en ce moment les scènes européennes et se produira notamment le 10 août prochain sur la scène du Festival interceltique de Lorient.
L'occasion pour l'Irlandaise de 46 ans de reprendre ses plus grands tubes, dont Nothing Compares 2 U mais également ses dernières chansons, comme Take Off Your Shoes, dans laquelle elle dénonce le silence du Vatican sur les sévices sexuels subis par des enfants dans des écoles catholiques d'Irlande - un sujet touchy et plutôt tabou. "Rebelle accidentelle" de son propre aveu, Sinéad O'Connor est aujourd'hui toujours profondément marquée par un passé trouble et mouvementé qui explique en partie ses multiples prises de positions radicales. "Je n'ai pas choisi de subir toutes sortes d'abus quand j'étais enfant. Ni d'être sensible à l'injustice", assure la chanteuse dans les colonnes du magazine L'Express.
Mais malgré une certaine instabilité psychologique (elle a étéhospitalisée en 2012 à la suite d'une dépression doublée d'une tentative de suicide), Sinéad O'Connor continue de défendre bec et ongles des causes qui lui tiennent particulièrement à coeur et notamment celle de la communauté homosexuelle. Non contente de constater que la loi en faveur du mariage pour tous a été promulguée en France, la chanteuse ne peut cependant s'empêcher de lâchre que "tout mariage devrait être interdit." Une logique de contradiction dont seule la star à la tête rasée a le secret et qui se cristallise dans l'amour-haine qu'elle porte à son pays.
"Je déteste la musique traditionnelle irlandaise. Les paroles de ces ballades sont sombres, déprimantes. Mais ce sont mes souvenirs d'enfance, déclare Sinéad O'Connor. Arrangées avec des sonorités lumineuses, elles deviennent émouvantes. Je vénère mon pays et sa musique autant que je les méprise. Si mes enfants étaient majeurs, je quitterais l'Irlande. C'est un pays oppressant, complexe, avec encore beaucoup de refoulés sexuels... et émotionnels." Voilà ce qui s'appelle rhabiller pour l'hiver. Celle qui, sur la pochette de son single 4th&Vine, prend la pose en preux chevalier des temps modernes n'a décidément pas fini de faire croisade contre son passé et ses propres démons...
Retrouvez l'intégralité de l'interview de Sinéad O'Connor dans le magazine "L'Express", spécial été, actuellement en kiosques.