Le choc de l'adoption et la "tentation du harem". A 53 ans, Smaïn n'a pas fini de nous suprendre. Etonnant de voir comme les mots peuvent être un exutoire, souvent. A l'occasion de la sortie de son autobiographie, Je reviens me chercher, le comédien revient avec insistance sur son enfance, sa famille, ses errances et ses erreurs, ses succès et ses bonheurs. Surtout, ce pro de la plume (il est tout de même l'auteur de trois one-man shows) nous relate dans un style très agréable la manière très désagréable dont il a appris son adoption.
La vérité nue
"Tes parents ne sont pas tes vrais parents" lui sermonne un jour une institutrice maladroite, et vraisemblablement très rancunière. Le jeune Smaïn Faïrouze n'a alors que 11 ans. "Par pudeur", et respect aussi, le futur humoriste n'en parlera jamais à ses parents. Ceux-ci décèderont peu de temps après, "mon père et ma mère ayant disparu quand j'avais 13 et 17 ans," explique-t-il.
Cette nouvelle bouleversante venait "confirmer ce que les indices me faisaient redouter", assure sans aucune amertume le comédien dans son livre. Finalement, il trouve la vérité nue dans une boîte de chaussures : ses deux première années passées dans un orphelinat, son père adoptif, balayeur algérien de Paris, qui vient le chercher. Plus vieux, Smaïn tentera de retrouver sa mère biologique. "L'enquête" restera vaine mais la cicatrice profonde.
Smaïn bigame ?
Voilà peut-être pourquoi cet homme a eu besoin de connaître la lumière de la scène, voilà pourquoi il ne sait pas dire non même aux projets les plus ratés (il cite Charité Biz'Ness), voilà pourquoi il craint l'abandon plus que tout. Au point de proposer aux deux mamans de ses trois enfants de vivre sous le même toit ! "J'ai deux foyers et trois enfants. J'ai acheté une maison à la campagne en espérant y faire cohabiter tout le monde. Mais la tentation du harem ? Echec sur toute la ligne."
"Mon père était bigame. Moralité, je me suis construit avec l'idée qu'avoir deux femmes était totalement légitime," écrit Smaïn dans son autobiographie. Revenir se chercher, c'est aussi se remettre en question. Smaïn fait un bond magnifique dans les sentiments d'un homme qui, s'il n'a jamais été victime de racisme, a souffert d'être considéré comme un "has been".
Espérons que le talent et la pêche de Smaïn, intacts, continuent longtemps d'illuminer son chemin !
Clément Razgallah
Je reviens me chercher, une autobiographie sortie en mai 2011 à dévorer sans modération aux édition Michel Lafon (17, 95 euros)