S'il ne fallait en retenir qu'un, ce serait celui-là : Everybody needs somebody to love. La chanson phare des Blues Brothers de John Landis recèle en elle-même tout ce qui a valu le titre de King of Rock n' Soul au formidable Solomon Burke, son merveilleux interprète original (vidéo ci-dessus), dont le décès brutal a été annoncé dimanche 10 octobre.
Le flamboyant chanteur, caractérisé par un style explosif pas sans rappeler celui de James Brown et influencé par Nat King Cole, Ray Charles et John Lee Hooker, est mort dimanche, quelques mois après avoir célébré ses 70 ans. En tournée depuis le printemps en amorce de la parution de son dernier album, Hold on Tight, élaboré avec les Néerlandais de De Dijk, ce pionnier, légende du R'n'B, devait se produire mardi au Paradiso à Amsterdam : mais il est décédé à son arrivée à l'aéroport de la cité batave, dans des circonstances qui n'ont pas été pour l'heure détaillées. Selon les premières informations, il semblerait qu'il ait été victime d'un arrêt cardiaque à bord de l'appareil en provenance de Los Angeles, et que les tentatives de réanimation soient demeurées vaines.
La tristesse est immense, à l'annonce de cette funeste nouvelle. Né le 21 mars 1940 à Philadelphie, Solomon Burke fut tout d'abord un fantastique prédicateur, qui rencontra Martin Luther King à plusieurs reprises, avant de faire les beaux jours du légendaire label Atlantic records dans les années 1960 : "Le meilleur chanteur soul de tous les temps est Solomon Burke", avait affirmé Jerry Wrexler, célèbre producteur d'Atlantic Records, label qu'il quitta en 1969. Au cours de cette période, il signa des succès majeurs, tels que Just Out Of Reach (Of My Two Open Arms) et Cry to me, un tube des sixties qui connut un second essor avec sa récupération pour le monument des années 1980 Dirty Dancing (une scène brûlante à revoir ici). C'est également à cette époque (en 1964) qu'il créa Everybody needs somebody to love, qui contient toutes ses influences (gospel, soul, rock and roll...), chanson reprise quasi instantanément par les Rolling Stones, puis en 1980 pour le film les Blues Brothers.
Big Soul, comme on le surnomma, fut intronisé au Rock and Roll hall of Fame en 2001, un an avant de publier l'excellent album Don't give up on me dont les chansons avaient été écrites pour lui par des pointures telles que Bob Dylan, Van Morrison, Elvis Costello, Tom Waits... L'album sera récompensé en 2003 par un Grammy Award.
On rappellera également qu'il fut directeur d'une entreprise de pompes funèbres, domaine dans lequel il avait été formé très tôt, et entretint avec sa famille des rapports très cordiaux avec l'église catholique et le Vatican, où il s'est produit à plusieurs reprises - pour Jean-Paul II et Benoît XVI.
Outre ses nombreux fans et débiteurs, Solomon Burke manquera à une abondante famille : ses 21 enfants, 90 petits-enfants et 19 arrière-petits-enfants.
G.J.