Tout comme Benoît Poelvoorde et François Damiens avant lui, Stéphane De Groodt est l'un des Belges qui ont su charmer les Français, et ces derniers ne peuvent aujourd'hui plus se passer de lui. Jongleur de mots aussi habile que lunaire, Stéphane De Groodt est l'une des stars du Supplément de Maïtena Biraben et plus largement de Canal+. Alors qu'il a décidé de quitter cette place pourtant fort confortable pour s'envoler vers le septième art, le journal Les Inrockuptibles lui accorde sa prestigieuse couverture. L'occasion d'en découvrir un peu plus sur ce séduisant OVNI.
"J'étais assez gros, je me sentais humilié"
250 000. C'est le nombre d'exemplaires vendus de son Voyage en absurdie, recueil de ses célèbres chroniques. De quoi faire oublier à Stéphane son enfance plutôt difficile, celle d'un petit garçon pas bien dans sa peau à cause de ses kilos en trop. "J'étais assez gros donc je ne me sentais pas très bien dans mon corps, raconte l'humoriste. J'allais chez Weight Watchers voir des grosses dames qui me huaient ou m'applaudissaient selon que j'avais pris ou perdu 100 grammes. Ça marque. Je me sentais humilié, je n'étais pas très bien." Ce petit garçon a alors choisi l'humour pour séduire : "L'humour c'était ma façon de séduire les gens. Même si parfois, je me disais qu'il fallait être sérieux pour les convaincre. J'avais l'impression d'être 'à deux' dans ma tête..." Gentil schizophrène, il a toujours eu cette capacité à mettre les mots dans le désordre. "C'est presque une maladie, reconnaît De Groodt. Je ne parviens pas à mettre les mots dans le bon ordre car ma manière de penser n'appartient à aucune règle. Je suis un autodidacte. Je fais tout avec instinct."
Sa scolarité est également en désordre. En cours, il préfère regarder le prof comme un spectacle plutôt que de prendre des notes. "J'ai enchaîné les boîtes à bac. Je me faisais virer à chaque fois", déclare-t-il.
"Les mecs pensaient que je snifais"
En parallèle des cours, il va alors cuisiner des pâtes pour le restaurant d'un ami. Rapidement, ses raviolis rencontrent un franc succès et Stéphane De Groodt se retrouve à cuisiner pour pas moins de quinze restaurants à Bruxelles. "J'arrivais à midi en cours dans ma boîte à bac parce que je devais livrer mes pâtes. J'arrivais tout blanc en fin de matinée, plein de farine, les mecs pensaient que je snifais", plaisante Stéphane.
Il ne rêve pourtant pas de devenir le Thierry Marx belge mais se rêve pilote automobile depuis l'enfance. Il ne boit pas et ne sort pas trop non plus pour ne pas voir sa carrière de pilote ruinée. Il devient finalement pilote de course professionnel en Formule Renault, en Formule 3000. Il raconte : "Quand j'ai commencé à gagner des courses, je me suis senti plus à ma place, plus légitime." Puis, il a fini par comprendre que pour lui, "la comédie pouvait être une réalité".
"Je ne voulais pas me lasser"
Alors qu'il était au sommet de la gloire avec sa chronique dans Le Supplément, Stéphane De Groodt décide de quitter ce poste qui l'a pourtant mis en lumière. Il explique sa décision : "Si j'ai décidé de partir, c'est d'abord que je ne voulais pas me lasser. Quand on n'a plus envie, ça se voit, je pense. Or je suis obsédé par cette chronique, ça ne se voit peut-être pas, mais je veux qu'elle soit réussie à chaque fois."
Après des rôles dans Astérix et Obélix aux Jeux olympiques, ou encore dans Barbecue, le talentueux génie des mots a des rêves de cinéma. Celui qui nous éblouissait une nouvelle fois lors de la cérémonie des César pourrait-il également faire ses premiers pas sur scène ? Il répond qu'il verra par la suite, pour l'instant, il ne se sent pas prêt. Il va en revanche réaliser son premier long métrage, produit par Dany Boon. Cinéma, scène, livre ou petit écran, où que ce soit, ce philosophe de l'absurde n'a pas fini de faire parler de lui...
En attendant, pour célébrer son génie, Canal+ proposera un prime consacré à Stéphane De Groodt, De Groodt, une fois, présenté par Maïtena Biraben, mardi 24 juin 2014 à 20H55.
Chloé Breen
Interview à retrouver en intégralité dans Les Inrockuptibles.