Le 23 juin, Stéphane Guillon et Didier Porte se faisaient remercier de l'antenne de France Inter. C'est Jean-Luc Hees, président de Radio France, qui a pris cette décision et l'assume pleinement. Pour Didier Porte, c'est un coup de bambou. Guillon, lui, semble moins surpris et dénonce une décision politique prévisible.
Contre la refonte de la grille de la station, les départs, les renvois et la suppression d'émissions, l'intersyndicale de Radio France appelait les auditeurs à se rassembler hier devant le siège parisien. Porte et Guillon étaient présents en symbole des dysfonctionnements, de cette radio publique, qu'ils dénoncent.
En prenant la voix de Nicolas Sarkozy, Guillon a déclaré devant les manifestants : "Hees est un ami. Philippe Val (directeur de France Inter, ndr) aide Carlita à écrire son nouvel album, il n'y a pas de collusion." Il a ajouté : "En 2012, rendez-vous ici. Val et Hees repartiront avec des plumes et du goudron et nous, nous pourrons écouter la différence."
De nombreux manifestants brandissaient des pancartes détournant le logo de Radio France disant "Radio Elysée, la déférence." Des politiques étaient aussi présents comme le député européen de gauche, Jean-Luc Mélenchon. Muriel Cousin, compagne de Stéphane Guillon, était aussi du rassemblement comme les impertinents François Rollin et Christophe Alévêque. Selon les syndicats ce sont 2 000 manifestants qui étaient présents... ce qui n'est pas beaucoup quand même.
Dans LePoint.fr, Emmanuel Berretta rappelle (certains auditeurs sont assez pointilleux avec cette radio qu'ils considérent comme la leur) que ce n'est pas la première fois qu'une décision de la direction met en colère les syndicats. Autant pour la suppression de La bande à Bonnaud en 2007 - une journée de grève avait été déclenchée pour exiger la réintégration de Bonnaud - que lorsque Jean-Paul Cluzel s'attira l'ire des auditeurs de Daniel Mermet quand son émission fut déplacée de 17 à 15 h. Berretta explique "Radio France reçut alors une pétition signée par 200 000 personnes. En vain, Cluzel se montra inflexible". Le journaliste donne une précision qu'il est honnête de ne pas passer sous silence : "On oublie un peu vite que Val a été placé sous protection judiciaire durant de longs mois pour avoir défendu la liberté des caricaturistes dans l'affaire des dessins de Mahommet". Si Val se défend d'avoir censuré qui que ce soit à France Inter, reconnaissons que Guillon surtout, "n'y a pas été avec le dos de la cueillère", et qu'il a été crescendo dans la provocation.
Dans d'autres villes de France - comme Toulouse, Lille et Strasbourg - des auditeurs se sont regroupés pour faire part de leur mécontentement.