Mercredi 18 novembre 2020, après son passage matinal sur France Inter, Sylvain Tesson sera sur le plateau de La Grande librairie, à partir de 20h50 sur France 5. L'écrivain et aventurier fera la promotion de son nouveau livre L'énergie vagabonde (Robert Laffont). L'occasion pour nous de revenir sur l'accident qui a changé sa vie à jamais.
Sylvain Tesson est un homme du mouvement. Ne pas bouger, c'est se laisser mourir. Il a donc marché 5000 kilomètres à pied à travers l'Himalaya avec son ancien comparse Alexandre Poussin (La Marche dans le ciel), traversé 31 pays en roulant 25 000 kilomètres avec moins de 1 000 euros en poche (On a roulé sur le Terre). Il a également suivi l'itinéraire raconté par Sławomir Rawicz, évadé d'un goulag sibérien, afin de mettre fin à la controverse sur la véracité du récit. Un voyage qui l'a emmené jusqu'en Inde, sans moyen de locomotion mécanique (L'axe du loup). Puis les marches folles et les traversées dangereuses ont pris fin brutalement en 2014.
Nous sommes en juin de cette année, Sylvain Tesson a 42 ans, il a perdu sa mère Marie-Claude Tesson-Millet quelques semaines plus tôt et une dépêche AFP tombe : il est dans le coma, entre la vie et la mort. Il a chuté de dix mètres alors qu'il escaladait la façade d'une maison à Chamonix. Un drame qui s'est déroulé après une soirée très arrosée, organisée pour la remise du manuscrit de son livre, Berezina. Sont présents ses amis de toujours avec qui il aime tant gravir les sommets : l'auteur Jean-Christophe Rufin, la chute a d'ailleurs lieu dans son chalet, le grimpeur Daniel Du Lac et l'éditeur Ludovic Escande. "Cette chute de dix mètres de haut m'avait fait vieillir de cinquante ans", a-t-il déclaré à Libération une fois revenu à la vie.
Son corps si sportif a en effet été sacrément amoché. Il porte d'ailleurs encore les séquelles de cette tragique nuit. "Les vertèbres et le crâne en miettes", l'écrivain est sourd d'une oreille, il a perdu le goût et un côté de son visage est paralysé. Il réapparaît avec son corps meurtri pour la première fois face aux caméras chez Laurent Ruquier , dans On n'est pas couché en février 2015. Son bandeau sur les yeux intrigue, il parle avec difficulté parfois mais il a tout son esprit. "J'ai une très sale gueule et cela me coûte d'être devant un objectif (...) J'ai une gueule cubique, je peux aller draguer au musée Picasso !", a-t-il déclaré la même année à Causette.
Sa rééducation il l'a faite seul, en grimpant presque tous les jours les 422 marches de Notre-Dame de Paris, s'amusant au passage à comparer son visage à celui des gargouilles qui dominent la façade de la cathédrale gothique. Il avait juré que s'il s'en sortait il voyagerait cette fois en France, il est allé Sur les chemins noirs. Ce nouveau récit de voyage est encore un énorme succès. Puis allant de mieux en mieux, la frénésie du mouvement a repris. Il est retourné dans l'Himalaya pour observer la panthère des neiges. En side-car, il a roulé en plein hiver sur un lac gelé en Mongolie, il est allé au Tadjikistan afin de revenir sur les traces de l'URSS, entre le Pic Lénine et le Pic Marx. Il a aussi pris la mer pour effectuer l'itinéraire supposé de L'odyssée d'Homère. La boucle est bouclée presque comme si le drame n'avait pas existé.
Avec L'énergie vagabonde, Sylvain Tesson revient sur sa vie faite d'aventures et de voyages. "En voyage, je vis, je respire, je cherche l'aventure. Je rencontre des êtres qui savent tenir une conversation, je croise quelques ennuis, je cueille une vision, je pousse une porte, je me sors d'un pas désagréable. Je traverse une forêt, je parle à un homme que je ne connais pas et lui confie davantage de choses que s'il était mon frère, parce que je suis sûr de ne pas le revoir", déclare-t-il. Et quelque chose nous dit que les voyages sont loin d'être terminés pour lui.