Si la dynastie Wildenstein fait et fera l'actualité des chroniques judiciaires en 2012, la dynastie des chevaux Wildenstein, elle, créait l'événement ces dernières heures à Deauville, star des traditionnelles ventes de chevaux de la cité normande.
Le scandale de la succession du collectionneur d'art Daniel Wildenstein, né de la plainte de feue Sylvia Roth-Wildenstein (action en justice qui se poursuit après la mort de son auteure), s'est récemment étoffé, avec la révélation par Liouba Wildenstein, document à l'appui, d'un pacte secret scellé avec son beau-frère Guy Wildenstein, qui pourrait valoir à ce dernier une seconde mise en examen.
Dans la tempête, marquée par la découverte et la saisie de dizaines d'oeuvres d'art déclarées disparues ou volées, et qui a donné lieu en début d'année à un reportage aux allures d'inventaire diffusé sur France 3 (L'Incroyable trésor caché des Wildenstein), la situation des chevaux dont était propriétaire Sylvia Wildenstein était un cas à part. Dix d'entre eux, majoritairement des poulinières et des poulains, ont animé les ventes de chevaux annuelles de Deauville. Saisis suite au décès de Sylvia Wildenstein en novembre 2010, ils ont été vendus pour un total de 413 500 euros, soit 37 591 euros chacun en moyenne. Star de cette vacation en supplément au catalogue de la vente qui débutait lundi à 10h30, la jument Nickelle a réalisé le top price, acquise par la société YES (Your Equine Solution) pour 85 000 euros. Nickelle, comme les autres produits de l'élevage Sylvia Wildenstein proposés à la vente lundi, est issue de la souche "N" provenant de la jument Newness, elle-même engendrée par la fameuse Néoménie, poulinière de renom que Sylvia Wildenstein avait reçue en cadeau de la part de son mari Daniel et dont la descendance s'est illustrée en course, notamment sous la houlette de Jean-Paul Gallorini.
En amont de la vente, Roland Monnier, directeur du haras du Victot et propriétaire de Newness, cadeau qui lui a été "fait dans un élan de bonté", avait exprimé son émotion de voir une souche si exceptionnelle passer en vente publique pour la première fois : "Ce sont des animaux d'une souche exceptionnelle car la mère Newness, qui aujourd'hui a 24 ans, a donné naissance à des champions comme Nickname que j'ai fait naître. (...) A part l'entraîneur Jean-Paul Gallorini, personne ne possède des chevaux ayant ce prestigieux sang d'obstacle et de plat car Sylvia ne les vendait pas, et c'est la première fois que cette souche passe en vente publique." Jean-Paul Gallorini est en effet propriétaire depuis septembre 2011, au terme d'une longue procédure juridique, de six pur-sang de Sylvia Wildenstein (No Risk at All, Napoleony, Nom de D'la, Nova Cristina, Next Best et Nid d'Amour). Après le décès de la veuve de Daniel Wildenstein en novembre 2010, il s'était vu contraint de conserver les six chevaux de la défunte, d'assumer leurs soins et de leur entraînement sans percevoir de pension et sans être autorisé à les présenter en course. Une situation délicate qui mettait l'écurie de l'entraîneur vedette en grand danger financier, comme il ne manquait pas de le clamer. En septembre, devant le tribunal de grande instance de Paris, un compromis était trouvé : Jean-Paul Gallorini obtenait la propriété des six chevaux de la succession de Sylvia Wildenstein en échange de sa renonciation aux 300 000 euros de créance qu'il aurait dû percevoir.
Lundi, à Deauville, plus de 200 chevaux ont trouvé preneur pour un total dépassant 1,7 million d'euros (soit un prix moyen unitaire avoisinant les 8 000 euros).