Réactualisation du 6 juillet 2011 : C'est une exclusivité de l'AFP : Guy Wildenstein, représentant UMP à Washington au sein de l'Assemblée des Français de l'étranger (AEF) a été mis en examen ce mercredi pour "recel d'abus de confiance" dans le cadre de la succession de son père, le richissime marchand d'arts, Daniel Wildenstein. C'est son avocat, Me Hervé Temime qui a annoncé cette mise en examen à l'AFP. Pour le moment, cette mise en examen ne concerne que la plainte de la veuve de Daniel Wildenstein, Sylvia Roth, décédée en novembre dernier. Rappelons que Liouba Stoupakova, veuve d'Alec, premier fils de Daniel, décédé en 2008, veut aussi faire valoir ses droits et a déposé une plainte contre X pour "abus de confiance"... Guy Wildenstein reste innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'au jugement définitif de cette affaire et de celle qui pourrait survenir.
Le 16 février, nous écrivions :
Cela fait maintenant neuf ans que le richissime marchand d'arts Daniel Wildenstein nous a quittés. Le 23 octobre 2001 plus exactement. Et pourtant, aujourd'hui encore, sa succession fait l'objet d'une véritable polémique familiale. Alors que la terrible bataille judiciaire engagée avant sa mort par Sylvia Roth-Wildenstein, la veuve du fameux marchand d'art décédée le 13 novembre dernier à l'âge de 77 ans des suite d'un cancer, continue de se poursuivre, voilà qu'une autre "femme de" fait son entrée sur le devant de la scène...
La mort de Sylvia n'aura pas mis fin à cette guerre d'héritage acharnée. Bien au contraire. Aujourd'hui, c'est au tour de Liouba Stoupakova, veuve d'Alec, premier fils de Daniel, décédé en 2008, de faire valoir ses droits. Ancien mannequin russe de 37 ans, Liouba, comme l'annonce le site Parismatch.com, vient de déposer une plainte contre X pour "abus de confiance", avec constitution de partie civile. Déposée en décembre, cette plainte était jusqu'ici restée confidentielle... Ce n'est qu'au mois de février que cette nouvelle plainte intègre donc l'information judiciaire menée par le juge Guillaume Daieff, du pôle financier de Paris. Le mois prochain, la veuve Liouba devrait dévoiler de nombreux secrets qu'elle détient sur l'argent des Wildenstein à l'occasion de sa convocation dans le bureau du juge Daieff. S'il a été, et ce depuis la mort de Daniel, estimé à 43 millions d'euros, le patrimoine des Wildenstein pourrait en fait atteindre des milliards et se composer de milliers de toiles de maîtres.
Il y a trois ans, la jeune épouse Liouba pense alors n'hériter que de dettes fiscales de plusieurs millions d'euros à la mort de son époux Alec. Pourtant, ce dernier n'était pas à plaindre et menait grand train. Pendant deux ans, Liouba tente alors en vain des négociations pour trouver un arrangement à l'amiable avec le clan Wildenstein, dont Guy Wildenstein, frère cadet d'Alec et seul fils encore vivant de Daniel, est désormais le chef. Des négociations durant lesquelles Liouba restera très discrète voulant ainsi observer la manière dont la famille la traitait. Aujourd'hui, l'avocat de cette dernière, Jérôme Casey, assure que sa cliente souhaite faire valoir ses droits dans la dignité. Mais cette entrée en scène n'est pas sans risque... En effet, Liouba Stoupakova affirme avoir reçu, en novembre 2009, des appels anonymes et des SMS d'Angleterre la prévenant qu'un contrat avait été passé sur sa tête. Elle a alors porté plainte pour "menaces et tentative d'assassinat".
Pour obtenir gain de cause, la veuve s'appuie sur une donation que son défunt mari Alec lui aurait faite durant leur union. Une donation qui lui ouvrirait un quart de la succession d'Alec en pleine propriété et pas moins des trois quarts en usufruit. D'après la loi, Alec aurait été en droit de recevoir un tiers de la fortune de son père, Daniel Wildenstein. Une fortune qui soulève une nouvelle fois la fameuse question des trusts. Une flopée de trusts logés dans des paradis fiscaux qui cacheraient l'essentiel de la fortune de Daniel Wildenstein, dont l'existence a été mise à jour au terme de plusieurs années de procédure par la compétente, bouillante et acharnée avocate de Sylvia Roth, Claude Dumont Beghi.
Aujourd'hui, le site de Parismatch.com dévoile un document rédigé - cliquez ici pour le découvrir - par l'un des avocats des Wildenstein qui prouve que l'un des trusts, le Delta Trust, qui est suspecté d'abriter entre autres des chefs-d'oeuvre de Picasso, Bonnard ou encore de Fragonard, appartient bien aux Wildenstein...
La pression s'intensifie sur les héritiers Wildenstein puisque même le fisc français s'intéresserait désormais à ces montages financiers. Rappelons qu'outre la salve de plaintes déposées par feue Sylvia Roth-Wildenstein et désormais celle de Liouba, les fils de Daniel font également l'objet d'investigations pour des présomptions de "recel". Les 11 et 12 janvier, les policiers de l'Office central pour la lutte contre le trafic de biens culturels (OCBC) ont procédé à la saisie à l'institut Wildenstein sous l'autorité du juge André Dando, d'une trentaine d'oeuvres d'art "disparues ou volées", dans le cadre d'une enquête parallèle au scandale politico-financier amené sur la place publique par Sylvia Roth-Wildenstein.
Quant à Guy Wildenstein, le nouveau chef de famille, il s'est retrouvé ciblé par une nouvelle enquête révélant un scandale politico-financier nébuleux où apparaissaient - simultanément à leur implication dans l'affaire Bettencourt - les noms d'Eric Woerth et Nicolas Sarkozy. Guy Wildenstein est en effet un représentant (UMP) de la circonscription de Washington au sein de l'Assemblée des Français de l'étranger, gros donateur du parti (membre du Premier cercle qui fut animé par l'ancien ministre du Budget), et proche de Woerth et de Sarkozy, qui le décora de la Légion d'honneur en 2009.
Avec l'arrivée de Liouba sur le devant de la scène, cette affaire de succession et de gros sous est bien loin d'avoir dit son dernier mot...
Réactualisation de 14h50 : Toutes nos excuses à nos confrères du site lepoint.fr qui avait sorti cette histoire depuis hier, 15 février à 21h17, nous n'avions pas vu leur papier. Les 3 journalistes du magazine expliquent que Liouba Wildenstein a confié aux enquêteurs "Depuis le début, le fils d'Alec fait pression sur moi avec son oncle Guy pour que je renonce à la succession de mon mari, ou que j'hérite le moins possible (...) je suis aujourd'hui en grande difficulté financière car je ne reçois aucun revenu des trusts de la famille Wildenstein". La jeune femme affirme cependant "être bénéficiaire de deux trusts Louve Trust à Guernesey et d'un second Drawdale Trust aux Ïles Vierges". Ce qui fait avec Delta Trust, trois trusts identifiés... Une réunion "familiale" ( avec gilets pare-balles ?) doit avoir lieu chez le notaire des Wildenstein, Maître Oury, en vue d'un accord transactionnel. Ce qui est rigolo, c'est que ce même notaire a été perquisitionné en décembre dernier par le fisc... L'affaire Bettencourt à coté de celle-ci, commence à ressembler, à un conte de Noël.
Enfin, concernant les menaces reçues par téléphone en novembre 2009 pour lesquelles Lioubia Wildenstein avait porté plainte contre X pour "Menaces et tentative d'assassinat", on apprend que si dans un premier temps la dîte plainte avait été classée sans suite, un complément d'information a été transmis au parquet, il y a peu. Lioubia a réussi à identifier la provenance des fameux SMS menaçants. Ils ont été envoyés d'un portable faisant partie d'une flotille de téléphones appartenant à l'agence d'intelligence économique Kroll... agence à laquelle ont recours les plus fortunés !
Chloé Breen