Pour une année olympique cruciale, avec très officiellement de l'or dans la mire, 2012 commence plutôt à la manière d'une annus horribilis pour Teddy Tamgho. Seul l'opportun "dosage" de la sanction qui lui a été infligée pour des faits de violence sur une jeune athlète niçoise, à savoir un an de suspension dont six mois avec sursis (ayant pris effet en novembre), a de quoi lui donner la rage de vaincre, puisque la suspension en question s'achèvera à temps (le 18 mai 2012) pour qu'il participe comme prévu aux olympiades londoniennes.
Lâché par son principal sponsor
Mais le feuilleton n'est pas clos. Et la communication du champion du monde et d'Europe de triple saut en salle n'est pas faite pour l'envoyer aux oubliettes. Condamné le 20 décembre 2011 par la Fédération française d'athlétisme pour une grosse altercation avec une athlète et des membres de l'encadrement technique, Teddy Tamgho, 22 ans, fait toujours l'objet de trois plaintes pour coups et blessures. Un épisode fâcheux dont il s'obstine à minimiser la violence, survenu le 16 octobre au CREPS de Boulouris, qui a vraisemblablement motivé la décision de la marque Asics de rompre le contrat de sponsoring qui les liait. L'équipementier japonais a indiqué dans un communiqué : "Après avoir considéré attentivement les circonstances actuelles, Asics a le regret d'annoncer la rupture du contrat de sponsoring qui lie la marque au triple sauteur français Teddy Tamgho (...). Détecté très tôt par la marque, qui a toujours soutenu les athlètes talentueux, Teddy Tamgho était sous contrat avec Asics France depuis 2007. Cette résiliation entraîne un arrêt immédiat du partenariat entre l'athlète et la société." Pas une mince décision, et même plutôt un cinglant déasaveu, à la l'orée d'une année de Jeux olympiques d'été...
Et s'il a "exprimé ses regrets et reconnu le verdict", qui s'assortissait d'une amende et de travaux d'intérêt général, Teddy Tamgho ne choisit pourtant pas de faire profil bas. Rapidement, il publiait une réponse rappée par le biais d'un clip vidéofustigeant, assez pathétiquement, l'attitude des médias dans cette affaire.
Sa passion pour le rap, justement, c'était censé être le sujet de son interview dans les locaux de la webradio Générations FM, hier, jeudi 12 janvier. Mais la conversation a dérivé, comme l'a constaté L'Equipe, et Tamgho a nié avoir porté le moindre coup, étayant son plaidoyer d'arguments parfois aussi lumineux que : "Si j'avais vraiment fait ça, qu'est-ce qu'elle fait encore en vie ?" De violences à meurtre, il y a quand même de la marge, Teddy... Mieux vaut se taire que de vouloir se faire son propre avocat, surtout après avoir pris six mois ferme, une sentence vraisemblablement pas infligée à la légère par la Fédération.
Un suivi psychologique de "longue haleine"
Et le jeune sauteur de réitérer sa version d'une simple "altercation" : "Il y a eu un petit accrochage sur une histoire personnelle. Elle était partie dans un délire comme quoi je l'avais demandée en mariage, que je lui avais demandé de vivre avec moi. Et ça dure depuis deux, trois ans maintenant. Au bout d'un moment, il fallait discuter. J'étais venu pour arranger l'histoire à l'amiable. On va dire qu'elle a eu un peu honte devant ceux à qui elle a raconté cette histoire et elle s'est irritée. Je dis que c'est un accrochage parce qu'aucun coup n'a été donné. Dire que j'ai frappé, c'est exagéré", a-t-il voulu expliquer, précisant que les choses s'étaient envenimées lorsqu'un entraîneur de la jeune femme s'en était mêlé.
Un babillage plutôt malvenu alors que le président de la Fédération, Bernard Amsalem, avait quelques heures plus tôt évoqué un accompagnement psychologique concernant l'athlète : "Nous l'accompagnons. C'est un travail de longue haleine, alors donnez-nous du temps. Nous faisons des choses avec lui, je ne vais pas m'étendre là-dessus, mais il est du devoir de la Fédération de suivre ses athlètes. Teddy est accompagné, mais la solution est plus de son côté." Et, sans doute soucieux de préserver l'attractivité des athlètes après les épisodes Baala-Mekhissi et Tamgho, Bernard Amsalem affiche une confiance surgonflée : "Vu sa personnalité, les équipementiers vont se précipiter."
Mais visiblement, l'heure n'est pas encore à la ruée vers l'or, d'après ce que l'édition papier de L'Equipe a pu vérifier auprès des intéressés. Même si on admet, chez Adidas, que "si la FFA le demande, nous lui fournirons évidemment un équipement, il ne va quand même pas sauter pieds nus".